Une histoire d’amour radioactive d’Antoine Chainas (Gallimard Série noire)

Voici donc le nouveau Chainas, auteur français à part dans le paysage littéraire et dont je lis tous les ouvrages depuis le début. C’est donc le cinquième roman après Aime-moi Casanova, Versus, Anaesthesia et Six pieds sous les vivants, et c’est un coup de coeur.

Une affaire secoue la France : Des malades incurables au stade terminal sont retrouvés suicidés. A chaque fois, ils sont atteints d’un mal qui se rapprocherait d’un empoisonnement, ils quittent l’hôpital de leur plein gré et sont retrouvés morts d’une mort volontaire. Et ils ont tous rencontré une jeune femme pendant leur maladie, belle à mourir.

Seuls deux flics Javier et Plancher ne croient pas aux coïncidences. Javier est un vieux de la vieille, Plancher un petit jeune. Ils vont tomber fous amoureux l’un de l’autre. Et quand Plancher tombe à son tour malade, Javier va mener l’enquête pour sauver le souvenir de l’amour de sa vie.

Un autre personnage parcourt cette histoire. Il s’appelle DRH (humour?), travaille dans une multinationale dont le but est de préparer les plans de licenciement pour des entreprises. Lui aussi tombe malade, lui aussi rencontre la jeune femme, artiste, qui se prénomme Veronika. Lui aussi va découvrir la valeur de la vie, de sa vie.

Antoine Chainas démontre une nouvelle fois qu’il est un personnage à part. Sa vision de notre monde, de notre société est d’une noirceur rare.  Cette Histoire d’amour radioactive est moins glauque que ses précédents romans, mais cela reste du noir pur jus, dopé à l’adrénaline. J’ai fait preuve de tant de naiveté quand j’ai attaqué ce livre, j’ai cru qu’il allait écrire un roman d’amour situé dans le milieu policier. Mais Avec Chainas, cela ne peut pas être une histoire d’amour comme les autres. Certes, ils sont homosexuels, mais ils sont aussi adeptes d’expériences que j’appellerais jusqu’au boutistes. En cela, ce roman, comme les précédents n’est pas à mettre entre toutes les mains.

Tout sonne juste dans ce roman : le style est court, précis, concis. Les dialogues formidables, les personnages vivants, l’intrigue menée au cordeau, les chapitres courts pour donner une impression de vitesse, car c’est une course contre la montre, une course contre la mort. Et les sujets de réflexion abondent de la vie de cadres dont le métier est de virer des gens pour atteindre leur objectif à celle plus philosophe de l’amour, de la valeur de la vie, mais aussi du conformisme, de la vie bien rangée que nous avons tous car la société nous formate pour ne pas dévier du bon sens commun.

Et là où Antoine Chainas fait fort, c’est que tout au long du roman, il joue avec le lecteur, écrivant des passages désespérés sur l’amour qui, par sa magie et sa maitrise, ne sont pas mièvres, pas lourds mais simplement beaux. Chainas nous a écrit un livre sur la beauté de la vie dans un monde qui court à sa perte. C’est aussi un livre sur la perte, sur la douleur, sur l’art, sur l’homosexualité, sur … Chacun y trouveras son compte, même si beaucoup de sujets sont effleurés pour mieux laisser le lecteur dans ses pensées.

C’est un livre que j’ai dévoré, parce que j’adore Chainas, parce que j’adore le noir, parce que j’adore le style. Comme tous ses romans, je n’arrive pas à le comparer à quelqu’un et c’est tant mieux. Mais il faut être prêt à voyager en sa compagnie dans son monde, dans sa vision de notre monde. Antoine Chainas n’est pas un extrémiste, c’est un marginal qui marche sur la ligne jaune, tout le temps en équilibre. De toute évidence, ce roman, comme les autres, suscitera beaucoup de commentaires, positifs ou négatifs. De toute évidence, ce roman, comme les autres, ne passera pas inaperçu et ne laissera pas indifférent. Moi, j’adore !

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