Un avant-gout des anges de Philippe Setbon

Editeur : Editions du Caïman

Attention, coup de cœur !

Philippe Setbon clôt d’une formidable façon sa trilogie « Les trois visages de la vengeance ». Auparavant, nous avions déjà lu de formidables polars avec Cécile et le monsieur d’à côté et T’es pas Dieu, petit bonhomme. Avec ce polar là, Philipe Setbon a écrit ce qui pourrait s’apparenter à un chef d’œuvre, un parfait condensé de polar noir. En fait, j’ai pris mon pied, lisant ces 190 pages en une journée, et je n’ai rien à lui reprocher. Pour tout vous dire, je n’avais pas été autant secoué depuis Le dramaturge de Ken Bruen ou Hyenae de Gilles Vincent.

Je voudrais juste faire un aparté : A chaque fois que je lis une trilogie, je suis enchanté par le dernier tome. Peut-être que je devrais faire une psychanalyse pour comprendre pourquoi ? Ou peut-être que les auteurs se lâchent sur leur dernier opus ? Voilà de quoi réflechir sur des sujets finalement pas intéressants pour vous, mais pour moi ?

C’est l’histoire d’un SDF qui se fait tabasser sur les quais de Seine à Paris. C’est l’histoire d’une femme qui appelle les flics et les pompiers pour lui sauver la vie. C’est finalement une scène que l’on peut voir de nos jours …

Le SDF se retrouve à l’hôpital, se rappelant de la présence d’un ange à sas cotés. Il s’appelle Bruno Fabrizio, et depuis qu’il a quitté la police, ce capitaine de police a descendu toutes les marches jusqu’en enfer. Son ange vient le voir. Cette jeune femme s’appelle France Norman. Elle semble timide, humaine, et lui propose de l’héberger. En effet, elle a hérité d’un appartement de sa mère défunte et a besoin de quelqu’un pour le retaper. Pendant tout le temps des travaux, elle lui propose d’occuper l’appartement.

Puis c’est son collègue le lieutenant Alex Nowak qui vient le voir. Plus jeune, il est complètement impliqué dans sa mission, celle d’arrêter les assassins. Il ne comprend pas comment un grand capitaine a pu tomber aussi bas. Alors, poussé par son instinct et sa curiosité, il va aller voir l’ancienne collègue de Bruno et découvrir l’horreur, celle de la dernière affaire du capitaine Fabrizio.

Bruno est sorti de l’hôpital et emménage chez France. Son nom est un heureux hasard, puisqu’ils aiment tous les deux Norman Mailer. Bruno met quelques semaines à se remettre de son tabassage, et commence les travaux. Dans un renfoncement, il trouve une liste de 5 hommes et leurs photos. La carte de visite d’un détective privé est agrafée aux photos. Le drame se met doucement en place …

Créativité : Le propre d’un polar, c’est avant tout de mettre en place une intrigue à l’aide de scènes qui, sans être complexes, finissent par former un tout … tout en laissant une part de mystère. Philippe Setbon excelle à construire son intrigue.

Noirceur : La couleur de ce polar est indéniablement noire, le contexte, les personnages, l’ambiance. Il n’y a pas une page, pas une ligne pour sortir la tête du seau. Quoique, quelques belles envolées, quand Bruno croit qu’il peut s’en sortir nous laissent un peu d’espoir. Mais c’est pour retomber encore plus bas.

Valeurs humaines : Cette noirceur est volontaire pour mieux faire ressortir les hommes et les femmes qui peuplent ce roman. Comment peut-on supporter un tel monde quand on est raisonnablement humain ? Philippe Setbon nous créé de formidables personnages malmenés par une société dont les faits divers se révèlent plus horribles les uns que les autres. A partir de là, tout est possible, même le pire, surtout le pire. On aime ces personnages par ce qu’ils vivent, pour ce qu’ils vivent.

Précision : Sans que l’on ait l’impression que c’est écrit, tout m’a semblé juste, précis, à un tel point qu’on est ébahi devant tant de simplicité. C’est du pur plaisir à lire, aussi bien dans les descriptions des scènes que dans les dialogues, qui ne dépassent que rarement une phrase et qui claquent comme il faut.

Concision : cela aboutit à un polar de 190 pages où tout est dit et bien dit, où on ne nous montre que ce qui est strictement nécessaire. Ce roman est une véritable démonstration de ce qu’il faut faire et démontre que sans en faire des tonnes, on peut créer et faire ressentir des émotions fortes et inoubliables.

Pour moi, Philippe Setbon a écrit le polar parfait ; c’est un coup de cœur, évidemment !

Ne ratez pas l’avis de Jean Le Belge

15 réflexions sur « Un avant-gout des anges de Philippe Setbon »

  1. Mon ami, Quelle belle chronique pour ce polar effectivement superbe. Émotions, concision, personnages remarquables, Philippe Setbon donne ici une fameuse leçon d’écriture. Quel écrivain! Il me reste encore à lire « Cécile et le monsieur d’à-côté » et je m’en réjouis, tu t’en doutes. Merci pour le lien. Amitiés.

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      1. pas énorme en pages , mais énorme en qualité!!!!!!!!!!!!!Et puis franchement, l’auteur sait s’y prendre pour alpaguer le lecteur dès les premières pages! on sent bien qu’il a écrit des scénarios télé!

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      2. Je t’avouerai que bien des scenarii devraient être écrit de cette trempe là. Je me remettrais alors à regarder la télé ! Parce que en ce moment, c’est plutôt Waterloo Morne plaine ! Faut voir les choses du bon coté, ça me donne plus de temps pour lire !

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