Le chouchou d’u mois d’avril 2017

Incroyable, nous sommes déjà fin avril ! Et pour Black Novel, cela veut dire aussi une nouvelle année bouclée puisque le blog fêtera le 1er mai prochain son huitième anniversaire, avec, comme d’habitude, un petit concours pour gagner un roman noir extraordinaire. Mais nous en reparlerons demain.

Honneur à ma nouvelle invitée, chroniqueuse de luxe, que je suis heureux d’accueillir pour la première fois (et pas la dernière, j’espère), Kris. Elle a eu la gentillesse de partager son avis sur le dernier roman de Cédric Bannel La Kaboul express (Robert Laffont). Ce roman va vous plonger dans un Afghanistan réaliste, loin de tout ce que les journaux télévisés peuvent nous montrer ou nous faire croire.

Au niveau des curiosités, je ne peux que vous conseiller de vous pencher sur les nouvelles parodiques mettant en scène Sherlock Holmes. Le recueil s’appelle Le détective détraqué ou les mésaventures de Sherlock Holmes (Baker Street) et c’est très à la fois très drôle et très divertissant. De la même façon, Histoire d’un chien mapuche de luis Sepulveda (Métailié) est un conte pour enfants écrit par un grand auteur sud-américain. Cette histoire noire et poétique ravira les petits et les grands et pourrait être utile aux parents pour raconter des histoires le soir à leurs enfants. Greenland de Heinrich Steinfest (Carnets Nord) est aussi un conte, mais pour adulte. Ce voyage d’un adolescent entre le monde réel et un monde imaginaire vert est tout simplement magnifique. De sac et de corde de Gilles Vidal (Les presses littéraires) est un roman original, écrit à la façon d’un short cut de Robert Altman, où l’intrigue est faite de multiples personnages qui se rencontrent et se perdent pour se retrouver plus tard. C’est un roman à découvrir, de qualité supérieure.

Au rayon thriller, j’ai été emballé par Nuit de Bernard Minier (XO éditions). J’attendais beaucoup du duel entre Servaz et Hirtmann et les ambiances et l’angoisse m’ont ravi. Plus surprenant, l’enquête de Charlie Parker Les anges de la nuit de John Connoly (Pocket) fait un retour sur la jeunesse de Louis, pour un roman d’action avec moins de fantastique.

Au rayon polar, Nu couché sur fond vert de Jacques Bablon (Jigal) confirme que cet auteur prend une place d’importance dans le paysage littéraire français. Une nouvelle fois, son style direct et efficace et sa façon de mener les intrigues font mouche. De même, Zanzara de Paul Colize (Fleuve éditions) est un roman d’action qui montre que Paul Colize fait un sans faute dans ses romans récents. C’est le cas aussi avec Au scalpel de Sam Millar (Seuil), qui est annoncé comme le meilleur de la série Karl Kane à ce jour, et je confirme : c’est un excellent polar. Enfin, En mémoire de Fred de Clayton Lindemuth (Seuil) vient confirmer le talent littéraire de cet auteur dont c’est la deuxième traduction en France. Il a un style tout simplement fascinant.

Le titre du chouchou du mois revient donc à Tu n’auras pas peur de Michel Moatti (HC éditions), parce que ce roman m’a bluffé. Il nous montre, à travers le passage de témoin entre un vieux et une jeune journaliste l’évolution du journalisme actuel. C’est passionnant dans son traitement, angoissant dans sa forme, et très intelligemment mené dans le fond. C’est une formidable réussite qu’il ne faut pas que vous ratiez.

Je vous donne rendez vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

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De sac et de corde de Gilles Vidal

Editeur : Editions Les Presses Littéraires

On avait laissé Gilles Vidal avec Les sentiers de la nuit, roman attachant de recherche des racines, et on le retrouve avec un roman ludique. Ce roman s’avère un sacré défi et une sacrée réussite.

Il s’en passe de belles à Morlame. Cette petite ville de province qui semble si tranquille va connaitre une série de morts pas toutes catholiques. Raphaëlle Juvet a élevé seule sa fille Clara. Profitant de son absence, Raphaëlle a pris une assurance vie, ouvert le gaz dans le four et fourré sa tête dedans.

Son voisin Serge Persigny a bien senti l’odeur sur le palier. Mais n’étant pas téméraire, il s’est empressé de dévaler les escaliers. Après l’intervention des pompiers, il est allé récupérer son pistolet, bien utile pour son boulot de recouvreur de dettes pour Monsieur Gouvy, le trafiquant de drogue du coin. Il débarque chez Victor Guérin mais n’a pas le temps d’utiliser son revolver que Guérin lui explose la tête à la chevrotine.

Victor Guérin traine le corps jusqu’à un puits désaffecté au fond du jardin. Puis il alla chercher son pognon perché dans un arbre, avant d’être terrassé, tout là-haut, par une crise cardiaque.

Une vieille Ford s’arrêta. Fred avait trop envie de Claudie, et ils commencèrent à baiser quand Claudie aperçut un corps perché dans un arbre. Fred récupère la besace du mort, pleine de pognon et les deux amoureux s’en allèrent faire un bon repas dans un restaurant de Morlame. De retour dans une chambre d’hotel, Fred ne pouvait se résoudre à partager le fric avec elle. Alors il l’étrangla. Il se dirigea vers l’aéroport le plus proche, et prit un billet pour Palma de Majorque.

Dans l’aérogare, Fred bouscule un homme grand et costaud. L’homme se dirige vers la sortie et regarde les pistes de décollage de la cafeteria, pour voir l’avion de Palma de Majorque exploser …

Et ça continue comme ça pendant tout le long du livre. Construit sur la base d’une multitude de personnages qui se rencontrent, se croisent, vivent et meurent, mais pas tous, ce roman fait effectivement, comme le dit la quatrième de couverture à Short cuts de Robert Altman. Car ce sont des dizaines de destins, présentés de façon remarquablement concise et efficace, qui vont s’entremêler avec beaucoup d’humour noir. C’est un roman construit comme un jeu de l égo que l’on construit et que l’on démolit à chaque fois que l’on tourne une page.

Il y aura bien un flic qui essaiera de comprendre ce qui se passe dans sa petite ville de Morlame mais rien n’y fera, les morts continueront à tomber comme si une malédiction les poursuivait à chaque rencontre. Ce qui est fort dans ce roman, c’est que tous les personnages sont suffisamment marquants pour que l’on s’en souvienne quand on les revoit plus tard dans le livre.

Et la conclusion du livre, se terminant en un hommage envers un grand poète français apporte la conclusion que l’on cherchait tout au long de la lecture. Comme quoi, cette lecture s’avère une nouvelle fois un excellent moment de divertissement original comme je n’en ai jamais lu.

Ne ratez pas l’avis de l’ami Claude 

Au scalpel de Sam Millar

Editeur : Seuil

Traducteur : Patrick Raynal

Cela devient une bonne habitude : tous les ans, nous avons droit à la toute nouvelle aventure de Karl Kane, le personnage de détective récurrent de Sam Millar. Et personnellement, j’adore !

Un homme s’approche d’une maison et pénètre à l’intérieur. Sur son visage trône une cicatrice en forme de Z, d’où son surnom Scarman. Il sortit de sa camionnette un tapis, dans lequel est enroulé un fardeau. Il met le tout sur son épaule et entre dans la maison, quand quelque chose en dépasse : La main d’un enfant, celle de Tara.

Karl Kane essaie de dormir. Essaie car il est harcelé par des cauchemars, comme toujours. Son portable sonne. C’était Lipstick, la jeune prostituée qui lui a sauvé la vie. Elle l’appelle au secours depuis une chambre d’hôtel Europa. Un dénommé Graham Butler de Londres l’a frappée et veut lui faire des choses qu’elle ne veut pas. Karl débarque à l’hôtel, entre dans la chambre et dérouille Butler à coups de pieds dans la figure. Lipstick arrive à l’arrêter avant qu’il ne le tue. Puis Karl ramène Lipstick chez lui.

Scarman a observé la maison depuis quelque temps. Cette famille est composée d’ivrognes et de deux enfants. Ce qui l’intéresse, c’est la jeune fille Dorothy. Il attend que les parents soient abrutis par l’alcool avant de pénétrer dans la maison et de prendre la jeune enfant endormie au chloroforme. Puis il fait exploser la maison avec les bonbonnes de gaz entassées juste à coté.

Ce matin là, Naomi, la superbe secrétaire et amante de Karl lui demande de recevoir un homme pour une affaire. Son nom est Tommy Naughton. Il demande à Karl d’enquêter sur l’incendie de la maison de sa fille suite à l’explosion de bouteilles de gaz. La police conclut à un accident arguant que les parents ont du oublier d’éteindre leurs cigarettes en s’endormant. Sauf que les parents ne fument plus.

Les enquêtes de Karl Kane entrent dans la grande tradition des détectives de la littérature policière. Sam Millar y a ajouté sa patte, son originalité, en ayant créé un personnage noir et violent, en réaction à la violence de son environnement et de la société. A cela, il faut ajouter ce style si direct qui frappe sèchement comme des directs au foie, et un art des dialogues qui sonnent toujours justes.

Si on y trouve les obsessions de l’auteur, liées aux années de prison qu’il a passées en Irlande et une phobie de l’enfermement, la force évocatrice des descriptions en font une source de tension et d’angoisse pour le lecteur. Cette nouvelle enquête de Karl Kane ne fait pas exception à la règle, même si ici, Kark Kane va se retrouver personnellement impliqué dans son combat face à Scarman.

Au sens strict du terme, il ne s’agit pas d’un thriller, mais bien d’un roman noir violent, qui montre plus qu’il ne dénonce, le fait que l’on libère des cinglés assassins. Dans ce cas-là, l’auteur aurait pu faire apparaître son héros comme un justicier qui corrige les erreurs de la société, mais Sam Millar est bien plus intelligent que cela, nous proposant une fin qui ravira tout le monde, adeptes de romans noirs ou moralistes.

Il n’en reste pas moins que la peinture de la société reste toujours aussi noire et désespérante, même si ce n’est pas le sujet principal de l’enquête. Et par rapport aux précédentes enquêtes, le ton y est plus sur, les rebondissements nombreux, et l’humour hilarants, surtout dans les dialogues entre Karl et Naomi. Je trouve d’ailleurs que les romans de Karl Kane se rapprochent de l’univers de Jack Taylor, et ce n’est pas pour me déplaire. Bref, cet épisode est annoncé comme le meilleur de la série à ce jour, et je confirme : c’est excellent.

Les précédentes enquêtes de Karl Kane sont :

Les Chiens de Belfast

Le Cannibale de Crumlin Road

Un sale hiver26

En mémoire de Fred de Clayton Lindemuth

Editeur : Seuil

Traducteur : Patrice Carrer

Après Une contrée paisible et froide, qui était un formidable roman noir, je ne pouvais que m’intéresser à la deuxième parution en France de cet auteur. On retrouve cette même narration dure et sèche et les mêmes paysages américains. Après le Wyoming, Clayton Lindemuth nous emmène dans une petite ville de Caroline du Nord. Le roman commence comme ça :

J’ai approché la lampe de la tête de Fred. Ses yeux étaient injectés de sang, tuméfiés, et je l’ai contemplé quelques instants en me demandant si j’aurais le cran de l’achever si ça devenait nécessaire.

Fred a dit : « Si tu réglais plutôt leur compte aux ordures qui m’ont lâchement jeté dans l’arène ? »

Baer Creighton vit seul, dans sa maison au milieu des bois. Il se dirige vers la maison de Joe Stipe, qui organise des paris lors de combats de chiens. Joe Stipe dirige tout ce qui rapporte de l’argent, de l’alcool à la drogue, en passant par ces combats sanglants. Un de ses gars a du kidnapper le chien de Baer et Fred le chien s’est fait massacrer mais a quand même trouvé la force de revenir à la maison en sale état. Ceux qui ont fait ça vont devoir payer le prix fort. Sa venue chez Stipe n’est pas bien accueillie, mais il reviendra.

Baer distille le meilleur alcool de la région. C’est probablement pour cela qu’il est encore en vie. Il a le don de savoir quand quelqu’un ment, puisqu’il ressent comme une décharge électrique. Et il entend son chien parler. Cela rend sa vie solitaire moins dure. Et puis, il doit défendre son alambic contre des attaques des hommes de Stipe qui veulent le détruire. Dans cette petite ville perdue au milieu de nulle part, c’est une véritable guerre de tranchée à laquelle ces hommes se livrent.

Baer écrit des lettres à son ancienne amoureuse, Ruth pour qui il ressent encore de l’amour presque trente ans après. Après avoir épousé Larry, le frère de Baer, elle est partie, laissant derrière elle une fille Mae. Baer passe souvent voir Mae et ses gosses qu’elle a eus avec le fils du shérif Cory, qui est le petit dealer du coin. Il constate que Cory frappe toujours sa femme et lui donne de l’argent pour subvenir aux besoins des enfants. Dans cet enfer sur Terre, Baer va devoir faire respecter les règles, ses règles.

Comme dans son précédent roman, nous sommes plongés dans une petite ville, comme si elle était perdue au milieu de nulle part. Les hommes et les femmes semblent vivre en totale autarcie. Ce petit monde comporte tout ce que l’on peut trouver en termes de sauvagerie et Baer survit au milieu de tous. Chacun a sa fonction, chacun a son commerce et ceux qui ne participe pas au système de trafic sont les plus pauvres.

Cette vision de la société est profondément pessimiste. Ce monde est fait de violence ou comme diraient les Romains : Panem et circenses. Au milieu de ce microcosme, Baer produit la meilleure gnôle et tout le monde lui en achète. Et tout le monde l’envie. Ces rivalités engendrent de nombreux conflits, comme des sortes de combats de rues, comme des guerres de gagne-terrain, de gagne-pain. Si Stipe fait office de parrain local, Baer fait office de contre-pouvoir. Il ne cherche pas à prendre le pouvoir mais juste à vivre de son alcool, qu’il revend à prix d’or. Et malheur à ceux qui s’opposent à Stipe.

La plupart des chapitres sont écrits à la première personne, l’intrigue étant racontée par Baer. Certains chapitres sont à la troisième personne quand il s’agit de voir les troupes de Stipe fomenter leurs actions, ce qui est plus critiquable à mon gout. Si le rythme est plutôt lent, il ressort du style de Clayton Lindemuth une sorte de fascination dans la façon qu’il a de décrire les émotions de Baer ou les scènes d’action. D’un cran au dessous de son précédent roman à mon avis, il montre une vision noire de la société américaine comme savent le faire les nouveaux auteurs américains. Et la morale de cette histoire, Œil pour œil, dent pour dent, s’avère finalement le seul moyen de survie dans ce monde animal, ce monde de brutes dirigé par la force et les armes.

Ne ratez pas le coup de cœur de l’ami Claude.

 

La chronique de Kris : Kaboul Express de Cédric Bannel

(Une enquête de Nicole LAGUNA et du Gomaandaan KANDAR)

Editeur : Robert Laffont – La Bête Noire

Il est impossible de rater Kris dans un salon … quoique l’on se soit raté à Lyon cette année. Je ne me rappelle plus si nous avons été en contact d’abord sur un salon ou sur un réseau social mais le fait est que c’est une personne avenante qui a toujours le sourire. Et pour moi, ça compte énormément. Sur le réseau social en question, je lis ses avis sur les livres qu’elle lit, souvent des polars, quelques thrillers, et j’y trouve une sincérité que je lui envie, une faculté à exprimer en peu de mots ce qu’elle ressent, et qui donne envie de lire le livre dont elle parle. Souriante et passionnée, ce sont les deux adjectifs qui me viennent à l’esprit, la concernant.

Je me rappelle, c’était à Saint Maur, lui avoir dit que le jour où elle voudrait publier un avis sur un roman qu’elle a adoré, je serais honoré de l’accueillir dans cette rubrique des invités de Black Novel. C’était il y a 3 ans … mais je suis patient. Je l’ai revu quelques fois après, lui rappelant ma proposition et elle me répondait qu’elle attendait le bon livre pour ça. Finalement, je suis heureux comme un gamin, car c’est elle qui est revenue vers moi pour me proposer son billet. Et c’est un putain de bon billet qui me donne envie de lire le roman de Cédric Bannel.

Que dire d’autre ? C’est un honneur pour moi de vous présenter l’avis de Kris :

J’ai découvert Cédric BANNEL avec « BAAD » et  sa connaissance  de l’Afghanistan m’a beaucoup marquée ! Je reprendrais ici ses propres termes que je trouve tout à fait appropriés « Il existe un autre Afghanistan que celui décrit par les médias » et « son » Afghanistan est de fait bien différent de tout ce que  peuvent nous asséner les médias.

Cette  nouvelle enquête policière autour de faits qui collent à l’actualité comme ce jeune Zwak, d’une intelligence supérieure, qui rejoint DAESH, la traque du qomaandaan KANDAR aidé de Nicole, une Commissaire française, ancienne de la DGSE et avec qui il a déjà mené plusieurs investigations, nous livre de nouvelles facettes de ce pays bien méconnu.

Il y a l’enquête policière, certes captivante mais qui  dévoilera  en réalité un beaucoup plus gros gibier puisque qu’elle se transformera en enquête antiterroriste (un vrai travail de fourmi). Ce « Kaboul Express » qui désigne un pick-up qui ne transporte que des Afghans d’Istanbul à la Syrie vous entraînera dans les contrées détenues par DAESH et apportera  un éclairage avisé sur leur mode de fonctionnement.

Et puis il ya le charisme du qomaandaan KANDAR (sniper hors pair), son épouse, gynécologue qui refuse le port du voile, l’entourage dévoué du qomaandaan, enquêteurs, gardes du corps qui sont marqués au fer rouge par cette guerre contre les talibans et puis  ce peuple  nomade, surprenant  par sa liberté de penser, tout un panel d’une population ignorée du monde occidental.

Mené tambour battant cette nouvelle enquête que nous sert Cédric Banel est d’une grande dimension humaine et c’est  à regret que j’ai tourné la dernière page.

Quatrième de couverture :

Zwak, Afghan, dix-sept ans et l’air d’en avoir treize, un QI de 160, et la rage au coeur depuis que son père a été une “victime collatérale” des Occidentaux. Devant son ordinateur, il a programmé un jeu d’un genre nouveau. Un jeu pour de vrai, avec la France en ligne de mire. Et là-bas, en Syrie, quelqu’un a entendu son appel… De Kaboul au désert de la mort, des villes syriennes occupées par les fanatiques de l’Etat islamique à la Turquie et la Roumanie, la commissaire de la DGSI Nicole Laguna et le qomaandaan Kandar, chef de la Crim de Kaboul, traquent Zwak et ses complices. Contre ceux qui veulent commettre l’indicible, le temps est compté.

Biographie de l’auteur :

Cédric Bannel est un homme d’affaires et écrivain français, né en 1966.

Ancien élève de l’École nationale d’administration (ENA), il a d’abord occupé des responsabilités à la Direction du Trésor du Ministère des Finances, au contrôle des investissements étrangers en France et au bureau des sanctions financières internationales (contre l’Irak et la Libye). Il a ensuite participé à plusieurs opérations d’ouverture du capital avant d’être nommé Attaché financier à l’Ambassade de France à Londres. Il a rejoint le groupe Renault-Nissan comme membre du Comité de direction financière et Directeur des relations financières, le plus jeune cadre dirigeant de Renault à avoir occupé de telles fonctions, et a participé activement aux rachats de Nissan, de Samsung Motors et de Dacia. Il a fondé en 2000 avec le soutien d’investisseurs institutionnels emmenés par le groupe japonais Nomura et par Renault le site Caradisiac.com, site d’information et d’intermédiation automobile qui s’est rapidement imposé comme le numéro 1 français devant E Bay motors et l’AutoJournal.fr. Caradisiac.com est devenue la première régie automobile sur Internet. Après avoir cédé Caradisiac.com au groupe Spir, Cédric Bannel l’a fusionné avec la Centrale des particuliers pour créer un des premiers acteurs du Web français. Il a ensuite intégré le fonds d’investissement britannique 3i comme Senior Partner (Coté à Londres, 3i est un des leaders mondiaux du Private Equity, spécialisé dans les opérations de Mid Capital en LBO). Depuis mi 2009, Cédric Bannel a lancé ses propres activités d’investissements.

Aux éditions Robert Laffont, Cédric Bannel a publié Le Huitième Fléau (1999), La Menace Mercure (2000), Élixir (2004) et L’Homme de Kaboul (2011). Son cinquième roman BAAD est paru en 2016 chez Robert Laffont – collection La Bête Noire. Ses romans sont traduits dans de nombreux pays.

Zanzara de Paul Colize

Editeur : Fleuve Editions

Depuis Back-up (et même un peu avant), je lis toutes les nouvelles sorties de Paul Colize, car ses livres sont tout simplement prenants et permettent de passer à chaque fois d’excellents moments de lecture. Je ne suis pas prêt d’oublier Un long moment de silence, qui est à mon avis son meilleur roman à ce jour, le plus personnel aussi, ce qui en fait presque le livre de sa vie. Et Zanzara alors ? Il est comment ? GENIAL !

Fred a organisé son défi. Il a réuni des parieurs, qui versent une obole pour le voir prendre le périphérique de Bruxelles à contresens au volant de sa voiture, à fond. Après que chacun ait versé ses billets, il prend le volant et se lance sur le Ring. Il roule sur la voie de gauche, ne cherchant même pas à éviter les voitures qui viennent en face. Puis, il réussit à prendre la sortie suivante après plusieurs centaines de mètres de folie, et une bonne dose d’adrénaline. Encore une fois, il s’en sort. Entreprise suicidaire ? Pour lui, il s’agit plutôt de chercher une forme de rédemption, et un bien-être qu’il a rencontré dans sa jeunesse.

Fred, de son vrai nom Frédéric Peeters, est journaliste au journal Le Soir. Lors de la réunion de l’équipe, pour faire un point sur les sujets en cours, il reçoit un coup de fil d’un dénommé Régis Bernier. Il se dit menacé, a peur pour sa vie et lui propose un rendez-vous le lendemain pour lui faire des révélations. Quand il se rend chez Bernier, dans les Ardennes, il découvre un cadavre.

Il appelle alors la police puis inspecte les lieux. Certes, il semble que Régis Bernier se soit suicidé. Mais le pistolet semble bien éloigné du cadavre, sous le bureau. D’ailleurs, il n’y a pas de trace ni de téléphone, ni d’ordinateur, alors qu’il y a un écran et une imprimante. Les remarques du légiste laissent penser que la mort remonte à trois jours, soit avant le coup de fil qu’il a reçu. Il n’y a qu’un journaliste pour être attiré par ce genre de mystère.

Accrochez vous ! Dès les premières pages, on est pris dans le rythme, comme une sorte de 10 000 mètres à courir à la vitesse d’un sprint. De la scène initiale à la fin, le mot d’ordre est de l’action, de l’action et de l’action. Et cela se coordonne parfaitement avec la psychologie du personnage principal, Fred, sorte de suicidaire, avide de défis impossibles pour à la fois exorciser un drame de jeunesse et à la fois se sentir vivant. En fait, il vit à 100 à l’heure, aussi bien dans son travail que dans sa vie personnelle. Fred, c’est un descendant des punks, un No Future moderne, un Rimbaud du polar.

Car Paul Colize ne se contente pas d’écrire un roman d’action, il nous propose aussi un formidable personnage auquel on adhère et par voir de conséquence, pour lequel on a peur quand il fait ses défis ! Et on le trouve timide quand il s’agit d’aborder et de draguer Camille, une libraire, avant de le voir cinglé dans sa relation sexuelle, comme s’il devait prouver chaque respiration qu’il prend. Et tout est mené au même rythme, ce qui fait qu’on n’a pas le temps de retrouver son souffle, on court de mots en phrases, de phrases en chapitres courts, pour arriver au sujet du livre.

Fred va mener son enquête, rencontrer le fils du mort, et petit à petit découvrir le fin mot de l’histoire. L’auteur nous parle d’un événement que personne n’a évoqué, que tout le monde a enterré consciencieusement, sur fond de mercenariat, que ce soit dans les émeutes ou dans les guerres modernes. Quelques chapitres en italiques nous indiquaient bien qu’il y avait un sujet de fond, et celui-ci est judicieusement amené et suffisamment révoltant pour que l’on ait envie de hurler. Et cela fait de ce polar bien plus qu’un polar, une dénonciation des exactions gouvernementales mais aussi des informations que l’on choisit consciencieusement de donner au peuple. GENIAL !

Ne ratez pas l’avis des amis Claude, Yvan,  ainsi que sur Au Pouvoir des mots.

Les libraires se meurent. Les petits éditeurs aussi …

En cette période d’élections, les libraires souffrent, les petits éditeurs aussi. Et sans les libraires, il n’y a plus d’accès à la culture. Sans les petits éditeurs, nous nous dirigerons vers une société où on vous dira les livres que vous devez lire.

Olivier Le Corbac est libraire à la librairie Humeurs Noires à Lille. Il a écrit un texte qui, personnellement m’a touché. Par son honnêteté, par son cri d’alarme. Alors je lui ai demandé la permission de le reproduire. Le voici :

Le Cogolin en chie.
Fleur Sauvage aussi.
Les éditions du caïman encore…
Et moi je survis…

Aujourd’hui on a accueilli un 3eme chien parce que ma femme est gentille et mes filles aussi…
J ai lancé une cagnotte pour une librairie défendue par René et Fabio qui me bouffe ma marge.
J’attends pour soutenir Fleur Sauvage…
Je reçois plein d’auteurs parce qu’ils sont funs
Je fidélise mes amis et habitués. ..
Aujourd’hui mes filles ont eu des cadeaux des Cloches et ma femme de sa Cloche…
Elles sont parties voir des chevaux avec le chien d’un ami qu’on a pris en pension et moi je me fais le dernier Damien Saez….
Demain ou dans deux mois je peux moi aussi fermer…mais tu sais quoi?
Je m’en tamponne le coquillard. 
La vie c’est un western où celui qui dégaine et tire le plus vite il a gagné. 
Je m’use et heureux te fatigue mais c’est pas pour moi…c’est pour toi, tes amis, ta famille et qui tu veux …
Je passe plus de temps à regarder mes comptes que ma femme (et pourtant elle est canon)
Pourquoi ? 
Parce que je suis un gentil….
Fais pareil aujourd’hui, tape toi l’agneau si tu veux mais pense aux autres.
Pense à l’édition 
Pense aux libraires 
Pense à ce que tu voudrais qu’on fasse pour toi 
Ma femme mes filles sont au poney, moi j écoute à donc le dernier Saez…taxe moi encore une fois de mec d extrême droite, de vendeur de merde, de propagandeur d’idées de merde et parole de Corbac je te péte les rotules et je saurai utiliser mon canapé de chez Mamy.
Sinon…je t aime…
Et tu sais quoi?
Plus on est de fous plus on rit…

https://www.leetchi.com/c/cagnotte-de-la-librairie-de-cogol…
https://fr.ulule.com/sauver-les-editions-fleur-sauvage/
https://fr.ulule.com/editions-caiman/

Greenland de Heinrich Steinfest

Editeur : Carnets Nord

Traducteur : Corinna Gepner

Quand on lit un roman de Heinrich Steinfest, il faut s’attendre à entrer dans un monde parallèle, à lire un roman décalé, à regarder le monde autrement, pour mieux y voir ses défauts et travers. Greenland nous propose un conte, comme une invitation à retrouver notre âme d’enfant … mais pas seulement … comme d’habitude.

Quatrième de couverture :

« Comment s’appelle ce lac ?

– Tu ne le sais pas ?!

– Je n’ai pas dit que j’étais d’ici.

– Et d’où viens-tu ?

– Vous ne le croiriez pas.

– Probable. »

Telle fut la surprenante réponse du chauffeur. Il m’expliqua alors que ce lac portait le nom de Mohsee. Mais que les gens l’appelaient aussi La Mer des petits péchés.

« Et pourquoi ?

– Eh bien, parce que pour les grands péchés il existe déjà une mer. Une vraie. L’océan là-bas. Tu devrais le savoir. »

Tout a changé pour Theo la nuit où est apparu devant la fenêtre de sa chambre d’enfant un store vert. À sa surface, un paysage sous-marin et des hommes aux jumelles qui semblent l’épier. Passé le premier effroi, il ne peut résister à l’envie d’aller observer l’étrange objet de plus près. Et se retrouve happé dans le monde de Greenland.

Mon avis :

Theo est un enfant des années 2000. Heureux dans une famille de 3 enfants mais solitaire, il s’est habitué à ne pas avoir de rideau sur la fenêtre de sa chambre. Son monde va basculer le jour où on lui installe un store de couleur verte. En regardant de plus près, il s’aperçoit qu’il y a un monde vert derrière le store. Il y voit une jeune fille, attachée à une grosse corde. Une nuit, il décide de plonger dans ce monde vert pour la sauver. Il se trouve un compagnon, en la personne de Lucian, un grand couteau et va réussir à couper la corde. Mais l’aventure ne fait que commencer …

Effectivement, ce roman n’est pas comme les autres. Heinrich Steinfest écrivant des romans faisant appel à l’imaginaire, il était logique qu’il nous offre un conte. Et quelle merveille que ce roman ! L’auteur pousse même le vice jusqu’à écrire les passages avec de l’encre verte quand le lecteur aborde des passages dans Greenland. C’est amusant, et c’est surtout pas commun.

Dans la première partie, Théo März va donc tout faire pour sauver la jeune fille. Il croit qu’elle s’appelle Hélène, mais il s’avèrera qu’elle s’appelle Anna, Hélène étant le nom de son chien ! De cette première partie, l’auteur fait appel à notre âme d’enfant, aux mondes imaginaires que l’on se créé au fond de notre lit, tout en gardant les pieds sur Terre quand il décrit le monde des adultes et leurs travers.

Dans la deuxième partie, nous sommes en 2046. Théo a 46 ans et est deux fois divorcé. Il est devenu divorcé et est en voyage vers Mars. Ceci dit, avec un nom pareil, il ne pouvait pas faire un autre métier. Il apprend, là haut, que Anna a disparu. C’est alors qu’il décide de retourner à Greenland pour la trouver. Et c’est une nouvelle aventure qui démarre. Et Heinrich Steinfest en profite pour nous montrer l’évolution du monde vers plus de machines et plus d’ordinateurs, plaçant l’homme au deuxième plan.

Et c’est l’occasion pour l’auteur de défendre la puissance de l’imagination, l’importance de l’humanité à travers ce conte qui, personnellement m’a fait fondre. Outre sa forme originale, c’est une ode à l’Homme et à cette capacité à créer des choses plus grandes que lui. Si c’est une lecture qui me change de mes habitudes, ce voyage vers un autre monde m’a définitivement conquis. Un livre culte.

Les Anges de la Nuit de John Connolly

Editeur : Presses de la cité (Grand format) ; Pocket (Format Poche)

Traducteur : Jacques MARTINACHE

Je continue mon exploration de l’univers de Charlie Parker avec ma huitième lecture. Après un épisode franchement emballant, ce roman m’a surpris, m’a pris à revers. La liste de mes billets sur Charlie Parker est à la fin.

Quatrième de couverture :

Quand les trahisons se paient au prix fort…

On les surnomme les Faucheurs, et ils sont l’élite des tueurs. Des hommes si terrifiants qu’on ose à peine prononcer leur nom. Louis, l’ami du détective Charlie Parker, a été formé par cette armée de l’ombre avant de tirer un trait sur son passé. Mais aujourd’hui il est la cible des Faucheurs, et plus particulièrement de Bliss, le tueur des tueurs. Charlie Parker, que Louis a souvent tiré de mauvaises passes, parviendra-t-il à le sauver ?

Tableau d’un monde crépusculaire où tout n’est que corruption, où les crimes demeurent impunis mais où les trahisons se paient au prix fort, Les Anges de la nuit fascine et glace le sang.

Mon avis :

Après un épisode noir et qui avait, me semble-t-il relancé la série, John Connoly décide de creuser ses personnages. Entre Louis et Angel, il a choisi Angel. C’est donc l’histoire d’Angel que nous allons lire, avec en parallèle une course poursuite, sorte de duel entre tueurs, un peu comme Highlander. Louis, a été élevé par un groupe de tueurs. L’un d’eux, Bliss, veut à tout prix le tuer pour se venger du passé, puisque Louis l’a brulé plusieurs années auparavant.

Certes cet épisode est glauque, car John Connoly arrive à nous montrer un univers parallèle, dont nous n’avons pas idée. C’est aussi l’occasion de nous offrir encore une fois des scènes incroyablement visuelles, mais j’y ai trouvé peu de scènes d’angoisse. Par contre, entre deux moments de tension, on rigole beaucoup, puisque Louis et Angel nous offrent des dialogues truculents voire inénarrables.

Il faut juste savoir que Charlie Parker n’apparait que très peu dans cet épisode, puisqu’il entre vraiment en scène qu’à partir des deux tiers du roman. Donc la narration n’est pas à la première personne et cela m’a créé comme une distance par rapport aux précédents opus. Par contre, cela m’a donné envie d’en relire un autre tout de suite, parce que je n’ai pas eu ma dose de Charlie Parker.

Liste des épisodes précédents :

Tu n’auras pas peur de Michel Moatti

Editeur : HC éditions

Michel Moatti est un auteur que je suis depuis ses débuts dans le polar. Pour son petit dernier, il revient à Londres, lieu de ses deux premiers polars historiques. Mais il s’agit d’un thriller, qui en respecte tous les codes, en rajoutant une réflexion intéressante sur le journalisme. Génial !

L’histoire :

Un corps est repêché dans l’étang de Crystal Palace, au sud de Londres : il est attaché à un siège de pilote d’avion et comporte une pochette peinte en bleu, nouée autour du cou. Trevor Sugden et Lynn Dunsday sont les premiers journalistes sur les lieux. Sugden a la soixantaine et est journaliste pour un journal papier, alors que Lynn est journaliste pour un site Internet d’information le Bumper. Les deux se sont rencontrés lors d’une précédente enquête et s’apprécient beaucoup, au point de s’échanger des informations quand ils sont sur les mêmes sujets.

Sugden et Lynn apprennent des policiers sur place, que le mort a été attaché à ce siège et balancé vivant dans l’étang, si bien qu’il s’est noyé. En plus, le meurtrier lui a congelé le bras droit avec de l’azote, si bien que les ambulanciers ont cassé le bras en transportant le corps. Sugden pense avoir déjà vu cette scène et en fait part à Lynn : Il s’agit d’une reconstitution de la mort de d’un chanteur connu, lorsque son avion a plongé dans un lac gelé.

L’horreur atteint son comble, quand le tueur poste sur les réseaux sociaux une vidéo mettant en scène son meurtre sans rien cacher. Sugden et Lynn vont mener leur enquête chacun de leur coté, s’épaulant par moments, alors que la vie privée de Lynn va être bouleversée quand elle devient l’amante du policier Andy Folsom. Bientôt, c’est un deuxième cadavre qui apparait, avec une mise en scène totalement différente.

Surpris, passionné, enchanté, passionné, ravi, époustouflé, horrifié. Voici les états d’âme par lesquels je serais passé lors de cette lecture. Pour tout vous dire, le cinquantenaire que je suis est très méfiant vis-à-vis du flot d’information incessant que nous subissons ou qui nous est disponible. On a l’habitude de dire que trop d’information tue l’information. Et pourtant, aujourd’hui, on est abreuvé par des informations qui viennent de toutes parts, vraies ou fausses et on ne se pose plus la question de ce que l’on doit croire ou trier. J’attendais un roman qui aborderait cet aspect et Tu n’auras pas peur de Michel Moatti est ce roman-là. Il pose même plus de questions, aborde plus d’aspects que ce que je demandais.

Michel Moatti a choisi une forme classique pour illustrer son propos. Choc des générations, choc des cultures, choc des technologies, choc des modes de réflexion (je préfère utiliser le mot choc plutôt que guerre). Et pour cela, il place deux personnages au centre de l’intrigue. Sugden fait office de « Vieux de la vieille », travaille à l’ancienne, posément, rigoureusement, pour sortir son billet avant le bouclage du journal quand il a de la matière. Lynn, elle, doit tenir son lectorat en haleine. Elle doit donc sortir des billets de quelques paragraphes pour que les gens la suivent, ou du moins qu’ils suivent grace aux flux RSS les nouveautés. Et s’ils sont de deux générations différentes, s’ils travaillent différemment, les deux sont d’excellents journalistes dont le métier a pris le pas sur leur vie privée. D’ailleurs, Lynn est portée sur la boisson et les bars nocturnes, Sugden apte de bons restaurants.

A travers ces deux personnages, on voit bien où veut nous mener Michel Moatti. Il ne sert à rien de lutter contre la technologie, nous dit-il entre les lignes, mais il faut se rendre compte du passage de témoin qui est en train de se jouer. Pour autant, la jeune génération veut aller vite, à l’essentiel, et les journalistes qui abreuvent les sites de nouvelles doivent suivre le rythme. Mais pour autant, qui dit changement de mode travail ne veut pas dire baisse de talent. Sugden et Lynn sont tous deux doués. Et si on peut penser que la psychologie des personnages risque de passer au second plan derrière ce sujet, n’en croyez rien. J’ai un critère pour ça : Il y a un ENORME événement un peu avant la page 200 qui va toucher les deux personnages. Quand on lit ces 4 ou 5 pages, en ayant la gorge qui se serre, les yeux qui piquent, ça veut dire que l’on s’attache aux personnages. Fichtre ! Mais quel talent, quel passage !

Comme à son habitude, Michel Moatti accorde une grande importance aux décors, à la ville, au mode de vie des gens. Il ne faut pas oublier que lors de ses trois précédents romans, c’est bien ce talent à peindre des ambiances réalistes qui m’avaient plu. C’est encore le cas ici, puisque l’on a vraiment l’impression de vivre avec Sugden et Lynn, à l’anglaise. On y voit les rues, les couleurs, les immeubles, on y sent les odeurs, on goute même aux plats suggérés par Sugden. Super !

L’intrigue quant à elle est plus proche d’un roman policier, voire d’un roman psychologique que d’un thriller où il y a des morts toutes les 50 pages. Les meurtres apparaissent juste quand il faut et quand Michel Moatti a jugé bon de relancer l’histoire après nous avoir asséné quelques vérités. Car c’est vraiment ce que j’ai adoré dans ce roman. Lynn parfois se demande si elle n’est pas tout juste bonne à lancer de la viande au peuple, au travers de ses billets pour le Bumper. Outre la prise de conscience de la journaliste, et de leur code de déontologie, c’est nous, lecteurs, que Michel Moatti oblige à une prise conscience de ce que nous vivons. Il ne juge pas, mais nous place en face de nos responsabilités. C’est bien parce que nous lisons des horreurs, que nous avons des attitudes de voyeurs, que la prolifération de l’information a lieu. En gros, tout le monde est coupable, puisque c’est la loi de l’offre et de la demande. Et donc je vais terminer ce long billet par mon petit conseil du jour : Eteignez donc la télévision, et lisez !

Tiens, avant de vous quitter, je vous offre un beau sujet de réflexion : Plus il y a d’information disponible, moins il y a de communication. Vous m’en écrirez 4 pages. Merci !