Chouette ! Un nouveau Pelecanos ! Depuis que j’ai lu Les jardins de la mort, je suis accro ! Je ne m’y connais pas assez pour juger ce roman par rapport à tout ce qu’il a écrit, alors voici donc simplement l’avis d’un lecteur ignare dans le domaine Pelecanien.
Washington, printemps 72. Ivres et drogués, trois jeunes Blancs, Billy Cachoris, Peter Whitten et Alex Pappas, vont provoquer des Noirs dans leur quartier, en leur jetant une tarte aux fraises. L’affaire tourne mal lorsqu’ils font face aux frères Monroe et à Charles Baker. Peter s’enfuit, mais Billy est tué et Alex y perd presque un œil. James Monroe sera condamné à dix ans de prison.
Trente-cinq ans plus tard, Alex gère le restaurant hérité de son père. Son fils cadet est mort en Irak et son aîné étudie la restauration. De son côté, Raymond Monroe, qui est inquiet pour son fils, soldat en Afghanistan, travaille à l’hôpital Walter Reed où l’on soigne les blessés de guerre. Alex et Raymond se retrouvent. Charles Baker, lui, a passé l’essentiel de sa vie en prison. Pour lui, l’événement de 1972 l’a entrainé dans la voie de la délinquance et il va falloir que Alex et Peter paient d’une façon ou une autre.
Parlons du plaisir ! Le plaisir de rencontrer des personnages vrais, que l’on a l’impression de connaître depuis longtemps, alors que cela ne fait que quelques pages qu’on les côtoie. Le plaisir d’être plongé dans une époque pas si lointaine que cela, mais qui est si décalée. Le plaisir de voir Washington, comme si on y était, sans pour autant avoir des dizaines de lignes de descriptions. Le plaisir d’une bande-son musicale qui aide à nous imprégner de cette ambiance. Le plaisir de dévorer les phrases les unes après les autres sans jamais avoir l’impression de sentir l’auteur travailler derrière.
Alors, je suis époustouflé, abasourdi par la maîtrise de l’intrigue, par le contrôle des personnages, par les détails parsemés ici ou là pour subtilement faire avancer l’histoire. Le parallèle années 1970 – années 2000 est saisissant, les dialogues formidables.
Et derrière toutes ces qualités, outre la cohabitation Noirs/Blancs, c’est le sujet du coupable / victime, du pardon opposé à la vengeance. Le sujet est superbement traité pour ne pas prendre position, rester factuel et laisser le lecteur se faire sa propre opinion. Et c’est bigrement agréable pour nous. Le livre est partagé en deux parties, une en 1972, une en 2007 et entre les deux parties, les agresseurs deviennent les agressés et inversement. Quand on se rappelle que tout est parti d’une bêtise, cela montre bien la poudrière sur laquelle nous sommes tous assis.
Je regrette juste la fin, qui m’a paru un peu tirée par les cheveux. Je trouve que cela fait presque trop moralisateur, après tout ce qu’il nous a décrit. Je n’en dis pas plus, pour ne poas la dévoiler, et cela ne gâche pas le plaisir de ce roman. Ce roman est un excellent roman, une formidable histoire avec de fantastiques personnages. C’est d’ailleurs majoritairement l’avis que vous pouvez lire chez mes copains blogueurs.