Petite Louve de Marie Van Moere (La Manufacture de Livres)

Aux éditions de la Manufacture de livres, voici un premier roman d’une jeune auteure dont il va falloir suivre les prochaines parutions, tant sa façon de mener l’intrigue est prometteuse. Ne passez pas à coté de cette Petite louve.

Le premier chapitre est dur : il commence par une scène de meurtre. Une femme abat un homme d’une balle dans la tête. Avant de l’enterrer, elle lui éclate la tête pour récupérer la balle, pour ne pas laisser de traces … comme si cela pouvait effacer le passé. Elle vient de se débarrasser de celui qui a violé sa fille de 12 ans. Puis, elle et sa fille partent pour échapper aux éventuels poursuivants.

Car celui qu’elle vient de tuer est un gitan, Toni. Sa famille n’a plus de nouvelles de lui, alors elle lance aux trousses des deux jeunes femmes Ari et Ivo, les deux frères de Toni. Ce sont deux brutes, sans aucun état d’âme. La course poursuite va se dérouler sur l’ile de beauté, la Corse, devenue pour le coup l’ile des cauchemars. Un voyage entre Marseille et la Corse, un voyage en plein cauchemar.

La louve protège ses petits. Avec un sujet mille fois abordé, Marie Van Moere décline le thème de la vengeance et de l’instinct maternel sur des tons noir sur bleu, noir pour l’ambiance, bleu pour la mer corse et le ciel immaculé. Et ce qui est impressionnant dans ce premier roman, c’est la maitrise de l’intrigue, cette façon de raconter une histoire dramatique, sans en rajouter, mais en nous attirant dans le piège des dernières pages.

Ce que je trouve étrange, c’est aussi cette absence d’émotion. L’auteure reste très distante, très efficace dans son style et rend donc cette histoire d’autant plus dure qu’aucun sentiment ne va alléger cette histoire noire. Et même si par moments, je trouve certains passages inutilement démonstratifs dans une volonté de faire efficace (par exemple en utilisant des morceaux de phrases sans verbe, ce qui n’est pas utile au propos), l’efficacité de l’ensemble m’a épaté. Et je trouve incroyable que les femmes écrivent des romans aussi durs, voire même beaucoup plus durs que ceux écrits par des hommes.

Si la plus grande partie du roman est la course poursuite entre les gitans et le couple des deux femmes à distance, l’auteure évite soigneusement les redites, prouvant là encore sa grande maitrise de son intrigue. On ne cherchera pas à s’identifier aux uns ou aux autres, mais on recevra les scènes comme autant de coups de poings, avec le lecteur en guise de punching-ball.

On y trouve aussi des scènes plus calmes, tout aussi réussies, qui permettent de souffler un peu, mais rassurez vous, la noirceur du propos revient fort vite. Là aussi, dans l’alternance des rythmes, Marie Van Moere fait très fort.

C’est clairement un roman fort prometteur, qui va plaire à tous les amateurs de romans noirs, un roman qui mérite que l’on suive les prochains romans de l’auteure, qui m’a beaucoup impressionné et marqué. Et merci Coco pour le prêt du livre.

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