Depuis son premier roman publié en France, Seul le silence, je suis fan de Roger Jon Ellory. Je suis fan de ses personnages, je suis fan de ses décors, je suis fan de ses thèmes, avec plus ou moins de plaisir. Mais un auteur ne peut réellement pas être tout le temps au top, et au global, seul un de ses romans m’a déçu. Avec Les neuf cercles, Roger Jon Ellory renoue avec la veine que j’aime, celle qui consiste à fouiller le quotidien d’un personnage.
« Quand la pluie arriva, elle rencontra le visage de la jeune fille. »
Juillet 1974, dans la ville de Whytesburg, Mississipi. Le corps d’une jeune fille est retrouvé, ressortant de la vase d’une rivière. Le shérif John Gaines, vétéran du Vietnam, se retrouve avec un corps dont il ne connait pas l’identité. Quand son adjoint le rejoint, il est fortement troublé. Il lui semble reconnaitre Nancy Denton, une jeune fille qui a disparu vingt ans auparavant.
John Gaines est un personnage fortement marqué par ce qu’il a connu au Vietnam. Il pensait être revenu de l’enfer, mais il n’a jamais réellement pu tourner la page, étant obsédé par des images de massacre, harcelé par des cauchemars récurrents. Surtout, il se pose des questions sur la chance qu’il a eu de revenir vivant, voyant ses compagnons tomber un à un dans un conflit qui ne le regardait pas, se rendant compte après coup qu’ils n’avaient aucune chance de vaincre sur un terrain hostile et inconnu.
L’autopsie est réalisée par le médecin de la petite ville, qui a mis au monde tous les enfants. Il reconnait, en effet, le visage de Nancy Denton, incroyablement conservé par la boue. Il annonce aussi à Gaines que le corps a été ouvert au niveau du thorax, le cœur de la jeune fille a été prélevé et remplacé par une boite dans laquelle git un serpent qui se mord la queue.
Roger Jon Ellory aborde cette histoire très particulière de la façon dont il aime le faire : Il pose rapidement les faits, détaille rapidement les personnages principaux et ensuite, prend son temps pour détailler à la fois les décors, les psychologies. Et je retrouve dans ces moments là ce qui me fait aimer la plume de Roger Jon Ellory : Sans être lourdingue, il prend le temps de regarder évoluer ses personnages, ne nous assomme pas de considérations psychologiques bas de gamme, mais brosse ses personnages par leurs petits gestes du quotidien, par des dialogues formidablement ciselés.
Le personnage de Gaines, dans cette optique, est emblématique de la façon dont Ellory arrive à nous emmener dans son monde. Il nous décrit un personnage marqué à vie, qui se pose des questions sur le pourquoi et le comment il a réussi à sortir de l’enfer de la guerre du Vietnam, et cette intrigue va le replonger dans un enfer encore pire. Si ces considérations occupent une bonne moitié du roman, l’autre moitié s’oriente plus vers l’enquête, à propos de laquelle les adeptes de rebondissements pourraient être déçus.
En effet, le rythme est lent, comme peut l’être celui de la vie des habitants d’une petite ville des Etats Unis. Certes les pistes sont nombreuses, du racisme ambiant à un potentiel serial killer, mais le livre est plus centré sur les personnages et leurs réactions, leur façon de réagir au travers de leurs phrases.
En prenant un peu de recul, je trouve que le scenario tient sur un post-it ou deux, mais ce n’est pas ce qui m’a fasciné dans ce livre. De même, il y a des passages concernant l’histoire des Etats Unis et la guerre du Vietnam qui m’ont semblé de trop par rapport au reste du livre. Il n’en reste pas moins que Roger Jon Ellory a une écriture hypnotique, que j’y ai retrouvé tout le plaisir de lecture au j’avais trouvé avec Seul le silence. Et quand il écrit comme ça, Ellory est un grand auteur, qui est capable de nous passionner pour une histoire et ses personnages sans que l’on s’en rende compte.
tu sais combien j’apprécie cet auteur, je suis donc heureux de lire ta belle chronique 😉
Les parties sur l’histoire des USA m’ont, pour ma part, semblé un véritable plus.
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Salut Yvan, Quand on est fan (c’est mon cas), on est forcément plus exigent. Je rêve d’un livre où il nous raconterait à nouveau la vie d’une personne simple, comme il a si bien su le faire dans Seul le silence. Car, quel talent, quand même ! Amitiés
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oui c’est vrai, le personnage de Seul le silence est absolument inoubliable, l’un des plus beaux que j’ai pu rencontrer dans mes lectures.
Amitiés 😉
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Oh, Pierre, que vois-je ?? Je suis en avance sur toi pour une lecture de roman ?? Y’a du laisser-aller de ton côté, je ne tolérerai pas ça ! Une visite chez toi qui ne se termine pas par une envie folle de noter un titre dans mon nouveau carnet ! Rhôôô…
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Tu fais bien de me le signaler. Donc je vais me venger avec de supers billets à venir. Fais chauffer la carte bleue ! p)
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Je vais te fuir, pauvre fou !!! Mdr
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Meuh non, ça fait du bien de se faire du mal ! Ouh la, c’est compliqué ce que je dis là !
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Je prends une aspirine et je reviens lire ton comm, ça va ?? 😀
S’il te plait, arrête de lire « 50 nuances », avec tout ces gens qui se font mal pour avoir bon ! mdr
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Également apprécié ce bouquin, pour lequel je déplore quelques redondances, mais qui n’enlèvent pas grand chose à la qualité de l’ensemble. Mais c’est vraiment pour chipoter… 🙂
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C’est exactement cela, Vincent. Quand on est fan, on chipote car on aimerait n’avoir rien à dire … C’est un très bon bouquin, de la valeur sure, mais pas son meilleur. Amitiés
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Je te le concède, ce n’est pas mon préféré non plus…
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Pour ma part, l’ami pierrot, celui-ci m’a quelques peu réconcilier avec l’auteur, le précédent m’ayant tellement déçue.
Mais il est vrai que je n’ai plus le coup de coeur des débuts.
Ellory à fait tellement fort avec ses premiers.
Alors merci pour ce bel avis, monsieur. 🙂
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De rien Genevieve, on a le même avis.
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