Petites morts à Gaza de Gwenaëlle Lenoir (Nuits blanches)

Les éditions Nuits blanches m’ont proposé de lire un roman policier un peu particulier pour son contexte, puisqu’il se déroule dans la bande de Gaza. Et cela me permet de rajouter un nouvel auteur à la liste de Black Novel.

La bande de Gaza à la fin de la deuxième Intifada, dans les années de chaos 2006-2007. Maher al-Shaqqi est un jeune journaliste local qui a fait longtemps le « guide » pour de nombreux envoyés spéciaux étrangers. Il a ainsi monté une agence de presse qui est devenue incontournable pour ces journalistes, leur fournissant contacts et moyens techniques. La vie de Maher bascule le jour où sa jeune soeur, Marwa, se fait exploser dans une rue de Tel Aviv.

Il apprend son acte par la télévision et ne le comprend pas. Taysir, le fiancé de Marwa, ne comprend pas non plus cet acte. Commissaire de police de l’Autorité palestinienne, alors en place dans la bande de Gaza, il se jure de trouver qui a envoyé Marwa se tuer et tuer des innocents. Lola, Karl et Ben, journalistes américains familiers de la région et amis de longue date de Maher et de Marwa, se trouvent également dans la bande de Gaza.

Eux aussi vont se trouver mêlés à l’enquête, tout en couvrant au quotidien les événements qui s’y déroulent. L’enquête sur Marwa est parasitée par une série de meurtres mystérieux marqués par des mutilations ne correspondant à aucune des «habitudes» du territoire, alors en proie à l’anarchie, notamment aux règlements de compte entre clans rivaux. Le commissaire Taysir enquête sur ces étranges meurtres, aidé par le docteur Hisham, un des rares médecins légistes de la bande de Gaza.

Que je sois clair avec vous : je ne comprends rien au conflit israélo-palestinien ; C’en est devenu une triste habitude, de voir aux informations, que de jeunes gens se tuent d’un coté comme de l’autre. Le roman de Gwenaëlle Lenoir n’est pas là pour expliquer quoi que ce soit. Ce n’est pas son but ; l’auteur a choisi délibérément le roman policier pour montrer, démontrer et disséquer une société en voie de déliquescence, où le moindre beau parleur peut accéder au pouvoir.

Gwenaëlle Lenoir nous montre des gens normaux, comme vous et moi, dans leur vie de tous les jours. La seule différence, c’est qu’autour d’eux, c’est l’anarchie la plus complète, le chaos avec pour victimes les civils : les bombes explosent, les clans se battent pour le pouvoir, les balles sifflent, les roquettes volent. Gwenaëlle Lenoir ne prend pas position, elle nous montre juste qu’il y a des excités du bulbe, mais qu’il ne faut pas généraliser. Rien n’est jamais tout blanc ou tout noir.

Alors, pour le coté roman policier, ce n’est pas tout à fait cela. Mais je ne crois pas que cela soit l’objet de ce roman, non plus. Je pense que l’auteur a voulu remettre les choses à leur place, et nous faire une démonstration (qui marche bien), en tapant au passage sur les gouvernements occidentaux et les journalistes. J’avoue avoir eu un peu de mal à suivre avec les noms (qui sont compliqués) mais au global, j’ai bien aimé ce livre qui, sous couvert d’enfoncer des portes ouvertes, nous rappelle que les Palestiniens sont aussi des hommes.

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