Le lagon noir d’Arnaldur Indridason

Editeur : Métaillié

Traducteur : Eric Boury

Depuis quelques romans, Arnaldur Indridason fait un retour sur le passé de son inspecteur fétiche et récurrent Erlendur Sveinsson. Le précédent épisode (Les nuits de Reykjavik) nous montrait un personnage d’Erlendur débutant, ne faisant pas encore partie de la police criminelle, mais réussissant tout de même à résoudre une affaire de meurtre d’un clochard. Trois ans plus tard, Erlendur a décidé de suivre le conseil de Marion Briem et de rejoindre la police criminelle. Le lagon noir raconte la première véritable enquête de Erlendur.

En compagnie de Marion, Erlendur est en plein interrogatoire avec les deux frères Ellert et Vignir, qui ont été placés en détention préventive. Suite à une dénonciation anonyme, la police a découvert plusieurs kilos de haschich et des litres de vodka américaine. Les deux frères nient être impliqués, affirment être des victimes d’un piège, alors qu’ils ont les cadenas de la remise où ont été trouvés ces produits.

C’est alors que l’on vient annoncer à Marion que l’on vient de découvrir un cadavre dans un lagon, près de la centrale géothermique de Svartsengi. C’est une jeune femme qui l’a découvert, en prenant un bain pour calmer son psoriasis, sur les conseils de son dermatologue. Son visage est en bouillie ; A croire qu’il a été battu … ou bien que le mort est tombé d’une grande hauteur comme s’il s’était suicidé. Mais alors pourquoi a-t-on retrouvé le corps dans ce lagon ? Et puis, le corps portait des bottes américaines …

En parallèle des ces deux affaires, Erlendur est obsédé par la disparition d’une jeune adolescente Dagbjört. Un matin comme un autre, il y a vingt cinq ans de cela, elle sort de chez elle pour aller au collège. Personne ne l’a jamais revue. Cette disparition devient une obsession pour Erlendur et il va se forcer à trouver une explication pour la famille qui vit dans l’incertitude.

Je ne vais pas en rajouter avec Arnaldur Indridason, parce que vous le connaissez tous et toutes, et qu’il a un succès largement mérité. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il prend le temps d’installer son intrigue et ses personnages et que son écriture est emplie d’humanisme et de respect, de sensibilité et d’émotions. C’est pour toutes ces raisons que j’adore cet auteur et que je ne rate aucun de ses romans.

Comme je le disais ci-dessus, cette enquête est la première, ou l’une des premières de Erlendur, et on sent qu’il a déjà cette fibre sensible, cet intérêt pour les autres qui fera sa grande force par la suite. On le découvre aussi maladroit dans certains de ses interrogatoires ou questionnements, mais on sent qu’il va tirer les leçons de ses erreurs. Même après 11 romans policiers dont 8 avec la présence de Erlendur, Arnaldur Indridason arrive à me surprendre par la finesse psychologique qu’il démontre.

Evidemment, le rythme est lent, comme dans tous ses romans, et le déroulement de l’enquête est d’une évidence qui en ferait pâlir beaucoup. Indridason va nous parler de la présence des troupes américaines sur le sol islandais pendant la guerre froide. Il ne va jamais prendre position, et sortir d’ailleurs Erlendur du sujet en lui faisant dire qu’il n’aime pas toutes les guerres. Par contre, il va montrer les Américains dans toute leur arrogance, allant même jusqu’à avoir des attitudes de Maîtres du Monde, et avoir des réactions d’envahisseurs. Indridason nous dit aussi que ce sont les Américains qui ont apporté le crime, la drogue, l’alcool, dans un pays qui ne voulait que vivre tranquillement sans embêter les autres. Une nouvelle fois, c’est un coup de maître que ce nouveau polar qui nous étonne et nous démontre une nouvelle fois qu’Arnaldur Indridason a encore beaucoup de choses à nous dire.

Ne ratez pas l’avis de Wollanup sur l’excellent site Nyctalopes

7 réflexions sur « Le lagon noir d’Arnaldur Indridason »

      1. Oui, le rythme lent surprend encore pas mal de lecteurs – mais son humanité l’emporte et puis on découvre vraiment l’Islande à travers ses enquêtes

        J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.