Editeur : Ombres Noires
Pas sûr que vous soyez enclins de visiter Cotton’s Warwick, cette petite bourgade perdue en plein milieu du désert australien. D’ailleurs on se demande bien comment des gens peuvent encore habiter cette région aux conditions extrêmes. Imaginez juste cinq secondes : De 10 heures à 17 heures, il y fait plus de cinquante degrés. Voilà un village qui ressemble à l’enfer. Et c’en est un !
Dans ce village, n’y vivent (ou survivent) que des hommes. Leurs femmes se sont toutes suicidées. Et ceux qui restent n’ont pas eu le courage de partir. Alors, ils se retrouvent eu bar, à écluser des bières en attendant que le temps passe, fantasmant sur la propriétaire et serveuse du Warwick Hotel, Karen. C’est la seule femme du village et elle résiste à la bande de dégénérés que sont ses clients. Et quand la solitude se fait trop forte, Karen rêve de « l’autre », le jeune homme enfermé dans l’abattoir et qui dépèce les carcasses de sangliers ou de kangourous.
Dans ce monde plus animal qu’humain, Quinn fait figure de chef. C’est lui qui détient les armes, qui fait régner l’ordre, et qui prêche la bonne parole dans l’église du village, faite de bric et de broc. Outre qu’il s’octroie tous les droits, il en profite aussi pour mener à bien ses petits trafics. Seul Doc, le docteur itinérant dans son hélicoptère, n’est pas dupe et ne se déplace qu’en cas d’extrême urgence, c’est-à-dire quand un des habitants vient à passer l’arme à gauche.
C’est le vieux Pat, le menuisier, que l’on retrouve mort en haut d’un poteau, complètement cuit. Personne ne tient à savoir comment il est mort, et Doc fait juste un aller retour pour confirmer l’insolation. Et ce n’est que le début de la fin …
A nous décrire un coin qui ressemble fortement à l’enfer sur Terre, à nous assommer par cette chaleur insupportable, Michael Mention nous montre comment l’homme n’est finalement rien d’autre qu’un animal. Clairement, on se retrouve dans un endroit où on n’aurait pas envie de rester. C’est une des forces de ce roman, de nous faire vivre cet endroit imaginaire, peuplé de personnages tous plus menaçants les uns que les autres.
En fait, j’adore Michael Mention parce qu’on a la même culture, les mêmes repères. Et on retrouve dans ce roman beaucoup de références comme autant d’hommages à de grands auteurs, qu’ils soient écrivains ou réalisateurs de films. Evidemment, pour son lieu géographique, on pense à Cul-de-Sac de Douglas Kennedy. Mais j’ai toujours pensé à Harry Crews, avec ces personnages déformés, abimés par les dures conditions de vie, avec Quinn qui fait office de chef et presque de Dieu au milieu de nulle-part, et même à Sam Millar avec l’omniprésence de cet abattoir, comme un endroit où nous finirons tous. J’ai aussi pensé à Hitchcock quand les animaux se mettent de la partie, et surtout à John Carpenter par cette façon de créer des scènes d’une tension insoutenable.
Si on peut y trouver plusieurs niveaux de lecture, et chacun se fera son idée, j’en retire surtout l’incroyable inhumanité des hommes, cette volonté de détruire les plus faibles. On pourra aussi y voir une vengeance de la nature face à l’homme qui détruit son environnement et même une dénonciation des violences envers les femmes dans des scènes d’une violence non pas crue ou démonstrative mais tout simplement insupportable dans ce qu’elle ne montre pas mais laisse envisager.
Si ce roman s’avère comme un patchwork où fleurissent beaucoup d’hommages, nul doute que certains colleront à ce roman le statut de roman culte par les différents niveaux de lecture que l’on peut y trouver. En tous cas, ne croyez pas le titre : vous n’êtes pas le bienvenu à Cotton’s Warwick ! Par contre, vous êtes le bienvenu à parcourir ces pages écrites par un auteur décidément à part dans la littérature française.
un voyage au bout de l’enfer, en effet. Pas la meilleure destination pour les vacances 😉
Merci pour cette belle chronique et pour la mention (eheh)
J’aimeAimé par 1 personne
Eh Eh bien vu l’ami ! Une lecture dure. Ce qui est bien avec lui, c’est qu’il change à chaque fois. Et dès janvier, il remet ça avec une réédition d’un de ses premiers livres, La voix secrète, que je te conseille pour l’avoir lu en première édition. Et bonnes fêtes de fin d’année ! Amitiés
J’aimeAimé par 1 personne
Figure toi que je l’ai commencé hier soir 😉
J’aimeJ’aime
Nous n’irons jamais en vacances en Australie, nous ! En tout cas, plus envie d’y aller après les terribles « Cul-de-sac » et « Bienvenue à Cotton’s Warwick » !!! 😆
J’aimeJ’aime
Auxquels tu peux rajouter Lux de Maud Mayeras et la Mauvaise pente de Chris Womersley. Bref, pas un coin très sympa, apparemment ! Mieux vaut y aller en lecture !
J’aimeAimé par 1 personne
Pas encore lu les deux que tu me cites, mais de toute façon, je ne voulais plus aller en Australie !! 😀
J’aimeJ’aime
salut mon Pierrot ! je ne lis pas tout de suite ta chronique car je suis plongé dans cet enfer jusqu’au cou !! j’espère en ressortir quand même pour te lire et te donner mon avis !!! Amitiés 🙂
J’aimeJ’aime
Bonne lecture alors et à bientôt. Amitiés
J’aimeJ’aime