Adieu Gloria de Megan Abbott (Editions du Masque)

Attention, coup de coeur ! Megan Abbott, j’en ai entendu parler qu’en des termes élogieux. Que ce soient mes amis lecteurs, mes amis blogueurs, ou même les auteurs eux-mêmes de Ken Bruen à Reed Farell Coleman. Voici Adieu Gloria, le dernier roman traduit en français en date, qui a reçu le prix Edgar Award.

La narratrice dont nous n’aurons pas le loisir de connaître le nom, a une formation de comptable, avec une petite vie rangée. Elle est très vite repérée par la grande Gloria Denton, d’une vingtaine d’années son aînée, qui la prend sous son aile. Elle a décidé de tout lui montrer, tout lui apprendre sur son travail. L’attrait est réciproque puisque les premiers mots de ce roman sont de la narratrice : « Je veux ces jambes ».

Gloria Denton évolue dans un monde d’hommes. Elle est en contact avec les gros pontes de la pègre, et se charge à la fois de petites arnaques, mais surtout de blanchiment d’argent et de se charger des transfert de fonds des casinos, des champs de course, des bars. Enfin, elle se charge aussi d’apporter les enveloppes servant à corrompre à la fois les policiers et les politiques pour que les affaires de ses patrons tournent sans encombres.

En toute circonstance, Gloria Denton est capable de garder sa stature, son attitude hautaine, donnant l’impression de maîtriser tout ce qui lui arrive. Elle est toujours bien habillée, et froide comme la glace, comme un homme transformé en femme. La narratrice va répondre aux attentes de Gloria au-delà de ses attentes, jusqu’à ce qu’un grain de sable vienne se loger dans ce rouage si bien huilé.

Notre narratrice va rencontrer Vic Riordan, un joueur invétéré qui croit tout gagner mais qui perd toujours. Elle en tombe amoureuse et va tout faire pour sauver son amant, d’autant plus qu’il doit une importante somme d’argent à Mackey, le nouveau caïd local. Pour elle, se vie va très vite se compliquer.

Je ne sais comment vous dire qu’il vous faut lire ce livre. Car c’est une histoire noire,  bien noire, dans la plus pure tradition du roman noir américain, avec l’ambiance, les personnages, les situations dramatiques et la psychologie parfaite qui va avec. Mais quels portraits de femmes Megan Abbott nous décrit là, avec un sens de la narration parfaitement maîtrisé et assumé : décrire cette histoire par la narration de la jeune femme et par la psychologie du personnage.

Au-delà de ça, c’est aussi une histoire d’héritage, d’éducation de mère à fille, de mentor à élève, de maître à esclave qui nous est conté. J’ai adoré cette évolution du personnage, qui commence par vouer un culte à Gloria, avant de s’émanciper, de se révolter pour finalement remettre en cause son éducation même. Sans vous dire la fin, il n’en restera qu’une, car au bout du compte, que ce soit du coté de Gloria ou de la narratrice, cela ne pouvait que se terminer par une trahison.

Pour finir, il faut que je vous parle du style de Megan Abbott. C’est si pur, si fluide, que c’en est un vrai plaisir de lecture. Sans en dire trop, ni sur le temps, ni sur les lieux, on est plongé dans cette histoire qui pourrait se dérouler à n’importe quelle époque, et dont la dramatique est finalement hors du temps. Mon avis pourrait se résumer en un mot : Magnifique ! Et après avoir écrit cet article, il me tarde de lire Absente, son précédent roman sorti chez nous, qui attend sur une étagère, sagement.

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