Les cœurs déchiquetés de Hervé LE CORRE (Rivages Thriller)

Après avoir lu les avis chez mes collègues blogueurs, je l’avais mis dans ma liste de livres à dévorer. Le fait qu’il soit retenu dans la sélection automnale de Polar SNCF m’a motivé pour le lire dès à présent.

Pierre Vilar est commandant de police à Bordeaux. Victor est un garçon de 10 ans dont la mère a été assassinée. Les deux personnages principaux ont vécu un drame dont ils ne se remettent pas, dont ils ne se remettront jamais : Vilar a perdu son fils, Pablo, enlevé à la sortie de l’école depuis plus de cinq ans et Victor a découvert sa mère, gisant dans un bain de sang dans sa chambre. Vilar va enquêter sur le meurtre de la mère de Victor, qui lui va être placé dans une famille d’accueil. Les deux affaires vont se rejoindre bien vite au travers d’un tueur qui joue avec la vie de Vilar et Victor.

Sur la quatrième de couverture, il y est fait mention d’une atmosphère à la Robin Cook. Eh bien, on n’en est pas loin. L’ambiance est noire, opaque, sale. Le sujet est glauque. Et les personnages déprimés au possible. Ici, on est dans le Noir, le vrai, le pur. Et dans la nuit ambiante, pas une petite lueur. L’ambiance est aux pleurs, aux cicatrices qui ne se referment pas, aux regrets d’être arrivé trop tard, d’avoir manqué un moment important, aux conséquences mortelles.

Les deux personnages ont une force en commun. Malgré les moments de découragement, ils redressent toujours la tête. Ils sont blessés par les événements de leur vie, mais refusent de se laisser abattre un peu plus. S’ils sont tous les deux passionnants d’un point de vue psychologique, j’ai trouvé personnellement que Vilar était plus intéressant à suivre, et que l’histoire de Victor était par moments accessoire par rapport au déroulement général du roman. Le fait qu’un chapitre leur soit comparé à tour de rôle est classique et j’avais hâte de passer certains chapitres de Victor. D’ailleurs, je n’ai pas trouvé de logique ou de relation entre les chapitres Vilar et les chapitres Victor. Serais-je passé à coté de quelque chose ?

L’écriture est vraiment agréable, regorgeant de descriptions, d’adjectifs. On est dans un style très détaillé, faisant part égale entre description des lieux ou de l’environnement et les états d’ame des personnages. J’ai regretté qu’il n’y ait pas de personnages secondaires plus marquants, car Hervé Le Corre met en avant ses deux protagonistes. Par contre, on a parfois droit à des passages d’une noirceur comme j’en ai rarement lu récemment. En cela, on se rapproche de Robin Cook. Et parfois, on a droit à des phrases interminables, faisant dix lignes (je n’exagère pas) qui nous laissent à bout de souffle mais qui ralentissent le rythme, le rendant poisseux. Je dirai que l’on oscille entre le brillant et le le lassant (mais très peu, je vous rassure).

Mais c’est le sujet qui me restera en mémoire, c’est toute cette violence dirigée contre des petits êtres innocents. Et tous les gens qui gravitent autour, pour qui c’est normal. C’est la révolte de Vilar contre le système, qui se débat avec les armes qu’il a, quitte à faire bande à part, en solitaire, comme un loup à la recherche de son louveteau. Et ce qui m’a choqué, c’est l’indifférence générale, la normalité devant des actes atroces que Hervé Le Corre dénonce. Tout le monde s’en fout des cœurs déchiquetés. La société qu’il nous peint est bien moche, son trait est sans concession, et il laisse passer de bien désagréables frissons dans le dos.

Si je dois encore en rajouter pour vous donner envie de lire ce livre, allez chez un libraire et lisez les six premières pages qui constituent le prologue. Elles sont noires à souhait et donnent le ton du roman.

D’innombrables avis sont disponibles sur internet dont ceux de mes collègues  Jean marc , Hannibal , et Jean Claude .

13 réflexions sur « Les cœurs déchiquetés de Hervé LE CORRE (Rivages Thriller) »

    1. rentrée très animée: jeudi : 2 sprints pour rattraper un ptichoune qui voulait retourner voir maman..
      Hier : je me suis fait tirer les cheveux ( je les ai courts alors c’était par poignées), arracher les lunettes, et vomir dessus!!!!!!!!!!!!!!!!vive la maternelle!! 🙂 🙂 🙂

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  1. Bonjour Pierre,
    C’est vraiment noir, c’est vrai, glauque de chez glauque, dans la « bouillasse » le long des rives de la Garonne, si bien décrites par l’auteur. Bein oui je connais les endroits cités. Entre Blaye et Bordeaux, c’est des terrains connus. Pour ta question concernant Victor, je te répondrais, l’amour inconditionnel pour sa maman, et cette urne qui est un personnage récurrent à lui tout seul, en symbiose avec Victor. Il a sa place dans le livre parce qu’il fait partie de ces coeurs déchiquetés, de ce à quoi il a assisté et qu’il ne comprend qu’à moitié. La famille d’accueil est bien décrite, des moments où j’ai eu le temps de reprendre mon souffle. Dans ces mots, l’auteur est rempli de poésies, phrases littéraires et si belles. Même le dernier petit paragraphe est d’une beauté déchirante où il laisse au lecteur le choix de cette fin. C’est du moins ce que j’ai ressenti. Avec Victor, c’est la nature, la contemplation, l’introspection comme avec Vilar à certains moments. Sauf où les deux se rejoignent dans les symptômes de détresse, et qui prennent à la gorge, et nous étouffent par l’écriture extraordinaire de Le Corre. C’est du moins mon ressenti.
    Je me suis beaucoup posé de questions quant à ces deux êtres et ce qui pouvaient les rapprocher. La même rage qui va apparaître à la fin du livre de survie, sans pour autant faire justice. Et aussi de retomber dans une forme de cyclotomie des sentiments.
    Bonne fin de semaine Pierre….

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      1. Je le lirais bien. Je viens d’aller voir la couverture…. Je suis dans un Michel Bussi pour le moment, assez étrange, Et j’en ai d’autres en attente. Je vais l’acheter tient. 😉 Il y a prendre les loups pour des chiens aussi.

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  2. Je viens de terminer de cet auteur : du sable dans la bouche. Cela me rappelle des souvenirs lorsqu’il décrit les endroits que je connais si bien dans Bordeaux. Nous sommes en 2000 avant l’€.
    Quant au livre, un autre scénario entre les anciennes revendications Basques, explosions, au passage un tueur en série que l’auteur glisse dans son histoire avec subtilité. Un récit inéluctable. Le fil se tire noir avec une écriture qui me plait beaucoup. Il a du talent ce Bordelais. J’aimerais savoir où il va chercher ses sources. Les bars j’ignore, c’est pas mon truc, L’armurer A existé, je m’en souviens bien. Il y place un temps glacé sous la neige où les personnes grelottent. Cela fait bien quinze ans que je n’ai eu froid à Bordeaux. Je souris en le lisant. Quant à l’histoire, je la conseille. Il y glisse une forme de nullité dans les conflits telle la guerre civile. Reste dans une noirceur qui ne me dérange pas du tout, c’est le thème du roman et un style qui me plait tout autant. Fort différent des cœurs déchiquetés. Bonne nuit Pierre. Bizz

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