Oldies : Collabo-song de Jean Mazarin (Zulma)

C’est le billet de l’Oncle Paul sur le dernier roman paru cette année, qui s’appelle Handschar qui m’a donné l’idée de fouiller dans mes bibliothèques pour en ressortir ce roman. Ce roman est sorti au Fleuve noir en 1982, s’est vu décerner le Grand Prix de la Littérature Policière en 1983 et a été réédité chez Zulma en 1999.

L’auteur :

René-Charles Rey quitte la Tunisie en 1961. Il est ensuite enseignant durant deux années, puis travaille pour une entreprise de sondage pendant une dizaine d’années. Au milieu des années 1970, il décide de vivre de sa plume. Il signe sous le nom Emmanuel Errer des romans noirs, d’espionnage et de politique-fiction, puis sous le nom Jean Mazarin des romans policiers et de science-fiction, et sous le nom Charles Nécrorian des romans d’horreur.

Sous le nom de plume de Jean Mazarin, il a reçu le Grand prix de littérature policière 1983 pour Collabo-Song. Pour le cinéma, il est chargé d’imaginer les scènes gore du film Les Prédateurs de la nuit de Jesús Franco (1988). À la fin des années 1980, il se tourne vers la télévision et devient scénariste de séries telles que Un privé au soleil, Navarro, Les Cordier, juge et flic ou Malone, pour lequel il reçoit le grand prix du Télépolar au festival de Cognac en 2004.

Quatrième de couverture :

C’est la guerre, Paris est occupé par les Allemands. Epouse insatisfaite, Laure Santenac se laisse entraîner dans les soirées mondaines. Rencontres et manipulations s’enchaînent. Au printemps 1943, Laure disparaît pour toujours.

Des années plus tard, les témoignages diffèrent.

Laure Santenac, une victime ? Une femme du monde trop légère ? Une meurtrière ? Pire, une délatrice qui aurait vendu des innocents à la Gestapo ?

Mon avis :

Après un début fait à base de témoignages, qui parlent de Laure Santenac, l’histoire de cette jeune femme, mariée à un chirurgien parisien, malheureuse en couple, démarre. Après une fausse couche, elle se retrouve incapable de faire des enfants. Elle a l »impression que son mari la délaisse, la trompe. Petit à petit, elle va sortir de son coté et fréquenter des amis, bien intégrés dans la grande société allemande qui profite de Paris.

Dire que ce roman est maitrisé est un euphémisme ! ce portrait de jeune femme, innocente, commune, qui ignore ce qui se passe en France et qui ne veut surtout pas savoir, nous montre en fait ce qu’a du être la société française. Entre les collabos et les résistants, il y eut toute une frange de la société qui a tenté de vivre, et pour certains qui a bien vécu. Ce roman se veut surtout une descente aux enfers d’une jeune femme en manque d’amour et qui se laisse entrainer dans les méandres de la collaboration … par vengeance, par mesquinerie.

La descente aux enfers va lui montrer les dessous peu reluisants mais du haut de sa fierté, elle tournera le regard pour ne pas voir, par exemple, les jeunes gens en sang qui sortent d’une salle de torture. Les événements de la guerre ne sont là que pour marquer un instant dans l’échelle de temps, car sa réaction est finalement très détachée par rapport à ce qui se passe si loin des frontières.

Ce roman, s’il ne juge personne, montre finalement un comportement foncièrement humain, qui consiste à ne s’intéresser qu’à sa petite personne, même quand le voisin est à l’agonie et qu’il hurle de douleur. En ce sens c’est un roman exemplaire et foncièrement moderne, car l’Homme a finalement bien peu évolué de ce point de vue là.

Et ce n’est pas tout. On se demande bien au début, pourquoi quelqu’un s’intéresse à une personne aussi peu insignifiante. Tout ce qui est dit dans les témoignages est justifié au fur et à mesure du roman, dans le moindre détail, mais on ne sait toujours pas pourquoi avoir introduit le roman de cette façon. Il faudra attendre la dernière page, et un retournement de situation en forme de pied de nez qui est, et je ne trouve pas d’autre mot, extraordinaire.

Vous allez avoir des difficultés à trouver ce roman sous forme papier, puisqu’il doit être épuisé depuis longtemps. Sachez qu’il est réédité sous format numérique chez French Pulp Editions, et que ce roman mériterait largement une réédition papier digne de ce nom.

10 réflexions sur « Oldies : Collabo-song de Jean Mazarin (Zulma) »

  1. Bonsoir Pierre
    Si certains romans qui se sont vu attribuer le Grand Prix de littérature Policière m’ont laissé sur ma faim, celui-ci est amplement mérité. Depuis la petite histoire de la grande Histoire est largement développée par les auteurs de romans noirs, mais c’était presqu’une première d’oser aborder ce sujet sensible vu du côté du quotidien.
    Merci et à Bientôt
    Amitiés

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  2. C’était le temps (que les moins de 20 ans…) où se publiaient des romans de 200 pages maxi et qui valaient 10 balles. Des bouquins qui pouvaient en dire autant et parfois mieux (« Collabo-Song » en est l’exemple type) que maints pavés actuels. Extraordinaire la chute, c’est rien de le dire. Et inoubliable pour qui a lu ou lira le roman…
    Amitiés.

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    1. Salut Claude, je ne sais pas si les éditions Zulma en ont encore des exemplaires; c’est pour cela que j’ai fait cet appel au secours ! Ressortez ce livre ! Tu as bien fait de mettre ton lien, je ne l’avais pas trouvé ! Amitiés

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