Le chouchou du mois de mai 2016

Le mois de mai, c’est normalement un mois où les températures remontent, où l’été se profile. Pour moi, c’est surtout le mois de l’anniversaire du blog. Eh oui, Black Novel a pris un an de plus, ça lui fait maintenant 7 ans. C’est donc l’occasion pour moi de vous remercier une nouvelle fois de passer chez moi lire mes avis.

Avec ses journées fériées, le mois de mai est traditionnellement pour moi un mois rempli de lectures et de chroniques. J’aurais donc eu l’occasion de chroniquer des grands formats mais aussi beaucoup de romans au format poche, ce qui n’est pas un mal pour votre portefeuille ! Mais honneur avant tout au coup de cœur (le deuxième de 2016 seulement !) et c’est pour une réédition en grande pompe puisqu’il s’agit de Fausse piste de James Crumley (Gallmeister). Quelle géniale idée de ressortir ce roman dans une nouvelle traduction et de l’agrémenter de dessins en noir en blanc qui mettent tout de suite dans l’ambiance. C’est un roman à ne pas rater, assurément, de ceux qui ont construit la légende du polar.

Parmi les billets sur les romans en grand format, je noterai le dernier roman en date de Sam Millar et troisième enquête de Karl Kane, Un sale Hiver (Seuil) qui est une enquête noire comme sait le faire si bien cet auteur irlandais pas comme les autres. Il y aura eu aussi des romans des auteurs dont j’ai décidé de lire leur production car je crois en leur capacité à écrire un grand livre. Ainsi, dans Alice change d’adresse (HC éditions), Michel Moatti délaisse Londres pour un roman purement psychologique, une plongée dans un esprit malade qui se révèle bigrement original. La rose oubliée d’Alexandre Geoffroy (Ex Aequo), deuxième roman de son auteur, démontre par sa facilité à mener son intrigue, que l’on peut en attendre beaucoup à l’avenir. Gisants les Rouen de Roland Sadaune (Val d’Oise éditions), dont je suis de plus en plus fan part d’un fait réel pour nous emmener dans un mélange des genres entre roman policier, thriller, roman noir et course poursuite, sans oublier une excellente psychologie des personnages. Enfin, Froid comme la mort d’Antonio Manzini (Denoel) qui est la deuxième enquête du vice-préfet Rocco Schiavone est un pur roman policier et une nouvelle fois une franche réussite.

En ce qui concerne les romans au format de poche, ma préférence va à Quelques pas de solitude de Pascal Dessaint (Editions de la contre-allée), où l’auteur se livre à nu, une novella tout en subtilité que j’aurais plaisir à re-parcourir à l’occasion. Effroyables jardins de Michel Quint (Folio), c’est un classique de la littérature, ou du moins il devrait être classé comme tel. C’est une terrible histoire qui se déroule sur une terrible période et c’est écrit avec tant de minutie, tant de précision que l’on ne peut qu’être ébahi par le talent démontré. Du coté des lectures plus légères, j’ai été plus emballé par Qu’ils crèvent de Michel Vigneron (Pole Nord éditions), qui est une plongée réaliste dans les bas-fonds de Cayenne, avec un univers ultra-violent, que par L’ange noir de John Connoly (Pocket), dont l’intrigue m’a paru trop tirée par les cheveux.

Le titre du chouchou du mois revient tout naturellement donc à un premier roman : Cavale pour Leïa de Marius Faber (Toucan). Car c’est un roman de pure action, 100% adrénaline, qui va à 100 à l’heure et que l’on peut arrêter une fois qu’on l’a commencé. Tout au long des 500 pages, l’auteur montre une facilité et une maîtrise impressionnante et l’on est heureux et soulagé de l’avoir fini, épuisé de bonheur.

Voilà, je vous donne rendez vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. D’ici là, n’oubliez pas le principal, lisez !

Publicité

L’ange noir de John Connolly

Editeur : Presses de la cité. Format poche : Pocket

Traducteur : Jacques MARTINACHE

Je continue ma découverte de l’univers de Charlie Parker, le personnage récurrent de John Connoly avec sa sixième aventure.

Quatrième de couverture :

Hanté par l’assassinat de sa femme et de sa fille, Charlie Parker a quitté son métier de flic pour devenir détective privé.

Quand disparait Alice, jeune prostituée toxicomane, il se sent obliger d’enquêter, car elle est liée par le sang à Louis, son bras droit, et celui-ci remuerait ciel et terre pour retrouver celle qu’il s’était de protéger.

Bientôt leur enquête les mène sur les traces d’un mystérieux Mexicain, sculpteur sur os, et d’un obèse goitreux des plus inquiétants. Très vite, Parker est précipité dans un atroce cauchemar qui le conduira jusqu’en Europe. Pourtant il avait juré de ne plus s’approcher du Mal. Mais qui pouvait prévoir que le Mal s’approcherait de lui?

Une intrigue forte dans une atmosphère très noire, un héros bouleversant qui nous mène jusqu’au bout de la nuit. Un grand John Connolly.

Mon avis :

Alors que Charlie Parker devrait être joyeux, puisqu’il prépare le baptême de sa fille, il est de plus en plus harcelé par les esprits de sa femme et de sa fille. En plus, ses relations avec Rachel se refroidissent, puisqu’elle ressent le Mal roder autour de Charlie. Quand la tante de Louis lui demande de retrouver sa fille, Charlie sait qu’il doit faire preuve de loyauté envers son ami, mais qu’il va encore une fois être confronté au Mal, et que cela ve encore l’éloigner de sa femme.

Si le début du roman est emballant, j’ai été surpris par la tournure que celui-ci prend par la suite. A lire la quatrième de couverture, je pensais que l’auteur prendrait des distances avec Charlie Parker pour nous en dévoiler un peu plus sur Louis. Mais on se retrouve avec une enquête dans les bas-fonds de Portland, qui ressemble à une application de ce qui a fait le succès de la série jusque là.

Quand, en plus, les méchants ne sont pas si effrayants que cela, même si certaines scènes sont redoutablement réussies, et que la nièce en question meure au milieu du livre, j’ai eu l’impression que l’intrigue s’étirait en longueur, et que la liaison avec une ville maléfique d’Europe de l’est était capillo-tractée (tirée par les cheveux). Au final, c’est plutôt un épisode de plus qu’une enquête qui fait avancer la série.

Froid comme la mort d’Antonio Manzini

Editeur : Denoel – Sueurs froides

Traduction : Anaïs Bouteille-Bokobza

Voici la deuxième enquête de Rocco Schiavone, vice-préfet à Aoste après l’excellent Piste Noire. Pour résumer mon avis, dans ce deuxième roman, on prend les mêmes recettes que le premier et on enfonce le clou. Je vous offre le tout début du roman qui donne le ton et montre l’humour cynique que j’adore :

« C’était le mois de mars, où les journées offrent des instants de soleil et la promesse du printemps à venir. Des rayons encore tièdes, souvent fugaces, qui colorent le monde et ouvrent à l’espoir.

Mais pas à Aoste. »

Irina, originaire de Biélorussie, vit de ménages qu’elle fait chez les gens soit âgés, soit fortunés. Elle est amoureuse d’Ahmed, originaire d’Egypte, et espère bien qu’il l’épousera. Ahmed a un fils, Helmi, de 18 ans, qu’elle accepte volontiers. Arrivée chez les Baudo, la porte de l’appartement est ouverte. Inquiète, elle entre et voit le désordre qui y règne. Elle comprend qu’il vient d’y avoir un vol. Puis, elle imagine que les voleurs sont peut-être encore là ! Alors, elle ferme la porte d’entrée à clé et se jette dans la rue en hurlant comme une damnée … Jusqu’à ce qu’elle rencontre un adjudant de l’armée en retraite qui promène son chien aveugle.

Rocco Schiavone a un gros problème : la femme avec qui il passe quelques nuits, Nora, va bientôt fêter son anniversaire. Il doit donc trouver un cadeau qui ne l’engage pas trop, mais qui lui fera plaisir. Quand ils reçoivent l’appel téléphonique, Rocco et son adjoint Italo foncent Via Brocherel. L’appartement est en effet en grand désordre. Un téléphone portable est en miettes dans la cuisine. La porte de la chambre est fermée mais pas à clé, et plongée dans la pénombre. Rocco actionne l’interrupteur quand les plombs sautent : il y a eu un court-circuit. Quand Italo propose d’ouvrir les volets, ils découvrent Ester Baudo pendue. Si on peut penser à un suicide, Rocco se demande comment une personne peut, après son suicide, fermer les volets et éteindre la lumière. Assurément, Rocco a devant lui un emmerdement puissance 10.

Il suffti de lire le premier paragraphe pour être conquis par le personnage de Rocco Schiavone, ce vice-préfet (équivalent de commissaire chez nous), doué d’une déduction et d’une intuition hors norme et qui traite ses contemporains comme des moins que rien. Cela donne des remarques méchantes, des situations drôles et des dialogues parfois décalés parfois cyniques. Le roman comporte une intrigue construite avec toutes les qualités que j’avais aimé dans le premier : un meurtre, une énigme difficile à résoudre, des indices semés au long des 250 pages du livre et une résolution toute en logique.

A cela, on ajoute ce formidable personnage à la fois méchant et attachant. On en apprend un peu plus sur son passé, ou du moins sur la raison pour laquelle il a été muté à Aoste, au milieu des montagnes, les pieds enfoncés dans la neige qu’il déteste. On a aussi droit à un personnage dont on creuse un peu plus la psychologie, sa soif de justice et la tentation de la vengeance à tout prix, ainsi que la loyauté envers ses amis. Bref, cela peut sembler classique, mais quand c’est aussi bien fait et bien écrit, cela donne du pur plaisir. Je tiens aussi à signaler l’excellent travail de la traductrice qui arrive à rendre aussi bien tout l’humour des situations et du personnage. Bravo !

Gisants-Les-Rouen de Roland Sadaune

Editeur : Val d’Oise éditions

J’ai la chance depuis quelques années de pouvoir chroniquer les romans de Roland Sadaune. Et j’adore cet auteur, car il fait la place belle à ses personnages, des gens comme vous et moi, dans des intrigues qui mélangent le roman noir, le roman à suspense et le thriller. En tous cas, le contexte est toujours d’actualité et intéressant. Ce roman ne fait pas exception à la règle, jugez en plutôt :

La ville de Rouen a décidé de placer en priorité le tourisme. La mairie a donc fait paraitre un arrêté qui exige de sortir les Sans Domicile Fixe du centre ville, car cela risque d’altérer la bonne image que pourraient avoir les touristes de cette belle ville de Normandie. Les SDF se retrouvent donc embarqués dans des cars, et emmenés … ailleurs. D’aucuns disent qu’on ne les revoit plus …

Mathieu Lancaster est un jeune auteur qui a écrit un premier roman, Si tu savais … qui a reçu un accueil favorable. Son deuxième roman, L’amour sans toi est, aux dires de son éditeur promis à un grand avenir. D’ailleurs, il vient d’être sélectionné pour le prestigieux prix Jeanne d’Arc. Tout le monde s’accorde d’ailleurs à dire que son roman est le meilleur des 6 en lice. Mais, c’est la grande désillusion quand c’est un autre roman qui gagne le prix. Mathieu, dégoutté, désespéré, va s’exiler dans la maison de campagne familiale pour se ressourcer et retrouver l’inspiration.

Elise Verdoux est capitaine de police à Rouen. Elle a affaire avec une série de meurtres mystérieux : 2 policiers territoriaux et un SDF ont été retrouvés morts, avec la copie d’une photographie d’une vieille grille rouillée d’un portail dans la poche. Son adjoint le lieutenant Franck Person est sur d’une chose : la série va continuer tant qu’ils ne trouveront pas un cadavre avec l’original de la photo en question. Effectivement, un quatrième corps est bientôt retrouvé …

Avec un sujet comme ça, on se dit que l’on va avoir droit à un roman social qui va dénoncer des arrêtés municipaux aussi idiots que racistes. Certes, mais pas que …

Avec les corps que l’on retrouve, on se dit que l’on va avoir droit à une enquête policière épineuse et pleine de mystères. Certes, mais pas que …

Avec ses chapitres courts, son style fait de phrases courtes, on se dit que l’on va courir à perdre haleine dans un roman à la limite du thriller. Certes mais pas que …

Car on se retrouve bien avec un roman à la croisée des genres, dont l’une des qualités est de camper des personnages plus vrais que nature. C’est aussi une sorte de ballet, de jeu de cache-cache auxquels jouent nos personnages. Elise et Mathieu ont chacun leurs chapitres, jusqu’à ce qu’intervienne un troisième personnage, Keller, ancien amant d’Elise ; A ce moment, le duo devient trio avant de redevenir duo, dans un final sanglant et noir.

C’est donc un roman plein de surprises, plein de rebondissements, auquel nous convie Roland Sadaune. Et tout ceci est mené de main de maitre. Il faut dire que Roland Sadaune a écrit plus d’une trentaine de polars, donc tout est maitrisé à la perfection. Et puis, je retrouve dans ce polar toutes les raisons pour lesquelles j’aime cet auteur : ces personnages que l’on rencontre le temps de 300 pages, mais qui resteront longtemps cachés dans un petit coin de mon cœur. Une nouvelle fois, Roland Sadaune nous écrit un roman humaniste avec un peu plus de noir que d’habitude.

Ne ratez pas les avis des amis Claude et l’Oncle Paul

Qu’ils crèvent de Michel Vigneron

Editeur : Pôle Nord éditions

J’avais découvert Michel Vigneron dans une enquête de Luc Mandoline, Harpicide. Voici sa dernière création en date, où je retrouve les qualités que j’avais apprécié, même si la violence de certaines scènes m’a gêné.

Quatrième de couverture :

Quelques heures de la vie de deux policiers de la BAC de Cayenne, à la poursuite de tueurs qui ont massacré une vieille femme et un adolescent dealer de crack. Sur fond de règlements de comptes et de trahisons, une traque violente dans les bas-fonds de la capitale de la Guyane.

Policier pendant cinq ans en Guyane, Michel Vigneron a rapporté de son séjour outre-mer un guide touristique à ne pas mettre entre toutes les mains. Qu’ils crèvent ! est une plongée ultra-réaliste dans les multiples trafics et affaires criminelles qui rythment le quotidien de ses anciens collègues. La ville de Cayenne n’aura jamais été autant bousculée dans un polar !

Mon avis :

Cayenne, de nos jours. Nikson est un jeune homme qui ramène un paquet de drogue, du crack sur son scooter. Les flics l’arrêtent parce qu’il n’a pas de casque. Mais il arrive à sortir sans que personne ne s’en aperçoive. Rentré chez lui, des malabars débarquent et le torturent. Ils pensent qu’il a bavé aux flics pour être sorti si vite. Sa mère sort de la cuisine à ce moment là, et les truands n’hésitent pas une seconde, ils tuent la vieille dame.

José et Gaby font partie de la BAC et reçoivent un tuyau de leur indic Edwige. Un cambriolage est en cours. Ils tombent rapidement sur le voleur, qu’ils arrêtent. De retour au commissariat, on leur indique des coups de feu. Ils repartent et découvrent Nikson et sa mère morts au milieu de la salle à manger. La vieille dame est en fait la tante de José et c’est elle qui l’a élevé. La course poursuite commence.

Bienvenue à Cayenne, une ville de Guyane extrêmement pauvre. Les gens ne vivent que du tourisme et on y trouve une société ravagée par la prostitution, le crack et le SIDA. Bienvenue en enfer. Il faut donc avoir un moral d’enfer pour supporter cela au jour le jour. Les flics de la BAC courent d’un crime à l’autre , ne sachant plus où donner de la tête. C’est bien pour cela qu’un jeune arrêté sans casque peut ressortir dans le bordel ambiant du commissariat.

Pour le coup, il faut avoir le cœur bien accroché pour lire ce livre. Car Michel Vigneron ne nous cache rien, de la description des rues aux personnages, des scènes ultra-violentes au contexte. Il rentre dans les détails et nous montre des gens accros à la drogue et au sexe. Les flics dans ce contexte font ce qu’ils peuvent, essayant de faire régler un ordre qui ne veut plus rien dire pour la population.

C’est bien le coté réaliste d’un reportage qui fait toute la qualité de ce roman, allié à une intrigue tirée au cordeau dont la fin vous surprendra. Et le style est à l’avenant, sec, presque brutal. On sent aussi que ce roman tient à cœur à ‘auteur, qu’il a envie de nous ouvrir les yeux, sans rien nous cacher. Vous voilà prévenus, bienvenue à Cayenne, bienvenue en enfer !

Je ne peux que vous conseiller de lire cet article trouvé sur le Net ici, ainsi que d’aller faire un tour sur le site des éditions Pôle Nord éditions

Cavale pour Leïa de Marius Faber

Editeur : Toucan

Ce roman est une magnifique surprise. Il ne fait nul doute qu’il mérite un grand succès, et je suis sur, ou du moins, j’espère qu’il vous accompagnera sur les plages ensoleillées cet été, car vous tiendrez là un pur roman d’action. De l’action pure du début à la fin de ce roman qui comporte tout de même 520 pages.

Pierre Sic est un ancien militaire, ayant fait partie du Régime d’Infanterie de la Marine (RIMA, pour les ignares). D’un instinct bagarreur, à l’aise dans l’action, à la recherche d’émotions fortes, Pierre se laisse souvent emporter trop facilement par ses émotions. A la sortie de l’armée, il s’est reconverti en photographe de mode. C’est là qu’il a rencontré Annaleïa, l’Amour de sa vie.

Un an auparavant, ils finissaient des prises de vue à Saint Martin, et dégustaient un excellent repas avant de rejoindre la métropole pour se marier. Après une dispute idiote, Leïa sort du restaurant en colère. Pierre la rattrape en voiture, cherche à lui faire entendre raison, mais elle refuse toute concession. Quand il se gare un peu plus loin, et qu’il revient sur ses pas, à pied, elle a disparu. Cela fait un an qu’il déprime.

Ce matin là, son impresario, Gaston, aussi propriétaire de l’agence de mannequins Fashion Victim l’appelle. Il lui annonce qu’une autre de ses mannequins Lisa vient de disparaitre à Saint Martin. Comme il connait son passé de militaire, il lui demande un service : aller enquêter sur place. Peu intéressé de remuer un passé douloureux, Pierre lui promet tout de même de passer le soir même chez lui. Quand il arrive sur place, il y trouve deux corps, Gaston et Christelle son bras droit, et panique : il ferait un coupable idéal. Harcelé par Dallemagne, capitaine de police, son sang ne fait qu’un tour et s’embarque pour Saint Martin. Le marathon peut commencer …

Si mon résumé peut vous paraitre linéaire, sachez qu’il n’en est rien dans le roman. Les faits liés au passé de Pierre sont distillés au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue de façon très intelligente, très professionnelle, très maitrisée. Et c’est bien cela qui est remarquable dans ce roman : cette impression de facilité que l’on a tout au long de la lecture de ce beau pavé.

Ne vous y méprenez pas ! Si j’ai dit pavé, ce n’est en rien péjoratif. Du début à la fin, j’ai couru, j’ai couru, j’ai couru … à en perdre haleine. Car vous allez vous trouver avec un roman d’action, dans la plus pure tradition du genre, un vrai polar de divertissement très haut de gamme. En fait, Pierre Sic va nous emmener dans sa folie, son besoin d’action, à un rythme effréné du début à la fin. Vous avez bien entendu, le rythme ne va jamais baisser, les scènes vont se suivre, dans un déroulement parfaitement logique, et le lecteur que je suis, s’est laissé prendre, et a avalé ce roman en à peine trois jours. Ce premier roman est tout simplement incroyable.

Dans le roman, on y trouve tout de même deux parties, chacune liée à la motivation de Pierre Sic. La première est le besoin viscéral d’action pour partir à la recherche de la top-modèle disparue, Lisa. La deuxième est l’espoir de retrouver Leïa vivante. Tout cela pour vous prouver que, même si on est dans un excellent film, pardon, livre d’action, il n’est pas exempt de psychologie. De même, le style est très humoristique, plein d’autodérision, et tout cela ajoute au plaisir de la lecture.

Je vais vous dire : cela faisait un bout de temps que je n’avais pas lu un roman d’action aussi ébouriffant, aussi époustouflant, aussi épuisant. Cela faisait même une éternité qu’à la fin d’une lecture, je n’étais pas sorti avec un grand sourire, à la fois content du dénouement, mais aussi heureux d’avoir parcouru ce marathon, comme soulagé de l’issue proposée par l’auteur. Cela faisait longtemps que je n’avais pas fini un roman aussi fatigué, au sens propre comme au figuré. Bref, allez-y les yeux fermés, ce premier roman est une véritable bombe.

Je ne peux que vous conseiller l’avis de l’ami David qui a lui aussi adoré.

L’information du mardi : Polars en format électronique

Voici une sélection toute personnelle de quelques polars en format électronique dont on m’a fait part et que je vous partage :

L’ESTETA de Amadeo Alcacer (Santa Rosa)

Esteta

L’inspecteur Ivo Matich suit les traces d’un meurtrier avec lequel il a un compte personnel à régler. Dans sa quête, il sera secondé par Manuela Sepulveda, une jeune recrue du commissariat central de Santiago du Chili. Le criminel quant à lui, dérape, enchaîne les assassinats et devient complètement incontrôlable. Il sollicite de son côté, l’aide de la psychiatre Lucia Felipez qui commence à décortiquer sa psyché torturée.

Entre temps, un proxénète engage un tueur à gages à la solde de la mafia locale afin d’éliminer l’individu qui a supprimé trois de ses prostituées. Qui de l’exécuteur professionnel ou de l’inspecteur Matich mettra le premier la main sur cet expert de la mort ?

Ce soleil noir qui de son côté, tente de reprendre le cours de sa vie afin de parcourir les chemins de la normalité.

https://www.amazon.fr/LESTETA-Thriller-Amadeo-Alcacer-ebook/dp/B015VLUNQS

Traquenards d’Alan Brenham (Babelcube Inc.)

Traquenards

Il est hanté par le souvenir d’une affaire d’enlèvement qui a mal tourné…

Voulant éviter que l’histoire ne se répète, l’inspecteur Matt Brady se démène pour résoudre les disparitions de sept jeunes femmes, mais se retrouve rapidement confronté à une organisation criminelle bien au courant des procédures policières, et qui met tout en œuvre pour garder une longueur d’avance sur lui. Ses ennuis prennent une tournure plus compliquée quand une jeune vétérinaire se lance elle aussi dans l’enquête et prend des risques qui pourraient faire d’elle la huitième victime. Et quand il essaie de la protéger, il se retrouve dans la ligne de mire d’un tueur professionnel d’agents de police. Brady pourra-t-il résoudre l’affaire à temps, ou bien cette enquête lui sera-t-elle fatale à lui et sa nouvelle flamme ?

https://www.amazon.fr/Traquenards-Alan-Brenham-ebook/dp/B015X8DSBG/ref=sr_1_1?s=digital-text&ie=UTF8&qid=1463384798&sr=1-1

Echec et Maât d’Yves Corver (Auto-édition)

échec et maat17

Le cadavre d’un homme est découvert à Paris dans une voiture avec une plaque diplomatique. Le corps dénudé présente une plaie béante au niveau de l’estomac. À ses côtés, une statuette aux allures de momie égyptienne. Entre ses cuisses, une plume d’autruche blanche. La victime est membre du personnel de l’ambassade du Baoulanti. Meurtre rituel ? Règlement de comptes ? L’affaire est des plus délicates. La juge confie l’enquête à la commissaire Nathalie Vincenti, de la 1ère DRPJ de Paris, qui devra travailler dans la plus grande discrétion et tenir à tout prix la presse à l’écart. Jim Santiago, pigiste pour des quotidiens gratuits, est contacté par mail par un mystérieux correspondant se faisant appeler Imhotep. Ce dernier lui offre de retrouver sa place perdue de grand reporter, à condition qu’il accepte d’enquêter sur ce premier meurtre à l’apparence rituelle. Tout oppose les intérêts et les motivations du journaliste et ceux de la commissaire. Le premier doit découvrir et révéler les mobiles du tueur. La seconde a ordre d’éviter à tout prix le scandale. Dès lors, une partie de bluff s’engage entre les deux enquêteurs. Mais très vite, ils vont devoir se rendre à l’évidence. C’est Imhotep qui dicte les règles. Celle d’un jeu où chaque nouvelle victime est une étape de plus vers la découverte de la vérité. À propos de l’auteur : Après Genèse de l’enfer, Prix des lecteurs du Prix du polar VSD 2011, et La Nuit du Nouveau Monde en 2013, deux thrillers d’anticipation géopolitique, Yves CORVER nous livre ici un pur polar où s’entremêlent enquête policière et investigation journalistique.

https://www.amazon.fr/Echec-Maat-Yves-Corver/dp/2955072419?ie=UTF8&ref_=asap_bc

 

Le gagnant du concours Black Novel

Pour fêter les 7 ans de Black Novel, j’ai organisé un concours. Le lot était un polar, coup de cœur Black Novel, à savoir plusdeproblème.com de Fabrice Pichon (Editions Lajouanie).

Je vous rappelle la quatrième de couverture est celle-ci :

C’est la curieuse histoire d’un cadre criblé de dettes, harcelé par ses créanciers, humilié par le juge du surendettement, méprisé par sa famille mais chéri par sa maîtresse, qui se décide à se lancer dans l’élimination de ses semblables…

C’est aussi la drôle d’enquête d’un commissaire qui, traquant un immonde pourvoyeur de chair fraîche, croise la route d’un insaisissable tueur à gages… C’est donc, mais pas que, l’histoire de Sylvie, Marc, Marie et… Walter.

plusdeprobleme.com est un roman haletant, diablement bien construit et bigrement original. Les héros ? Le narrateur (un sacré schizo, grand amateur de whisky), le commissaire (une jeune femme, branchée demoiselle) et une ribambelle de seconds couteaux qui mènent l’enquête à un train d’enfer…

Vous retrouverez mon avis ici

La question était la suivante : Quel fut le titre du premier roman écrit par Fabrice Pichon ?

La bonne réponse était : Vengeance sans visage (Editions Citron Bleu)

Vengeance sans visage

Le nom du gagnant est : Alexandre Nerrière

Le livre sera envoyé dès cette semaine.

Je vous remercie d’avoir été aussi nombreux à jouer et j’espère que vous prendrez du plaisir à lire, que mes chroniques vous seront utiles pour vos choix de lecture, que vous n’hésiterez pas à me donner vos avis dans les commentaires. Je vous souhaite une nouvelle année pleine de lectures enrichissantes.

Je n’ai plus qu’à ajouter : Merci, à bientôt et n’oubliez pas le principal : lisez !

La rose oubliée d’Alexandre Geoffroy

Editeur : Ex-Aequo

A la lecture de ce deuxième roman d’Alexandre Geoffroy, jeune auteur ayant obtenu le Balai de la découverte pour Les Roses volées, on pourrait croire qu’il a une obsession pour les enlèvements d’enfants, ou bien qu’il a conçu ses romans comme un diptyque. Je pencherai pour la deuxième hypothèse pour deux raisons : Lors de la cérémonie de remise des Balais, il m’avait confié écrire une suite aux Roses volées, qui n’en était pas tout à fait une. Ensuite, ce roman est effectivement la suite de la précédente intrigue, vu cette fois par le tortionnaire que l’on à peine entrevu dans le premier roman.

Issu d’une famille riche dont le père fut un des pionnier de l’aéronautique française, Jean-François Latour, la bonne soixantaine, a bien profité de la fortune familiale et laissé libre cours à ses penchants les plus vils. A tel point que dans une de ses propriétés des Landes, il a arrangé ses caves en prison pour de petites filles qu’il vendait à ses amis. Mais son avenir devient incertain quand son fils Marc, pédophile lui aussi, se fait arrêter par la police. Par pur instinct de survie, il se maquille et abat son fils à l’entrée du tribunal avant de fuir.

C’est pour lui le moment de disparaitre. Il prend la route en direction de la Suisse, prend rendez vous avec une de ses connaissances qui planque son argent dans plusieurs banques situées dans des paradis fiscaux, et se rend dans la clinique de chirurgie plastique de Helmut Hansen pour se faire arranger le portrait. A son réveil, l’anesthésie lui a fait perdre la mémoire et par la même occasion ses penchants maléfiques.

Après quelques jours de repos, Latour décide de partir quand Hansen lui rappelle ses agissements, dont il a bien profité d’ailleurs. Dégoutté par lui-même, il décide de réparer ses méfaits avec l’argent dont il dispose. C’est alors qu’une jeune femme le kidnappe et le menace de mort. Elle s’appelle Mélanie et a été enlevée sur une plage vingt ans auparavant. Depuis ce jour, elle ne cherche qu’à assouvir sa vengeance contre ceux qui l’ont violée. Seul Latour peut lui permettre de mener sa mission à bien.

Voilà un début de roman passionnant par son idée de départ, qui reprend la même thématique que le précédent, et c’est pourquoi je vous conseille de lire le premier. De la même façon, avec ce sujet difficile de la vengeance à tout prix, Alexandre Geoffroy évite les écueils en ne prenant pas parti, mais en déroulant son intrigue sans pathos ni surplus de sentimentalisme … et surtout sans voyeurisme facile.

D’ailleurs, c’est bien la facilité à dérouler un scenario de course poursuite qui m’impressionne. Car les scènes vont se suivre avec une certaine vitesse et on a bien hâte de savoir ce qui va arriver. L’écriture simple mais par ailleurs efficace nous y aide bien. Le petit plus réside dans l’alternance entre les chapitres à la première personne, narrés par Latour et ceux à la troisième personne qui parlent du couple … étrange. Le procédé n’est pas nouveau, mais il est bien fait, surtout qu’entendre un véritable salaud narrer ses aventures alors qu’il est devenu un agneau innocent est une expérience bizarre. Pour autant, on ne va jamais le plaindre …

Du coup, l’emploi du présent se justifie dans l’histoire, ce que je n’aime pas trop, je vous le rappelle (mais on ne se refait pas). Là où je m’interroge, c’est sur la façon dont est écrite la fin. En effet, l’auteur introduit quelques chapitres écrits à la première personne par Mélanie et je trouve que cela n’apporte rien à la narration. De plus, les derniers chapitres passent au passé (et non au présent) et à nouveau je m’interroge.

Ceci dit, j’ai lu ce roman en à peine deux jours, car c’est réellement passionnant, et les petites réserves dont j’ai parlé, voulues ou non, n’ont pas gêné loin de là mon plaisir de lecture. En tous cas, je ne peux que vous encourager à découvrir cet auteur qui a, j’en suis sur, beaucoup d’intrigues à suspense à partager.

Ne ratez pas l’interview de l’auteur par le concierge masqué

Effroyables jardins de Michel Quint

Editeur : Editions Joëlle Losfeld réédité par Folio

Terrible roman de Michel Quint, que je n’aurais jamais lu si l’ami Claude ne m’y avait pas incité dans son excellent billet ici.

Quatrième de couverture :

« Certains témoins mentionnent qu’aux derniers jours du procès de Maurice Papon, la police a empêché un clown de rentrer dans la salle d’audience. Il semble que ce même jour, il ait attendu la sortie de l’accusé et l’ait simplement considéré à distance sans chercher à lui adresser la parole. L’ancien secrétaire général de la préfecture a peut-être remarqué ce clown mais rien n’est moins sûr. Par la suite l’homme est revenu régulièrement sans son déguisement à la fin des audiences et aux plaidoiries. A chaque fois il posait sur ses genoux une mallette dont il caressait le cuir tout éraflé. »

Ce court récit de Michel Quint évoque  l’histoire de Lucien, le narrateur du livre. Adolescent, il ne supportait pas les clowns : «Plus que tout, j’ai détesté les augustes. Plus que l’huile de foie de morue, les bises aux vieilles parentes moustachues et le calcul mental, plus que n’importe quelle torture d’enfance ».

Mon avis :

Voici un petit roman, qui va vous prendre aux tripes. Lucien est un jeune adolescent qui trouve son père ridicule, grimé derrière son déguisement de clown. Jusqu’à ce que son oncle Gaston lui raconte l’histoire de son père, et l’Histoire. Retour en pleine deuxième guerre mondiale, quand les deux jeunes ont fait exploser un hangar et se sont faits arrêter par les nazis.

Toute cette partie va se dérouler sans aucun sentiment, comme on se rappelle des souvenirs, douloureux mais inéluctables. Puis, vers la fin de roman, les pièces du puzzle s’emboitent, et on découvre deux jeunes inconscients qui vont découvrir le monde des grands. Lucien va découvrir la vérité et avec elle la douleur, l’erreur, la cruauté du hasard, la culpabilité, l’héroïsme aussi, celui des petites gens qui resteront anonymes.

Ce qui est extraordinaire, impressionnant, dans ce roman de 70 pages, c’est sa pureté, sa simplicité, sa perfection dans chaque mot choisi, dans chaque phrase posée là comme un pétale de fleur au milieu d’un champ perdu. Michel Quint a dédié ce livre à son grand-père, mineur et combattant à Verdun, et à son père, instituteur et résistant. C’est un bel hommage et un livre à ne pas rater.