Les anglo-saxons appellent ça un prequel. Théodore Daquin, policier que l’on a adoré dans Sombre sentier, À nos chevaux ! et Kop (tous disponibles chez Rivages Noir), revient dans une enquête époustouflante. Forcément, il est plus jeune, il a 27 ans et plein d’illusions.
Ce roman se déroule entre le 11 mars et le 1er avril 1973. Théodore Daquin débarque dans une ville qu’il ne connait pas, Marseille. Quand il se présente au commissariat, on l’envoie sur une fusillade qui a eu lieu à la Belle de Mai. Il faut dire que depuis la chute de Guerrini, les morts tombent comme des mouches. L’un des morts s’appelle Marcel Ceccaldi, c’est l’un des hommes de Francis le Belge. C’est donc à nouveau un règlement de comptes.
Mardi 13 mars 1973, 3 heures du matin. Un couple sort du casino de Palais de la Méditerranée. Il a la cinquantaine, elle a la trentaine. Il lui remet le châle sur ses épaules. Une moto arrive, s’arrête. Un révolver est brandi, un coup de feu éclate, puis deux, puis cinq, puis dix. L’homme qui accompagnait la jeune femme vient d’être abattu de dix balles sans que celle-ci ne soit touchée. La moto repart.
La jeune femme est américaine et s’appelle Emily Frickx. C’est l’épouse de Michael Frickx, le directeur de la succursale européenne de CoTrade, l’une des entreprises de trading des matières premières. Le mort s’appelle Maxime Pieri. Ancien résistant, il a participé à la mise en place de l’Héroïne pour le clan Guerrini, puis s’est rangé pour créer une société de transport maritime. Alors que tout le monde veut faire passer ce meurtre pour un règlement de comptes, Daquin va mettre le doigt dans une affaire bien plus importante : le commerce du pétrole à quelques jours de la crise pétrolière.
Dominique nous démontre tout son savoir faire dans ce roman. Il n’y a strictement rien à dire du coté de l’intrigue, qui part d’un meurtre dans la ville de Nice, dans un contexte de guerre des gangs pour le trafic de drogue. Et déjà là, Dominique Manotti nous explique les dessous de ce trafic, avec les parrains qui sont des anciens de la résistance et qui ont pu développer leur marché avec la bénédiction des politiques. Jusqu’à ce que la CIA ne décide de financer ses opérations par la drogue. A ce moment là, la plateforme française fait tache d’huile, et c’est la chute de la French Connection.
Mais encore une fois, ce n’est pas là le sujet. Les chapitres alternent entre Daquin et Michael Frickx, ce dernier personnage nous dévoilant les dessous de la crise pétrolière et la décision de l’Iran à sortir de l’OPEP et à vendre par elle-même son pétrole. Dominique Manotti nous prend par la main et nous montre tout, sans exception : l’implication des politiques de certains pays, les services de police qui ferment les yeux à certaines exactions, les tankers pirates, le détournement d’argent, les montages financiers des sociétés et les paradis fiscaux. Et tout cela est connu mais on ferme les yeux puisque Pieri est une figure de la réussite des entreprises marseillaises.
Il serait injuste de réduire ce roman à un cours. C’est bel et bien un polar, un super polar bien construit, avec plein de personnages secondaires qui ne le sont pas. A la limite, on aurait aimé que Daquin soit plus convaincant pour que ce roman soit un coup de cœur. Ceci dit, un roman qui vous apprend plein de choses, en plus d’être un très bon polar, ça ne court pas forcément les rues. Merci Madame Manotti.
Ne ratez pas les avis de Lesièclebleu, et des amis Yan et Jean-Marc
Je ne connaissais pas Daquin, mais ici, j’ai trouvé que ce personnage manquait de profondeur, manquait un petit quelque chose pour en faire un personnage que j’apprécie vraiment. Le départ fut un peu long et laborieux, mais j’ai aimé lire la leçon sur les affaires noires ou blanches (selon le trafic).
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Comme toi, Belette. Tu peux mettre les autres Daquin qui sont parus chez Rivages noir dont Nos fantastiques années fric. 😉
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Pierre, tu exagères ! Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Pierre !! Mdr
Grrrrr, mes finances !
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