Je m’appelle Requiem et je t’… de Stanislas Petrosky

Editeur : Editions Lajouanie

J’avais rencontré (littérairement parlant) Stanislas Pétrosky avec Ravensbrück, mon amour, un roman sur les camps de concentration très dur. Avec ce roman, changement d’histoire, de style, avec autant de réussite. Cela doit s’appeler le talent !

Réquiem, c’est évidemment un surnom ! Il s’appelle Estéban Lehydeux, et va nous conter une de ses aventures. Pourtant, en tant que curé exorciste, on aurait pu imaginer que sa vie était plutôt tranquille. Sauf qu’en terme d’exorcisme, Requiem a une façon toute personnelle de chasser le démon ou le diable, ou tout ce que vous voulez. Disons qu’il règle définitivement le cas pour des personnages qui sont au-delà de la malhonnêteté, et disons le carrément, qui sont de pures ordures, des enfoirés, la pire engeance de l’humanité.

Alors qu’il assure les confessions qui font partie de sa mission divine, une jeune femme vient le voir parce qu’elle a reçu un message inquiétant. Martine Rutebeuf est une jeune femme fort belle, qui occupe son temps libre à réaliser des vidéos pornographiques pour les poster sur Internet. Tout le monde dans le quartier est au courant et s’est accommodé de ce passe-temps. Martine, donc, reçoit un mail lui proposant une forte somme d’argent pour participer à un tournage de film pédophile, photos des gamins à l’appui.

Le sang de Requiem ne fait qu’un tour. Il va décider de piéger ces suppôts de Satan, et mener l’enquête avec l’aide de Martine. Il lui demande ses mots de passe, et lui dit de répondre positivement à la demande. La réponse ne se fait pas attendre : Martine recevra un acompte dès le lendemain. Pendant ce temps là, Requiem plonge dans les abimes du Darknet, où on y rencontre toutes sortes de fêlés de tous genres. Hélas, quelques jours plus tard, Martine est découverte atrocement mutilée chez elle. Alors qu’il avait été son amant, Requiem trouve une nouvelle motivation pour exercer un exorcisme en profondeur.

Il suffit de lire la préface de ce livre, écrite par Madame Nadine Monfils pour savoir à quoi s’attendre et surtout la qualité du roman. Car La Grande Nadine ne fait pas de compliments si facilement que cela. Et je plussoie tout ce qu’elle dit : Ce roman est politiquement incorrect. Et alors ? Ce roman te prend à parti. Et alors ? Ce roman est foutrement drôle. Oh que oui ! Ce roman, c’est un antidote à la morosité, que certains liront sous le manteau. Eh bien non, soyez fier qu’il y ait des auteurs comme ça qui osent et qui réussissent, et soyez fier de ce que vous lisez !

Car ce roman fonctionne du début à la fin, sans aucun temps mort. Alors, certes, Requiem interpelle le lecteur, lui montre ce qu’il fait, parle vrai, cru, comme les gens de tous les jours, sans détours. Il n’hésite même pas à parler de nos travers (enfin ceux de certains) et à s’en moquer, car rien de tel que l’autodérision. Ceci dit, le sujet est bien grave, lui, et parle des frappés, des malades du sexe, des pédophiles qui profitent du Darknet pour donner cours à leurs envies les plus dégueulasses.

Heureusement, il y a Requiem, qui à son niveau (local, dirai-je) va faire le ménage dans son quartier. C’est un personnage peu commun, qui officie comme un vrai curé, mais qui s’octroie quelques légèretés et autres adaptations par rapport à sa fonction. Ce qui m’a amusé, c’est cette façon qu’il a de rappeler qu’il doit obéir aux désirs de son Patron, son Fils passant au deuxième plan, car pour Requiem, si on le tape sur la joue gauche, il ne tend pas la joue droite !

Alors, je vais être clair : Vous allez courir chez votre libraire et lire ce putain de bouquin, parce que, si par moment, il va vous secouer, il va surtout vous amuser, vous faire rire et vous faire passer un excellent moment. Vous y trouverez des références à Nadine Monfils, à Michel Audiard, à San Antonio et ce sont des compliments. Moi, ça m’a fait penser à Ben Orton aussi, avec cette façon de plonger le lecteur dans l’action et de l’interpeler aussi directement. Bref, que du bon !

13 réflexions sur « Je m’appelle Requiem et je t’… de Stanislas Petrosky »

  1. J ai adoré. Cela m a rappelé les SanAntonio que j adorais lire quand j etais ado. Du polar noir, de l humour noir et des personnages truculents. On en redemande encore et encore et encore…..et encore.

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    1. Cela m’inspire deux réponses. La première, c’est que le hasard veut que je lise un San Antonio en ce moment (Tout le plaisir est pour moi) après 20 ans d’abstinence Antonionesque. Ensuite, il y a une deuxième enquête de Requiem qui m’a paru encore meilleure. Enfin, je ne peux que te conseiller Nadine Monfils (Mémé cornemuse et le commissaire Léon) et Samuel Sutra (la série des tontons) qui sont tous deux incontournables. A bientôt

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  2. J ai bien lu les posts sur meme cornemuse et je dois dire que la préface de Requiem a fini de me convaincre. Tout cela est desormais sur ma liste a lire rapidos. A bientot.

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  3. Alléluia, mes frères et sœurs, j’ai (enfin) lu cette aventure d’Esteban Lehydeux alias Requiem. Et j’avoue bien humblement partager les goûts de son géniteur quant à l’ensemble des références parsemées dans cet opus. Que ce soit cinéphiles (Audiard et ses Tontons, Bullit / Bébel et leur Mustang 67), musicales (Higelin, Gainsbourg et même Thiéfaine le bipède à station verticale), et enfin littéraires (Le Grand Frédo, Monfils, Sutra, Bouquin & Co).
    Longue route à toi, Esteban, et au plaisir de se retrouver autour d’une bonne bière (trappiste ou non, là encore je te rejoins même si, au final, tous les chemins mènent au rhum).
    A ta santé !

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    1. Salut Tricao, pour avoir rencontré Stanislas en fin d’année dernière, il y a un risque que nous ne voyions plus Requiem, la faute à son nouvel éditeur Eaux Troubles) dont le dernier tome en date Sur des Breizh ardentes est introuvable. C’est d’autant plus dommage que Stanislas a d’autres aventures sous le coude. En attendant, en septembre, un nouveau cycle démarre avec L’affaire de lîle barbe chez Affit, dont je parlerai très bientôt. Voilà pour les news de cet auteur que j’affectionne particulièrement. Amitiés

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