Si je devais donner un titre à ce billet, ce serait Octobre 2016, le mois des découvertes. Car rarement je n’aurais chroniqué autant de nouveaux auteurs, autant de découvertes en ce qui me concerne.
Alors, bien sur, il y a tout de même les auteurs que j’aime, suit et adore. Parmi eux, Dominique Sylvain, dont le dernier roman en date Kabukicho (Viviane Hamy), nous invite à visiter le quartier sulfureux de Tokyo, visite réalisée par de formidables personnages. C’est un roman parfait, maîtrisé de bout en bout.
Et que dire de Nozze Nere [2] de Jérome Sublon (Editions du Caiman), si ce n’est que c’est la suite du premier et que c’est un véritable labyrinthe, avec nombre de morts qui se termine en feu d’artifice. Jérôme Sublon a du s’éclater à écrire ce roman et cela se sent à la lecture.
Et puis, il y a Luc Mandoline, ce thanatopracteur, ancien légionnaire, qui se retrouve toujours à enquêter sur des morts suspectes. Dans Na Zdrowie de Didier Fossey et Le manchot à peau noire de Philippe Declerck, respectivement les épisodes 7 & 8, ce sont ses qualités de légionnaire qui sont mises à l »honneur pour deux romans de pure action, avec lesquels on passe un très bon moment.
Du coté des découvertes, c’est un roman noir, je dirais même glauque qui m’a le plus surpris. Metropol : Corps à corps de Martin Holmén (Hugo & Cie), premier tome d’une trilogie à venir, surprend par son ambiance et son personnage violent qui utilise ses poings (c’est un ancien boxeur) pour survivre. Un roman coup de poing qui décrit une ville de Stockholm dans un état de misère en 1932.
Là où les lumières se perdent de David Joy (Sonatine) est plutôt à classer dans les romans noirs ruraux américains. Une nouvelle fois, les Etats Unis nous surprennent avec cet auteur à l’écriture fine et imagée, sur le thème de la destinée et l’émancipation.
Pour ma rubrique Oldies, l’association 813 a attiré mon attention sur Fausse route de Pierre Merindol (Le Dilettante). C’est un faux polar, une chronique sur la vie d’un chauffeur routier dans les années 50, qui se termine comme un roman noir. Tout en ambiance, tout en subtilité, on parcourt ces pages au rythme du camion qui roule sur des routes départementales cabossées, comme ses personnages.
Les infâmes de Jax Miller (Pocket) vient de sortir en format poche, et c’est une sacrée découverte. Bien que la forme (une mère cherche à sauver ses enfants) soit classique, le style et la façon de mener l’intrigue en font un très bon roman à lire.
Les anges sans visage de Tony Parsons (La Martinière) fut pour moi un véritable coup de poing. Tout tient dans son personnage, balancé entre son métier ultra violent et sa vie de famille où il élève sa fille seul. Un roman direct, frappant, marquant.
Bleu blanc sang de Bertrand Puard (Hachette) est plutôt un roman pour adolescents, un roman à suspense qui prend le pari de vous faire perdre haleine. Et ça marche très bien, on suit différents personnages et on court comme des malades. Premier tome d’une trilogie, il se pourrait bien qu’on parle de la suite très prochainement. Et finalement, les adultes y prendront autant de plaisir que leurs enfants.
Il est des romans qui abordent le sujet de la prison différemment. Le hasard a voulu que je lise deux romans sur ce thème, qui ne sont pas comparables. Sur l’île, une prison de Maurizio Torchio (Denoel) nous montre un prisonnier qui lutte pour rester humain dans un univers où on le traite comme une bête. Un roman d’une originalité rare, dur à lire, et qui vaut le détour. Dans Dernier virage avant l’enfer d’Emmanuel Varle (Presses littéraires), l’auteur nous propose une biographie d’un truand qui a tout fait, comme d’autres vont au boulot. C’est un pari risqué de créer une biographie imaginaire, mais dans ce cas là, c’est un pari réussi, car on prend un plaisir fou à suivre les digressions et les histoires de son personnage principal.
Le titre du chouchou du mois revient donc à Le fleuve des brumes de Valerio Varesi (Agullo), pour cette histoire formidablement liée au paysage parmesan, alors que le Pô sort de son lit. Dans une ambiance embrumée, l’auteur, avec sa plume toute en image et subtilité, nous décrit les plaines, les gens, l’Histoire, avec pour métaphore cette brume qui petit à petit se lève sur les secrets et les mystères de cette Italie du Nord.
J’espère que vous trouverez votre bonheur dans ces suggestions de lecture. Je vous donne rendez vous le mois prochain. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !