Accidents d’Olivier Bordaçarre

Editeur : Phébus

Découvert avec La France tranquille (en ce qui me concerne), j’avais été époustouflé par son Dernier désir. C’est donc avec une grande joie que j’ai lu son petit dernier, Accidents, dont j’ai eu la connaissance grâce à l’excellent blog Bob Polar, dont vous pourrez lire l’avis ici.

Avenue André Breton, Montrouge. Un accident vient d’avoir lieu. L’essence se déverse des carrosseries. Le drame va avoir lieu. Un passant a prévenu les secours mais elle sait qu’elle ne peut rien faire. Tout à coup, des mains la tire de la tôle. Elle se retrouve allongée, devant les visages des pompiers et s’évanouit.

Rue Boulanger, Paris. Sergi Velasquez est un peintre inconnu du grand public. Il habite le même immeuble que sa sœur, est même son voisin. Cela ne gêne pas Paul et Julia puisqu’ils passent du temps ensemble. Paul a choisi d’être père au foyer pour garder Anouk, leur fille. Julia quant à elle est psychanalyste. Alors que Anouk insiste pour regarder King Kong, Sergi annonce à Paul Qu’il a trouvé une galeriste qui accepte d’exposer ses toiles. Un jour, en rentrant chez lui, il rencontre dans l’ascenseur une superbe femme rousse, qui va au même étage que lui. Cela doit être une patiente de sa sœur.

Hôpital Cochin, Paris. Une jeune femme se réveille. L’infirmière insiste pour qu’elle se lève, fasse sa toilette. Devant le miroir, elle regarde ce visage moitié humain, moitié animal. Elle a du mal à accepter sa moitié de visage défiguré.

Sur un sujet casse-gueule, Olivier Bordaçarre s’en tire encore une fois admirablement. Deux jeunes femmes, dont on ne connait pas les liens, qui ne se rencontrent pas, c’est avec cette idée d’intrigue que l’auteur nous demande de regarder. Avec toute la subtilité qu’on lui connait, il fouille, dissèque les intimités des uns et des autres, avec pour trait d’union Sergi, un peintre hors norme, marginal, ballotté par des événements qui le dépassent.

Ne cherchez pas d’action, ou de mystère extraordinaire. Ici, on est dans les petits gestes du quotidien, dans les petits objets, dans les petites paroles anodines qui construisent les grandes histoires et amènent à se pencher sur nos propres réactions, à nos propres réflexions que l’on peut avoir sur les autres.

Car ce roman est bien une variation sur la beauté et sa représentation dans l’art (ici, la peinture). C’est aussi une belle illustration sur les cicatrices que chacun de nous porte en nous, celles que l’on voit et celles que l’on ne voit pas. Car chacun porte en soi des blessures, des regrets qui construisent notre vie, comme des pierres qui font nos fondations.

Olivier Bordaçarre est un auteur décidément à part, capable de nous faire croire en des personnages de la vie de tous les jours, et de nous montrer des axes de réflexion qui sont importants et si subtilement montrés. Il est aussi trop rare alors on déguste chaque phrase, chaque mot comme une offrande. Accidents est un beau livre, attachant, et entêtant, marquant et obsédant, du genre qui ne s’oublie pas.

7 réflexions sur « Accidents d’Olivier Bordaçarre »

      1. Je sais que j’ai tort, mais jamais je n’arriverai à lire tout ce que je veux lire et j’ai des romans classés « URGENTS » qui m’attendent depuis des années. Pire que le courrier en retard de Gaston Lagaffe.

        Si je peux, je me jetterai sur Olivier Bordaçarre direct 😆

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