Cadres noirs de Pierre Lemaitre (Calmann Levy)

Lors de la sélection Polar SNCF de l’année dernière, j’avais découvert Robe de marié de Pierre Lemaitre. Même si j’avais été mitigé sur la première partie du livre, la suite m’a montré que Robe de marié était un excellent thriller psychologique. Je me devais de lire ce Cadres noirs et donc voici de quoi il en retourne. A noter que Cadres Noirs est aussi sélectionné pour Polar SNCF pour l’été 2010.

Alain Delambre est un cadre au chômage depuis quatre ans. Il était DRH et a été licencié à la suite d’une restructuration. Il n’a pas cessé de chercher du travail, pour garder sa fierté et pour sauver son image vis-à-vis de sa femme Nicole. Son ménage survit tant bien que mal avec le salaire de sa femme. Heureusement, ses filles, Mathilde et Lucie, sont indépendantes, l’une institutrice, l’autre avocate.

Il travaille donc comme manutentionnaire aux Messageries pharmaceutiques, où il doit s’occuper du tri des cartons de médicaments. Mehmet y est superviseur, ce qui veut dire qu’il s’occupe d’une équipe de trois personnes dont Alain Delambre. Un jour, Mehmet lui donne un coup de pied au cul ce qui met Delambre hors de lui. La bagarre éclate et Delambre casse le nez de Mehmet d’un superbe coup de boule ce qui a pour conséquence le licenciement immédiat de Delambre.

Mais ce n’est pas grave, car Delambre a postulé à un poste de DRH auprès d’une annonce de BLC Consulting. Il passe un examen, puis un entretien et reçoit une lettre l’informant qu’il est retenu, ainsi que trois autres personnes pour ce poste. Il devra passer un dernier test, qui est une simulation de prise d’otages pendant laquelle cinq personnes de sa future boite seront impliqués à leur insu. Pour ce faire, BLC Consulting a fait appel à un genre de barbouze qui s’appelle Fontana. Cette prise d’otage va permettre de juger les candidats DRH qui doivent identifier ceux qui vont etre virés parmi les « victimes » ainsi que celui qui sera retenu pour la fermeture d’une usine en Normandie.

A partir de là, Delambre va vouloir mettre toutes les chances de son coté. Il va chercher le nom de cette entreprise qui organise ce « jeu de rôles », va identifier les cadres qui vont être impliqués dans cette prise d’otages, engager un détective privé pour avoir des arguments décisifs et un ancien du RAID pour comprendre les bases d’une prise d’otages. Pour cela, il va s’éloigner de sa femme, de ses filles, s’isoler dans une quête où les dés sont pipés dès le départ.

Pour moi, lire Pierre Lemaitre s’apparente à une séance de torture mentale. Lors du premier roman, Robe de marié, j’ai lu avec horreur ce que Franz faisait subir à Sophie, incapable que j’étais de lâcher le livre. Pour celui là, le personnage de Delambre est tellement bien dessiné que je pensais voir des collègues ou des connaissances, ou imaginer qu’ils auraient réagi de cette façon. J’ai trouvé ce livre particulièrement dérangeant d’un point de vue personnel. Et c’est probablement le but recherché de ce livre.

J’ai eu beaucoup de difficulté à prendre du recul par rapport à ce livre, mais je dois reconnaître que Pierre Lemaitre est très doué pour plusieurs choses :

D’une, ses personnages sont réalistes et vrais. Sa façon d’aborder la psychologie humaine ajoutée à un style qui s’adapte au personnage fait que l’on est plongé au cœur de la narration, et que par conséquent on est littéralement pris à la gorge, pas par l’action mais par l’identification au personnage (ou le dégoût dans mon cas).

Ensuite, il a un art certain pour mener une intrigue. A chaque fois, ses intrigues sont diaboliques et chaque rebondissement nous étonne parce qu’on ne l’a pas vu venir. Comme dans Robe de marié, Lemaitre m’aura bien mené par le bout du nez. Et le fait d’alterner les points de vue (ici Delambre puis Fontana) permet de mieux manipuler le lecteur en ne proposant qu’un seul point de vue à la fois. Indéniablement, celui-ci est plus fort, plus abouti que Robe de marié.

Enfin, ne cherchez pas dans Pierre Lemaitre un porte-parole pour ou contre la société actuelle, pour ou contre les patrons voleurs, pour ou contre les délocalisations et les licenciements. Il prend cela en toile de fond comme on choisit des ingrédients, ajoute un personnage comme une pincée de sel, et mélange en laissant l’histoire se dérouler comme une recette où il est le seul à savoir ce que ça va donner, ce qu’on va manger. Et la cuisine, c’est une question de goût.

Alors, pour ou contre ? Je ne peux pas dire que j’ai détesté, ni que j’ai adoré, mais un peu des deux. Par contre, j’ai adoré la fin, bien noire. Pierre Lemaitre est indéniablement doué pour écrire des thrillers et je souhaite qu’il continue sur cette lancée. Personnellement, ce livre m’a plusieurs fois gêné par son contenu, mais je suis persuadé que les livres de cet auteur valent le coup d’être lus pour leur qualité. Il y a des passages que je n’ai pas aimés, d’autres que j’ai adorés, mais ce n’est qu’un ressenti lié à mon vécu personnel et professionnel. Et le pire, ou le comble, vous savez, c’est que j’achèterai et que je lirai le prochain.

9 réflexions sur « Cadres noirs de Pierre Lemaitre (Calmann Levy) »

  1. Tient, un livre de Pierre Lemaître que je n’ai pas lu 🙂
    Va falloir remédier à cela, après avoir écrit qu’avec l’auteur je faisais une pause. Je pense maintenant avoir passé ce temps. En ce moment j’ai débuté le dernier B. Minier. Je n’ai pas pu résister:)
    Bonne fin de dimanche.
    Gene-brindille.

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      1. Bonne fin de journée Pierre. Je viens de le commencer et cela démarre sur les chapeaux de roue avec des tas de question. Un début en Scandinavie et puis …..le retour de notre héros habituel. Je déguste ….. sur la piste ….de….. ???? hihi !!!! Tu as envie de le lire ?

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