Autopsie d’un bouquiniste de François Darnaudet (Wartberg)

A la fois hommage à Chester Himes et roman policier, avec ce roman, François Darnaudet réconcilie les amateurs de polars et les amoureux de bonnes histoires. Avec ce roman, on a rendez-vous avec des personnages attachants.

4 juin, Andernos, à coté d’Arcachon. Sur la jetée, un jeune homme blanc s’approche d’un jeune homme noir et lui vole son téléphone portable. Une course poursuite s’engage. Un peu plus loin, au troisième étage d’une résidence, Roger Sollers dit Soso lui indique que son agresseur a tourné le coin. Puis Soso bascule dans le vide et s’écrase mortellement en bas.

4 juin, Paris. Francis Darnet est un bouquiniste passionné de polars, ancien instituteur de l’éducation nationale. Il a dans son sac à dos une trentaine de romans, des Série Noire et des Carré Noir. C’est alors qu’il reçoit un texto de Béa : « Soso est mort. Viens ! Béa ».

Mai 1953, Paris. Chester Himes et son nouvel amour Willa Thompson Trierweiler se promènent avec Yves Malartic et sa femme. Yves prépare un roman sur l’ascension de l’Everest et Chester doit réécrire la fin de son dernier roman The Third Generation pour son éditeur. Yves propose à Chester de loger dans sa maison d’Andernos pour travailler son roman.

5 juin, Bordeaux. Cela fait vingt trois ans qu’il a quitté sa ville natale. Cela fait une vingtaine d’années qu’il n’a pas revu ses amis d’enfance, Piter, Robert et la fille de la bande Béa. Evidemment, les 3 garçons étaient amoureux de Béa, et c’est avec Robert qu’elle s’est mise en ménage. Béa pense que la mort de Soso n’est pas un accident mais qu’elle est liée à ses recherches sur un inédit de Chester Himes.

Croire que ce roman est destiné aux amateurs de polars serait une erreur. Ce roman a certes un fond de vérité, de document sur le passage de Chester Himes à Arcachon et ses environs. Mais c’est surtout un vrai roman policier dont les qualités de narration en font un roman attachant.

Car c’est bien ce que je retire de ce roman. La construction du roman, alternant entre le présent, le passé récent et 1953 en fait un roman passionnant à suivre, augmentant le mystère autour de la mort de Soso. Et puis, dans cette aura de mystère, on trouve une vraie sympathie envers ces amoureux des livres. Les personnages sont formidablement vivants, tout cela sonne vrai et on finit par s’attacher avec ces gens que l’on aimerait côtoyer, pour discuter sans fin de polars. Même les passages concernant Chester Himes (que personnellement je n’ai jamais lu) sont terriblement vrais.

Et puis, il y a cette amitié de ce petit groupe, qui rappellera tant de souvenirs à chacun d’entre nous. Tout est écrit avec tant de subtilité et de tendresse, sans en dire trop, ce qui fait que cela rappellera beaucoup de souvenirs à beaucoup de gens. Cela en fait un roman attachant à la construction implacable.

Et puis, Jean Bernard Pouy signe une préface fantastique qui en ferait rougir plus d’un. Avec cette phrase si belle qu’elle se passe de commentaires : « Je ne suis pas chercheur, mais j’ai la conviction que tous les éléments biographiques et historiographiques concernant l’écrivain américain sont exacts, habilement mélangés à ceux de la fiction imaginée par Darnaudet. Et même s’ils étaient de pure invention, qu’importe, puisqu’ils semblent vrais. »

 Ne ratez pas les avis des amis Claude le Nocher et l’Oncle Paul.

19 réflexions sur « Autopsie d’un bouquiniste de François Darnaudet (Wartberg) »

  1. Bonsoir Pierre
    D’abord merci pour le lien, et ensuite nous partageons le même avis sur ce roman : une bouffée de fraîcheur dans le monde des libraires, des bouquinistes, des livres, avec en arrière-plan la figure tutélaire de Chester Himes qu’il faudrait que tu découvres.
    Amitiés

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