Un long moment de silence de Paul Colize (La Manufacture de livres)

Attention ! Coup de cœur ! Que c’est difficile d’écrire cette chronique pour ce livre que j’ai lu cet été ! Mais comment rendre justice à ce roman si foisonnant, important, envoutant, prenant, impressionnant ? Comment vous dire que Paul Colize m’a emporté dans son intrigue emberlificotée jusqu’à un dénouement pour le moins surprenant ?

Le roman s’ouvre sur la Tuerie du Caire, en 1954. Une voiture s’arrête devant l’aéroport, déversant sur le trottoir quatre hommes armés de mitraillettes. Ils ouvrent le feu sur les policiers présents puis font irruption dans l’aérogare et font un massacre parmi les passagers d’un vol en provenance de l’Allemagne. Le bilan sera lourd : 21 morts et une trentaine de blessés. L’enquête internationale n’arrivera jamais à démontrer qui furent les auteurs de cette tuerie aveugle …

De nos jours, Paris. Stanislas Kervyn est le fils d’une des victimes de la Tuerie du Caire. Il n’a jamais connu son père, il avait 1 an au moment du drame. Propriétaire d’une société de sécurité informatique, il consacre son temps libre à résoudre ce mystère. Il vient d’écrire un livre qu’il vient présenter à une émission littéraire télévisée. A la fin de l’émission, il reçoit un coup de téléphone. Son correspondant lui dit qu’il a des informations à lui communiquer, il était le chauffeur qui a emmené les tueurs du Caire …

1948, New York. Nathan Katz a 18 ans et est un miraculé des camps de la mort. Remarquablement intelligent, il va intégrer le Brooklyn College et être approché par une organisation qui s’appelle Le Chat, composée par des juifs ayant perdu leurs proches. Cette organisation secrète est chargée de repérer les anciens nazis pour les juger et les condamner.

Mais que relie donc un PDG d’une société informatique avec un chasseur de nazis ?

Parfait, le dessin de ce personnage qu’est Stanislas Kervyn, plus que désagréable, détestable à souhait, qui n’a aucun respect envers son prochain, rempli d’une fierté et d’une morgue pour écraser la moindre personne qu’il côtoie. C’est un personnage bien particulier que Paul Colize va nous obliger à suivre, à aimer, à détester, à apprécier au fil de l’histoire. Cet homme qui n’a pas de racine, mais qui les recherche, va être plongé dans une histoire qui va le dépasser. C’est un Icare moderne sans cœur qui va se bruler les ailes et découvrir la vérité et une forme d’humanité.

Parfait, le personnage de Nathan Katz, qui va nous faire visiter la deuxième partie du vingtième siècle, au travers sa recherche de vengeance, ayant laissé ses sentiments derrière les barbelés pour se lancer dans une course éperdue de la justice, ou du moins de se justice. C’est un personnage complexe, humain et inhumain, qui pose la question de la vengeance, de la justice, du pardon, de l’horreur, de la justification d’une attitude Œil pour œil, dent pour dent, qui implique le lecteur au plus haut point. Paul Colize pose le lecteur devant ses responsabilités, en posant la question : Que feriez vous ?

Parfaite la construction du roman, alternant les chapitres entre l’enquête de Stanislas et la vie de Nathan. Si la façon de faire n’est pas nouvelle, elle est réalisée avec une aisance et une évidence qui pousse le lecteur à lire plus avant, à avaler les pages, sans être pour autant dérouté ou perdu.

Parfait, le style de l’auteur, cette efficacité dans les mots utilisés, dans les phrases ciselées, dans les petits détails qui permettent de vous plonger dans un village d’Allemagne en 1954 par exemple. C’est un véritable plaisir des yeux, un véritable travail d’orfèvre, un véritable régal pour tout lecteur exigeant sur le style d’un roman. Ce roman est un vraie réussite, un grand travail d’écriture, un grand roman tout court.

Parfait le sujet et sa façon de le traiter, toute la documentation, toute cette érudition qui nous dévoile des pans d’histoire mal connus et un voyage dans le temps qui va durer soixante ans tout en nous passionnant du début à la fin. Formidable cette façon de lier les personnages à la grande histoire au travers de petites histoires.

Parfait ce roman, avec ce suspense si bien entretenu que malgré tout ce qui nous a été montré pendant ces 450 pages, la fin nous tombe sur la tête, nous tire des larmes embrouillées, et nous vient alors un immense regret, celui d’avoir tourné la dernière page. La gorge nouée, on croit en avoir fini, quand en lisant les remerciements de l’auteur, on comprend toute la passion qu’a mise Paul Colize dans cette histoire. Et c’est formidablement réussi.

Parfait ce roman !

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