Les Belges reconnaissants de Martine Nougué (Editions du Caïman)

Les éditions de Caïman ont l’art de dégotter de nouveaux auteurs pleins de talent. Encore une fois, je suis très agréablement surpris par ce premier roman de Martine Nougué, qui s’avère un très bon divertissement.

Castellac est un village situé à coté de Sète. Les élections municipales viennent de rendre leur verdict : Ludovic Gallieni vient d’être réélu maire, très largement devant sa concurrente, Marianne Grangé. Celle-ci voulait mettre fin aux magouilles familiales qui ont lieu depuis la fin de la guerre. En effet, les Gallieni détiennent la mairie de grand-père en père en fils et personne n’y trouve à redire. L’élément principal qui a plébiscite Gallieni tient surtout dans le fait que Marianne n’est pas originaire du village. Le soir des élections, Marianne a la défaite amère et refuse le cocktail offert par Ludovic. En rentrant chez elle, une bande de jeunes l’agressent dans une ruelle et la violent.

Quelques jours se passent avant que le drame ait lieu : le cadavre de Ludovic Gallieni est retrouvé dans la garigue. Les rumeurs vont bon train, les gens parlent à tort et à travers, font toutes les hypothèses possibles et imaginables. On ne sait même s’il s’agit d’un meurtre ou d’un suicide. La lieutenante Pénélope Cissé est chargée de l’enquête. Elle vient d’être mutée à Sète par mesure disciplinaire. Il faut dire que pour cette enquête, elle cumule trois défauts aux yeux des gens du cru : Elle n’est pas du village, c’est une femme et elle est noire. Malgré cela, elle va résoudre ce mystère, à l’aide d’un petit jeune fraichement débarqué de l’école de police.

D’aucuns auraient utilisé le personnage principal de Pénélope pour creuser ses relations avec son coéquipier ou bien avec sa hiérarchie. Martine Nougué s’intéresse plus au village, aux relations entre les habitants, aux rumeurs et aux gens qui parlent. En effet, l’intrigue avance beaucoup avec les discussions qui ont lieu dans le bar du village et cela permet une immersion totale dans ce petit cercle si difficile à percer. Je dois dire que de ce point de vue là, c’est une franche réussite et un vrai plaisir tant les dialogues sont formidablement écrits et réalistes.

Pour un premier roman, c’est réellement une réussite. Car l’autre aspect qui distingue ce roman des autres est aussi le style alerte, vif qui fait ressortir la passion qu’a l’auteure pour les gens, quelque soit leur région ou leur appartenance. Martine Nougué arrive à nous insuffler cette passion, à faire vivre ces piliers de bar, à les aimer et surtout à les écouter. Ce roman, c’est un pur plaisir de lecture, avec des rebondissements, de la vie, du vin et des on-dit. Encore faut-il être capable de faire le tri entre les vérités et les affabulations.

Martine Nougué se permet tout de même de dérouler son intrigue en y ajoutant quelques petites piques sur les relations homme/femme, sur le racisme commun, sur cet esprit particulier qui poussent les villageois à se renfermer sur eux-mêmes et sur quelques autres aspects que je ne peux vous dévoiler sans vous donner des clés sur la fin du roman. Et tout cela est suffisamment léger et subtil pour ne pas en faire un livre donneur de leçons.

Le personnage de Pénélope Cissé est un personnage fort, auquel on attribue tout de suite sa sympathie, et elle a l’art de boucler ses enquêtes de façon un peu particulière. Si elle peut paraitre un peu lisse, elle a cette passion pour son métier que tout emporte. Le seul petit reproche que je ferai est le dénouement qui ne m’a pas complètement convaincu. Malgré cela, je ne demande qu’une chose, c’est de retrouver Pénélope dans une prochaine enquête. Car pour un premier roman, j’ai trouvé cela très bon.

18 réflexions sur « Les Belges reconnaissants de Martine Nougué (Editions du Caïman) »

  1. Bonsoir Pierre
    Tout à fait d’accord avec toi, et j’espère que Martine Nougué ne nous fera pas languir car personnellement j’ai hâte de retrouver Pénélope. En attendant je travaille à ma tapisserie…
    Amitiés

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  2. Bonsoir Pierre,
    Le titre est étrange par rapport au lieu de l’enquête. Les Belges ? Comme je le suis sur ma carte d’identité, cela m’intrigue. En lisant ton résumé, et un premier livre souvent très bon chez un auteur, jusqu’à présent en ce qui me concerne à la lecture, tu me donnes envie de lire le livre. Va falloir que je le note, car récemment j’avais posté un commentaire sur un livre qui me plaisait, mais hélas je ne sais plus sur lequel ?
    J’ai lu récemment le projet Anastasis qui ne m’a guère embarquée de Jacques Vandroux. Le résumé me semblait chouette. J’ai mis du temps à le terminer. Je n’ai pas été voir les critiques concernant cet auteur sur les blogs ou ailleurs.
    Bonne soirée.
    Geneviève

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      1. J’aime aussi les nouveaux auteurs et ai découvert récemment, un livre qui n’est pas un polar, mais d’une plume acérée incroyable. Un portrait de femme peu ordinaire. Son écriture m’a beaucoup fait rire, de par son cynisme, son langage cru. C’était aussi un premier roman 🙂 J’ai acheté le deuxième, je suis curieuse.

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    1. Tout à fait, Claude, il y a une cohérence dans leurs parutions et surtout il doit y avoir un travail énorme pour sortir des romans passionnants sans altérer le syle et le message de l’auteur (e). Amitiés

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