Jour de colère de Diego Arrabal (Arcane 17)

Alors que cela fait 40 ans que Franco est mort, de nombreux polars reviennent sur l’histoire de l’Espagne, et ses moments les plus noirs. Ce roman revient sur les enfants volés du franquisme, et j’ai eu l’occasion de lire deux romans à ce sujet, et si le fond et le contexte étaient les mêmes, la forme en était bien différente. Il y a eu L’hiver des enfants volés de Maurice Gouiran (Jigal) qui était un polar dur. Il y eut Mala Vida de Marc Fernandez (Préludes) qui était un polar rythmé. Voici Jour de colère de Diego Arrabal (Arcane 17) qui est un pur roman policier.

Nancy, novembre 2003. L’assemblée générale de la congrégation religieuse Les Filles de la Charité de Saint Lazare a lieu l’hôtel Park Inn. Au petit déjeuner, le père Eduardo Carril s’inquiète de l’absence de sor Lucía de Fatima et sor María del Carmen. Il demande à sor Juana d’aller voir dans leur chambre si elles ne sont pas souffrantes. Dix minutes plus tard, la nouvelle tombe : les deux sœurs sont mortes dans leur lit.

Le commissaire Ney débarque peu après. Connu et apprécié de ses collègues, c’est un policier foncièrement honnête et doté d’un sens de la logique remarquable. Quand il entre dans la chambre des deux sœurs, il les découvre allongées dans leur lit et une poupée dont on a détruit le visage dort à coté de chacune d’elles. Le fait qu’elles aient été étranglées confirme la thèse du meurtre.

Le commissaire Ney, à cause de la nationalité des deux sœurs, va fouiller la psychologie des deux sœurs, qui s’avéraient extrêmement sévères envers tout manquement. Il pense tout de suite à des relations avec leur passé en Espagne. Il s’avère d’ailleurs que les deux sœurs ont été infirmières par le passé. A-t-on affaire à une vengeance ? Le mystère à résoudre si tue bien au niveau du mobile du meurtrier.

Comme je l’ai dit en introduction, la forme de ce roman policier est bien différente des deux précédents romans que j’ai pu lire sur le même sujet. Et dès les premières lignes, ce qui frappe, c’est la beauté de la langue employée. On a affaire ici à une écriture inspirée, simple mais remarquable. Les pages présentant la ville de Nancy sont, de ce point-de-vue là, très imagées et très justes.

La deuxième chose que j’ai particulièrement apprécié, c’est ce personnage de policier. C’est un enquêteur à l’ancienne, qui est très brillant dans ses interrogatoires, et qui est capable de déduire la psychologie de la personne qu’il a en face de lui. Par conséquent, l’enquête avance beaucoup grâce aux nombreux dialogues, qui sont fort bien faits et qui laissent la part belle au lecteur quant aux réactions des gens interrogés.

La troisième chose que je voulais signaler, c’est l’extrême rigueur de l’intrigue. On se rend compte en avançant dans le livre, que l’auteur a mis beaucoup d’application dans le cheminement de son histoire. C’est le genre de roman où l’on ne trouvera pas d’incohérence ou d’indice tombé du ciel. Et c’est extrêmement plaisant de se laisser guider, mais aussi d’avancer au même rythme que le commissaire Ney sans que l’on ait l’impression que l’auteur nous cache des choses.

Ne croyez pas pour autant que ce roman est dépourvu d’action. Le commissaire Ney va être amené à aller en Espagne pour résoudre son enquête et nous aurons droit à quelques scènes qui, si elles ne sont pas impressionnantes, sont d’une belle efficacité. Et puis, il a ce chapitre 9, pierre angulaire du roman, qui détaille tout ce trafic d’enfants horrible, qui se fait sous forme de dialogue, et qui est écrit sans émotions, de façon très journalistique et qui n’en est que plus révoltant. Rien que pour ce passage là, il faut lire ce livre, remarquable à bien des égards.

Ne ratez pas l’avis de l’ami Claude

21 réflexions sur « Jour de colère de Diego Arrabal (Arcane 17) »

    1. Permets moi de te remercier … et de te dire que tu n’es pas sortie de l’auberge. J’ai pas mal de billets en avance et donc je choisis les livres que j’ai préférés. Bref, j’espère que tu seras au rendez vous pour les prochains, dont un grand livre de poche ce vendredi ! BIZ

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      1. c’est cruel… surtout que plus ça va, moins j’ai le temps de lire !!!!!!!!( enfin des vrais livres pour adulte car je viens de passer 3 semaines sur les sorcières ( j’ai fait un tabac avec Cornebidouille ), et je vais bientôt plonger dans noel!!!!!!!!!!!!!!!!)

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  1. Bonne soirée Pierre,
    Merci de m’avoir conseillé, ce livre, après la lecture de « L’hiver des enfants volés ». 🙂
    Après l’avoir reçu très rapidement. Je m’y suis plongée avec délices en appréciant l’écriture de cet auteur pour moi totalement inconnue. De facture classique et à laquelle j’ai vraiment bien adhéré de par le talent de l’auteur, je me suis laissée bercer par cette enquête qui est tout de même nettement différente du livre cité dans ce commentaire (l’hiver des enfants volés). Diego Arrabal a beaucoup d’humour caustique vis à vis de tout cet univers monacal. Bref, il m’a bien fait rire par les mots utilisés. C’est tellement bien vu, bien observé, noté, disséqué. Il égratigne, perso, je m’en fiche, et il n’a pas tort, là est mon avis bien entendu. Cela m’a rappelé des choses vécues chez les sœurs en étant petite avant mes huit ans fort heureusement. Expertes en humiliations.

    J’ai aimé plonger dans le côté historique inconnu par moi de tout cet épisode franquiste, que depuis Bruxelles, j’ai très peu écouté au niveau politique, même si mon père était communiste. A la maison assez compliqué, un beau meltingpot au niveau des idées.

    L’essence même du livre repose sur une enquête que je trouve simple, facile à lire. Toutefois, j’ai lu le livre en vingt-quatre heures. 🙂 Je deviens passionnée du sujet du sort de ces enfants. De ceux qui recherchent leur identité et se retrouvent bloqués vis à vis, à l’heure actuelle, des régimes en place par l’église ou d’autres voies « impénétrables » 😉
    J’ai oscillé entre révolte, grand intérêt pour et l’histoire (historique de l’époque), et le récit en tant qu’enquête. J’ai aimé le personnage de l’enquêteur et de cette fine équipe de « potes » qui font leur travail en essayant de temps en temps d’oublier ce qu’ils peuvent endurer la journée. Ce thème est assez récurrent dans les policiers.
    Pour le côté négatif pour moi-même, c’est la difficulté de pouvoir retenir les noms Espagnols. 🙂 Le début du livre ce fut facile, après je me suis un peu mélangée les pinceaux, toutefois je n’ai rien lâché 😉
    Je n’ai pas lu les commentaires pour ne pas être influencées par elles.
    Quant à la recherche d’identité de ces enfants, je me sens proche de leurs ressentis.
    Bonne semaine après ce lundi de Pâques. 🙂
    Amicalement.
    Geneviève

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      1. Merci Pierre, Oui, j’y ai pensé. J’ai lu trois livres en une semaine dont celui-là. Je me suis dit que je viendrais faire des copier-coller des mes deux chroniques sur ces deux livres. Le premier cité m’a vraiment laissé une forte impression pendant plusieurs jours. Impossible de me défaire des mots, de l’écrit. Ceci n’est pas pour me déplaire et confirme que le livre était excellent. Je reviendrai donc prendre les mots que j’ai postés chez toi et en ferai les deux chroniques sur mon blog et les posterai aussi chez Babelio 🙂 j’y suis inscrite. Bonne fin de journée à toi et un grand merci encore. Les deux autres que tu m’as suggérés sont en attente. 🙂 Bizz

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  2. Coucou,
    Je suis mdr !, j’avais oublié que j’avais déjà commenté. Heureusement que je l’ai fait dans la foulée, car les mots doivent être, du moins c’est ce que je ressens, écrits de suite, sinon ceux-ci s’envolent et perdent de leur efficacité.
    Il m’en reste encore un dans ce que tu m’as conseillé à lire. Je laisse un peu de côté les enfants, avec un intermède d’une saga de trois tomes sur la découverte de l’Australie, vraiment bien documentée sur les autochtones de l’époque, il y a 28.000 ans jusqu’à la découverte par Cook des côte de ce grand pays. Les Britanniques ont été monstrueux dans l’éradication, ainsi que tous les Européens dans cette élimination ethnique. Il y a eu un reportage sur Arte à ce sujet, mais nullement a été abordé ce qui s’est passé au moment de la colonisation. Comme par hasard. Cela rejoignait d’une autre manière les deux livres cités ici sur ce trafic d’enfants et qui malheureusement est encore tellement d’actualité partout dans le monde.
    A bientôt pour un autre commentaire sur une autre lecture 😉
    Amicalement.
    Geneviève
    ps : J’espère que tu ne m’en veux pas trop de mes longues réponses. 🙂

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    1. Ah mais non je ne t’en veux pas, bien au contraire. D’ailleurs, en ce qui concerne les enfants, et sur un sujet qui n’a rien à voir avec l’Espagne et Franco, je te conseille fortement Les ombres innocentes de Guillaume Audru. Je ne peux t’en dire plus car le sujet réel du livre est dévoilé sur la toute fin du roman. C’est un deuxième roman d’un grand auteur en devenir ! Amitiés

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  3. Bonsoir Pierre,
    A propos des enfants volés, as-tu regardé le documentaire sur Arte et ce qui s’est passé en RDA avec la STASI ? Exactement pareil que dans ce qui a été écrit dans ce livre ci, Bon m’en vais mettre la chronique de ce livre sur mon nouveau blog 😉
    Heureusement que je laisse des traces chez toi. 🙂 C’est pour moi un échange plus humain que de mettre la chronique ainsi. 🙂
    Bonne soirée et merci pour tes bons conseils ci-dessus.
    Bises.
    Geneviève alias brindilles33 🙂

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    1. Salut Genevieve, pas vu le commentaire mais effectivement, c’était dans le même but. Et arrêtons de se leurrer, cela a existé pas si loin de chez nous, chez nous même dans une moindre mesure, mais quand même (voir Les ombres innocentes de Guillaume Audru. Amitiés

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      1. Coucou et bonsoir Pierre,
        Je ris et je sais pourquoi tu n’as pas vu…..l’avatar de ma copine est trop pâle. Rions, c’est mieux 🙂 C’est la raison pour laquelle je viens te faire un petit bonsoir, avant de laisser « ma copine » continuer à lire…lol
        Bises et bon dimanche et un grand clin d’oeil.

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