Amnésie de Serge Radochévitch (Editions Territoires Témoins)

Le sujet de l’amnésie a été maintes fois traité dans le polar, et dans la littérature en général. Quoi de mieux, en effet, que de partir d’un personnage qui a tout oublié et qui se retrouve vierge, sans passé. Le roman de Serge Radochévitch en est une déclinaison.

Pierre-Julien Renouard est un jeune homme de 29 ans qui a un poste de commercial. Alors qu’il revient d’un rendez-vous d’affaires, il a un accident de voiture. Le traumatisme crânien n’est pas grave au point d’intenter à sa vie, mais il passe tout de même un mois dans le coma. Quand il se réveille, il s’avère qu’il est amnésique.

Cet événement dramatique va surtout marquer ses proches. Si lui se laisse aller, presque bercer par le temps qui passe, ce sont ses parents, ses amis qui vont vouloir le retrouver comme il était avant. Alors, ils vont lui rappeler des souvenirs qu’il a perdus, et qu’il n’a pas forcément envie de retrouver. En particulier, il apprend qu’il est divorcé parce qu’il était violent envers sa femme. Le fait qu’il se fasse virer de son travail va lui donner l’occasion de disposer de la liberté qu’il recherche.

Après avoir décidé de tirer un trait sur son passé et d’avoir amputé son prénom (il devient dorénavant Julien), il passe ses journées à se promener et ses soirées dans des bars. Il fait la connaissance d’un jeune homme qui habite dans un camping. Daniel lui montre un roman qu’il a écrit et Julien lui propose de le lire pour lui donner son avis. Comme il a rencontré Michelle, une journaliste, il a la possibilité de lui donner un coup de pouce. Sauf que … il décide de dire à Michelle que c’est lui l’auteur de ce roman.

Voilà une variation sur le thème de l’amnésie qui présente des aspects très positifs et d’autres qui me laissent sur ma faim. Ce qu’il faut savoir, c’est que ce roman est globalement construit selon trois actes, comme une pièce de théâtre. La première concerne la sortie de Pierre-Julien de l’hôpital ; La deuxième parle du vol du roman et la troisième de l’enquête d’un journaliste … mais je ne peux vous en dire plus sans dévoiler complètement l’intrigue, et ce serait dommage.

Si la construction est très carrée, je dois dire que cela donne un roman avec une intrigue efficace. D’ailleurs, le format relativement court du roman le prouve. Ensuite, les dialogues sont très bien faits. Il y a une vraie recherche pour en dire le juste nécessaire. Enfin, le thème abordé, l’air de rien, est bien : est-on foncièrement mauvais ou devient-on mauvais ? Quelle part le hasard tient-il dans la trajectoire du commun des mortels ? Et il est presque dommage que le roman soit si explicite à la fin. J’aurais aimé qu’il y reste une part de mystère … mais bon !

Sinon, je suis resté surpris et dubitatif devant certains effets de style qui m’ont laissé pantois. Passer dans une scène d’une narration à la troisième personne puis, sans prévenir à la première personne, est très surprenant. A tel point que l’on se demande qui parle. De même, j’ai trouvé la première partie peu passionnante, la faute peut-être à certains manques de développement de certaines scènes, alors que dès que Julien rencontre Daniel, le roman prend son envol.

Voilà donc un nouvel auteur épinglé sur Black Novel dont le roman aborde le thème de l’amnésie … mais pas seulement. En tous cas, je suis curieux d’avoir votre avis.

6 réflexions sur « Amnésie de Serge Radochévitch (Editions Territoires Témoins) »

  1. Bonsoir Pierre
    Lu et apprécié mais je n’en dis pas plus, ma chronique devant paraître demain. C’est le troisième roman de l’auteur que je lis et je suis toujours conquis.
    Amitiés et joyeux Noël à retardement ou Bonne année avec un peu d’avance. Au choix

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    1. Bonsoir Paul, j’attends donc ton vais demain. C’était mon premier, j’ai été gêné par quelques aspects dont je parle, et j’ai bien aimé l’ensemble. Je te souhaite évidemment une excellente année 2016. Et après l’année série noire, tu nous fais une année Rivages ? Amitiés

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    1. Cela peut être un interprétation du livre, Willow. En fait, l’auteur laisse au lecteur la possibilité de lire son roman à son niveau. Les scènes alternent entre présent et passé et on peut le penser. Mais on peut aussi penser qu’il est un fin manipulateur. Amitiés

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