Si je dois cette découverte, c’est parce que j’ai rencontré Claude Mesplède aux Quais du Polar à Lyon et qu’il m’a dit que, s’il y avait un livre à lire, c’était Le cimetière des chimères. Venant du Pape du Polar, je ne pouvais qu’acheter le livre et découvrir une nouvelle auteure, que je ne connaissais pas. Et c’est après avoir lu et adoré Des forêts et des âmes que j’ai décidé d’acheter et de lire tous ses livres. Ce fut un peu difficile, car les trois premières enquêtes ont été éditées par Ravet-Anceau et étaient épuisées. Mais grâce à quelques amis rencontrés sur FB et un peu de ténacité, je les ai eu enfin tous en main.
Maintenant que je les ai tous lus, j’ai l’impression qu’il y a des cycles dans ce qu’écrit Elena, une sorte de progression à la fois dans les personnages, c’est bien normal, mais aussi dans les thématiques abordées. Dans les trois premiers romans, que sont Un Corse à Lille, Art Brut et Vendetta chez les Ch’tis, nous avons affaire à des enquêtes policières que je qualifierai de classique.
Dans Un Corse à Lille, ce sont deux meurtres qui vont occuper l’équipe du commissaire Pierre Arsène Leoni. Dans Art brut, une série de meurtres mis en scène comme des œuvres d’art va donner du fil à retordre à la police criminelle. Dans Vendetta chez les Ch’tis c’est bien un serial killer qui va œuvrer. Si avec le premier roman, on a d’habitude la présentation de l’équipe au complet, ce n’est pas le cas de cette auteure. Elle fait comme si on les connaissait tous et ajoute subtilement quelques traits de caractère pour que nous fassions petit à petit connaissance avec eux. Mais dans ces trois premiers romans, j’ai eu l’impression de lire un cycle, une trilogie, que j’appellerai la trilogie Marie.
Pour ceux qui ont lu ces trois premiers romans, je pense qu’ils ont eu la même impression que cela n’irait pas plus loin, qu’Elena Piacentini allait repartir avec d’autres personnages. Avec Carrières Noires, on repart donc avec la même équipe, mais c’est bien un autre cycle, un nouvel éditeur et aussi une nouvelle façon de construire les intrigues et une nouvelle façon d’écrire … en mieux.
A partir de Carrières Noires, les personnages secondaires se placent sur le devant de la scène, on a souvent droit à plusieurs affaires en parallèle et surtout le paysage se construit, le regard sur notre société se fait plus précis, plus lucide. A partir de Carrières noires, Elena Piacentini parle de sujets graves, qu’elle les place au premier ou au second plan. Mais la volonté de montrer, de dénoncer sont bien là. Et comme l’équipe de la police criminelle nous est devenue coutumière, le ou les messages portent d’autant mieux. Ce sont pêle-mêle les ripoux de la politique, les arnaques à la taxe carbone, les scandales des abus de médicaments que l’on donne aux adolescents dès qu’ils ont une attitude différente ou bien les Réunionnais déportés de la Creuse et le racisme ambiant et devenu « normal ».
Je voudrais ajouter que lire un roman d’Elena Piacentini, c’est aussi lire de la littérature, de la belle littérature, car sa plume est … belle, simple et efficace. Certes, je trouve quelques longueurs dans les premiers romans, mais ses quatre derniers romans gagnent en efficacité jusqu’à ne dire que l’essentiel pour que le lecteur s’imprègne de la psychologie des personnages. Car et c’est encore un compliment que je me dois de faire, TOUS les personnages sont plus vrais que nature, psychologique vivants.
Pour ceux qui ont peur de prendre le train en route, sachez que vous pouvez lire ses romans dans l’ordre que vous voulez. Certes les membres de l’équipe Leoni évoluent au fur et à mesure des romans, et il serait dommage de ne pas respecter l’ordre. Mais on n’est jamais perdu et les romans sont tellement bien construits que l’auteure n’en dit jamais trop sur les épisodes précédents.
Un dernier mot, tout de même sur Pierre-Arsène Leoni. Si les romans reposent sur ses épaules, c’est parce que c’est un homme fort, dont on connait peu le passé, s’i ce n’est qu’il a été muté de Marseille pour avoir voulu s’attaquer à une personne de pouvoir. C’est un homme droit, juste, humain. Ce sont ses qualités d’écoute qui le rendent sympathique. C’est aussi sa vie de famille qui fait qu’il devient un personnage que l’on a l’impression d’avoir toujours connu. Autour de lui, gravitent de vrais beaux personnages, et chacun mériterait d’être à la tête d’un roman. Mais ils ont tous leur place, et ne servent jamais de faire valoir.
Un petit mot de Mémé Angèle, la grand-mère de Pierre-Arsène Leoni. Elle représente à la fois les racines du Corse, mais aussi celle sur qui il peut se reposer à tout moment. Tout le monde rêverait d’avoir une grand-mère comme elle, nous gâtant de plats corses et n’hésitant pas à nous ramener les pieds sur Terre si besoin. Je pourrais passer tous les autres en revue mais je préfère m’arrêter là. J’espère juste que je vous aurais donné envie de lire cette auteure, et dès demain, je vous présenterai son dernier roman en date, Aux vents mauvais.
Elena Piacentini a aussi été interviewée 3 fois par mon ami Le Concierge Masqué, et je vous joins les liens correspondants ici, ici et ici.
Enfin, si ces éditions spéciales Week-End vous ont plu, n’hésitez pas à me laisser un petit message d’encouragement. Cela pourrait me motiver à recommencer !
Et n’oubliez pas le principal, lisez !
Je ne suis pas objective, bien sûr. Mais ce fut un plaisir de partager ce week-end avec toi. D’autant que ce n’est pas fini ! Tanti Basgi.
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Sois patiente Elena. Ton week-end se termine demain. Et n’oublie pas de travailler à al réédition des trois premiers romans que beaucoup attendent ! BIZ
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Sois tranquille. Le premier sera réédité en juin, en grand format chez ADR, dans une version retravaillée. Par ailleurs, je me rends compte de la somme de travail derrière ce « week-end » édition spéciale. Encore bravo et merci pour ce boulot de fond.
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Noté les titres sortis en PP, plus simple à trouver que les grandes éditions 😉
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Je suis curieux de lire tes avis. Commence par Carrières noires, quitte à faire.
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Ok, j’ai carrières noires dans ma PAL (et je savais plus que je l’avais, chuut, dis rien, c’est alzheimer).
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Ben moi c’est Pierre Faverolle qui m’a fait connaître Elena Piacentini, de l’épaisseur dans les personnages et une très belle plume. Merci
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Merci pour ce compliment Didier. ça me touche beaucoup !
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Merci Pierre d’être ce passeur qui, aujourd’hui met, en lumière cet excellente auteure qu’est Elena Piacentini. A ceux qui ne l’auraient jamais lue, je puis dire : n’hésitez pas, elle est une voie singulière du roman policier français! Merci encore Pierre, d’avoir eu l’idée de proposer ce type de week-end littéraire….à renouveler, c’est bon pour la santé! Amitiés, Pierre
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Merci Pierre pour tous ces mots. Et comme tu le dis : lisez Elena !
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Pierre, cette « reconstitution » est une excellente chose. D’une part, tu nous retraces la bibliographie provisoire de l’auteure et d’autre part, comme tu as lu tous ses livres, tu es merveilleusement placé pour en parler. Une expérience à renouveler sans aucun doute mais je réalise qu’il y a un travail en amont pour nous présenter ce maxi-billet. Amitiés. Jean
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Salut mon ami. merci pour tous ces encouragements. Certes, je ne vais pas remettre ça la semaine prochaine. ça demande beaucoup de travail et de temps à écrire. Merci encore Amitiés
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Ravie de faire parti de ce we !
Chronique très agréable à lire comme les romans d Elena.
Juste, je voulais rajouter que c’est une personne très charmante, avec des valeurs et un sacré caractère comme j’aime et bien entendu qui possède une belle plume !
Il n y a pas besoin d’hémoglobine pour passer un excellent moment.
Merci Pierre pour ton travail !
Bon dimanche !
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Merci Louise pour ce message si gentil ! Effectivement, pas d’hémoglobine inutile chez Elena !
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Bravo à toi Pierre pour cet excellent travail de présentation et d’analyse de l’ œuvre d’Elena. Elle a désormais de nombreux lecteurs qui apprécient ses qualités littéraires. Et j’en suis d’autant plus heureux que dans ses romans comme dans sa vie, elle affiche une certaine rigueur morale qui tranche avec cette société en mal de repères humanistes
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Cher Claude. C’est avec un grand plaisir que je te reçois chez moi. Comme je le dis, elle a un regard acéré, lucide et humain sur notre société. C’est sa grande qualité et ce qui en fait une auteure à part. Amitiés
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Voilà vraiment de quoi convaincre même les plus réticents !
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Mais que faisiez cet été ? Eh bien lisez maintenant ! (oui, je sais, mon fils apprend La cigale et la fourmi en ce moment ! ). Amitiés
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Elena Piacentini est aussi une nouvelliste de talent.
Recueils collectifs :
« La Bête noire » in Les auteurs du noir face à la différence, Jigal (Polar), février 2012
« Passages » in Laboratoires du noir, Nouvelles Éditions Loubatières, octobre 2012
Les sept petits nègres – L’Exquise Nouvelle saison 2, In Octavo, mars 2013 (cadavre exquis)
« Tureia » in Irradié, L’Atelier Mosésu, juin 2014
Nouvelles (format numérique) :
Double casquette, nouvelle noire, collection Noire , SKA, janvier 2014
La Bête noire, nouvelle noire, collection Noire Sœur, SKA, avril 2014
Nouvelle en ligne :
Histoire d’eau » in Anonym’us, saison 2, n°18, mars 2016
« https://trophee-anonymus.blogspot.fr/2016/02/18-histoire-deau.html
Amitiés
Pierre
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N’étant pas un grand fan des nouvelles, je ne te garantis pas de les lire. Mais je garde les titres en tête. Merci. Amitiés
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C’était simplement ma petite contribution pour apporter un complément à la bibliographie d’Elena Piacentini. Amitiés
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Rhooooo, je me peux qu’applaudir des deux mains moi qui adore cette auteure depuis le tout premier. Et oui sa plume a pris une sacré envergure ces dernières années. Mais ça je le disais dèjà il y a 9 ans ! 😉 Bises mister Pierre
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Merci Genevieve. Une auteure à ne pas rater ! Bises
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Oh oui alors !
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J’ai les trois en PP. Mais, comme je suis puriste (maniaque, si tu préfères), j’attends la réédition des premiers pour lire dans l’ordre. Patience bientôt récompensée si j’ai bien compris… Sinon, ok pour passer d’autres WE avec toi et des auteurs qui te passionnent! … Allez, un bémol quand même: dommage que tu n’aimes pas le format de la nouvelle. Il a ses codes, ses règles, réclame sans doute une autre forme de prédisposition du lecteur, mais procure autant (parfois plus…) de plaisir et d’émotion de lecture. Essaie encore…
Amitiés.
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Merci beaucoup pour ton message. Je vais reflechir au prochain auteur … En ce qui concerne les nouvelles, j’ai toujours un problème, car je lis vite, pour rentrer dans une histoire. Le format de la novella me gène moins. Ceci dit, j’ai lu des nouvelles bouleversantes. Mais je vais persévérer. Amitiés
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Bonjour, au hasard d’un article dans la presse je découvre cette auteure , je suis donc allée chez ma libraire afin d’acheter Un Corse à Lille sauf qu’elle me répond qu’il n’est plus édité aussi comme vous avez lu tous ses livres j’ai une question : y-a-t-il vraiment un ordre à respecter ? Merci de votre réponse
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Bonjour, comme avec tous les personnages récurrents, il vaut mieux les lire dans l’ordre. Un corse à Lille a été édité à l’origine par Ravet Anceau et je te confirme qu’il est épuisé. Il n’y aura pas de réédition. Mais il a été revu voire réécrit puis publié chez Au delà du raisonnable. Cette version là, tu devrais pouvoir la dénicher au moins sur Internet (au moins sur priceminister, j’ai vérifié). Ensuite les enquêtes de Leoni peuvent être divisées en 2 cycles. Le deuxième cycle commence par Le cimetière des chimères qui lui est disponible en poche chez pocket. J’espère avoir répondu à tes questions.
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