Ce qui n’est pas écrit de Rafael Reig (Points)

Voici un roman dont les avis sont partagés. Il est vrai que le sujet est sale, et la façon de le traiter très sale. Se voulant un hommage au Pas d’orchidées pour Miss Blandish de James Hadley Chase, c’est aussi une réflexion noire sur la création et l’écriture en particulier.

Depuis que Carmen et Carlos sont divorcés, elle a l’impression qu’il est devenu un bon père pour Jorge. D’ailleurs, ce week-end, il vient emmener son fils pour une excursion en montagne, où ils iront rejoindre Yolanda, la nouvelle petite amie de Carlos. En partant, Carlos dit à Carmen qu’il lui a laissé un polar qu’il vient de terminer.

Carlos est un auteur raté, qui s’est essayé à écrire des poèmes, sans toutefois trouver d’éditeur. Carmen va donc laisser à contre cœur son fils partir et commencer à lire le manuscrit. Il raconte l’histoire du kidnapping d’une jeune fille d’une riche famille par des ratés qui ne seront connus que par leur surnom.

Alors que Carlos a de grosses difficultés à communiquer avec son fils, qu’il aimerait voir grandir plus vite pour devenir un homme, Carmen, seule dans son salon attaque ce roman où elle y trouve des similitudes avec sa vie. Elle se retrouve dans cette jeune femme, droguée et violée, les personnages lui rappellent des gens de sa famille. Ne faut-il pas y voir là une prémonition ou un message ?

Autant vous prévenir tout de suite, Rafael Reig ne fait pas dans la dentelle. Que ce soit les personnages ou bien le roman de Carlos, tout est crade, bien crade. Les sentiments sont sales, les situations glauques, et on y trouve bien peu de cas de l’humain. A cela s’ajoute un style froid, clinique qui finit par faire froid dans le dos. C’est aussi le reproche que je ferai à ce roman, ce style si impersonnel qui m’a parfois laissé sur le bord du chemin, alors qu’il y avait des scènes fabuleuses à faire ressortir.

Rafael Reig, derrière son sujet, creuse beaucoup de sujets, parmi lesquels les relations Mère-Fils et Père-Fils. Là où Carmen est inquiète du destin de son fils, où elle se veut très protectrice, c’est Jorge qui cherche à protéger son père. Ces relations complexes vont se mêler avec le thème du paraitre : Aussi bien Carmen que Carlos veut avoir l’air fort, alors que Jorge est le seul à être franc, cash, direct, droit dans ses bottes.

C’est aussi le thème de la création que Rafael nous amène à aborder. Il montre un auteur qui puise dans son expérience personnelle pour écrire son premier roman, et surtout la réaction de ses proches devant ce roman. Doit-on écrire sur soi ? Quelle part de vérité met-on dans ses écrits ? Quelle distance un auteur met-il dans ses écrits par rapport à sa vie réelle ? Il faut dire que le polar de Carlos est impressionnant et surtout inquiétant pour une mère séparée de son enfant !

Il faut bien dire que ce roman arrive à dégoutter, sans forcément faire dans le gore. Il arrive à passionner par ses personnages et ses thèmes abordés. Il arrive à faire monter la pression, créant une tension palpable et glauque pour nous amener vers un final que l’on a bien du mal à imaginer mais qui ne peut qu’être dramatique. Il arrive surtout à laisser dans la bouche un sentiment de légère déception, tant il y avait aussi bien dans la construction que dans les sujets choisis de quoi écrire un pur chef d’œuvre. Ce roman n’est pas pour moi une déception mais plutôt une belle découverte d’un auteur dont je vais surveiller les prochaines parutions.

Ne ratez pas l’interview de l’auteur sur le site du concierge masqué

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12 réflexions sur « Ce qui n’est pas écrit de Rafael Reig (Points) »

  1. Ce livre est dans ma PAL depuis Lyon l’an dernier. L’auteur m’avait prévenu que ce n’était pas un roman « facile », alors je remettais toujours au lendemain sa lecture. Ta chronique est là pour me faire un salutaire rappel. Amitiés, et à samedi prochain, peut-être…. 🙂

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  2. connaissant ma biloute, tu n’as pas aimé ce bouquin ( et c’est toujours aussi dur pour toi de le dire huhu) Comme Vincent je l’ai dans ma pal et j’avais lu à son sujet des commentaires très variés. Bons ou mauvais. Toujours est il qu’il ne laisse pas indifférent et c’est peut être là sa première qualité ! 🙂 Amitiés ( bon t’as vu je suis de retour après toutes mes mésaventures!!! 🙂 )

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