Le Français de Roseville de Ahmed Tiab

Editeur : Editions de l’Aube

Voici un nouveau venu sur la scène du roman policier qui va nous donner l’occasion de suivre un nouveau personnage de commissaire Kémal Fadil. Pour un premier roman, c’est une franche réussite, à tel point que j’ai hâte de lire sa seconde enquête.

Oran, 2013. Dans le vieux quartier espagnol, la rénovation des immeubles bat son plein. Sur un chantier de la rue des Bougainvilliers, le grutier remarque des os. Il arrête tout de suite son travail et se trouve effectivement en présence d’os humains. Le commissaire Kémal Fadil va être chargé de cette affaire. Le médecin légiste Moss confirme que c’est le corps d’un petit garçon et qu’il a du être enterré plusieurs dizaines d’années auparavant. Entre la pression de la hiérarchie pour cette affaire non prioritaire et celle des promoteurs immobiliers, Kémal va avoir fort à faire. Dès le départ, il trouve un bijou en forme de crucifix en or avec les initiales A C. Puis, c’est un deuxième squelette qui fait son apparition. A priori, un homme et un enfant ont été enterrés là.

Kémal est célibataire et vit avec sa mère, Léna, handicapée suite à un accident de la route qui a vu la mort de son père. Il a bien une femme dans sa vie, Fatou, d’origine nigériane, mais il ne peut vivre avec elle car elle et sa mère ne s’entendent pas. Léna était dans les années 60 interprète et traduisait des discours officiels en espagnol lors de réunions politiques. C’est là qu’elle a rencontré l’amour de sa vie …

Années 50. Arthur Guillot est un Français travaillant en Algérie. Il est comptable, et ses déboires sentimentaux vont le faire plonger dans la délinquance au moment où il rencontre Roméro, un truand notoire.

Ce premier roman est époustouflant par son ambition. Il arrive, par des allers-retours passé présent à différentes époques, à nous présenter à la fois Kémal et ses parents, la situation de l’Algérie avant, pendant et après l’indépendance. Et tout cela est fait à travers des personnages, de façon parfaitement subtile, tout en ne prenant jamais partie pour qui que ce soit. En cela, je trouve que ce roman est à la fois intelligent et instructif.

Il ne faut pas attendre de ce roman beaucoup d’action. On a à faire avec un roman policier du type Cold Case (référence à une série télévisée que j’aime beaucoup) voire même aux premiers romans d’Arnaldur Indridason. On y trouve la même volonté de décrire les ambiances, les couleurs, les sons, et cette force d’inventer des personnages secondaires aussi forts que celui de Kémal lui-même.

Vers le milieu du roman, un nouveau personnage fait son entrée, Arthur Guillot. On se doute bien qu’il a quelque chose à voir avec cette affaire. C’est encore une fois l’occasion pour l’auteur d’évoquer l’Algérie avant l’indépendance. Mais cela a aussi pour conséquence de gâcher le suspense final ou du moins une partie.

Vous l’aurez compris, ce roman m’a impressionné. Cela m’a donné l’occasion d’apprendre plein de choses, qui sont évoquées par petites touches. Ma seule envie, c’est maintenant de poursuivre cette série pour en apprendre encore plus. Pour votre information, le deuxième tome des enquêtes de Kémal vient de sortir aux éditions de l’Aube et s’appelle Le désert ou la mer.

9 réflexions sur « Le Français de Roseville de Ahmed Tiab »

  1. Bigre, que tout cela est intéressant 🙂
    Et bigre encore, vous lisez aussi vite que Lucky Luke 🙂
    J’en suis toujours à Funérailles, et trois chroniques en retard 🙂
    Comment faites-vous pour lire aussi vite ?
    Mary intriguée 🙂
    Bonne journée. 🙂

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      1. Merci pour la réponse 🙂
        Lorsque je me réveille la nuit, je lis aussi et attends le cycle suivant. Sauf comme cela m’est déjà arrivé de passer une nuit blanche parce que le livre je ne peux pas le lâcher tant c’est accrocheur.
        Bonne poursuite de lectures 🙂

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