Le Diable n’est pas mort à Dachau de Maurice Gouiran

Editeur : Jigal

Fidèle je suis, fidèle je reste. En conséquence de quoi, je lis chaque nouvelle publication de Maurice Gouiran, car avec ses intrigues toujours bien construites, on y apprend toujours des faits historiques scandaleux et dont on ne parle pas assez. Ceux relatés ici sont tout simplement révoltants !

Jeudi 26 octobre 1967. Henri Marjencoules revient dans son village natal, Agnost-d’en-haut, pour l’enterrement de sa mère. Il avait bien pensé prendre une chambre d’hôtel, pour éviter d’avoir à faire face à son père, qui est genre mutique et qui ne s’épanche pas en démonstrations sentimentales. Malheureusement, tous les hôtels du coin ont été pris d’assaut. Henri travaille aux Etats-Unis en tant que mathématicien pour une entreprise privée et arrive bien fatigué. Il est par moments pris d’hallucinations mais c’est surement un effet secondaire du à ses abus de LSD.

Mardi 26 janvier 1943. Sigmund Rascher est à la tête de recherches au camp de Dachau. Il est vrai que le nazisme lui offre la possibilité de tester de nouvelles méthodes sur des cobayes vivants. Sigmund se moque bien de Nowitski et Plötner qui font des recherches de leur coté sur des substances hallucinogènes pour trouver un sérum de vérité, qui serait bien utile dans les interrogatoires. Lui cherche à améliorer les conditions des soldats dans des conditions froides intenses. Il arrive à la conclusion qu’il faut avant tout protéger la tête dans les prochaines combinaisons de vol des pilotes.

A Agnost-d’en-haut, Henri renoue avec ses copains, qu’il avait perdu de vue. Pascal et Norbert ont le même age que lui, mais en paraissent le double. Ils ont repris la ferme familaiale comme une sorte de malédiction. A l’auberge, Henri apprend que la famille Stokton a été assassinée : le père, la mère et l’enfant de 8 ans. Le père avait acheté la ferme des Granges brulées une dizaine d’années auparavant. La rencontre avec Antoine Camaro, journaliste qui suit l’enquête, va l’impliquer dans ces meurtres d’une famille américaine.

Révoltant ! Les faits relatés sont révoltants !

Après une mise en jambe plutôt lente, Maurice Gouiran va patiemment construire son intrigue, pour mieux frapper (et non juste appuyer) là où ça fait mal. Mais auparavant, il aura pris soin de bien construire son personnage principal, et placé ses personnages secondaires. Quand il le faut, il insère des chapitres remontant tout d’abord à la 2ème guerre mondiale puis plus tard juste après guerre.

A travers ces chapitres, qui couvrent une bonne moitié du livre, Maurice Gouiran va nous montrer la différence entre le nouveau monde et l’ancien. Aux Etats-Unis, on est en pleine période peace and love, drugs, sex and rock and roll. Alors qu’en Europe, l’avenir des jeunes est de rejoindre une grande ville pour espérer trouver du travail, la vie américaine s’est libérée et décomplexée, non sans inconvénients. Et c’est là que cela devient intéressant.

Car en 210 pages, Maitre Gouiran ne va pas insister sur l’horreur des camps, comme le titre peut le laisser penser. Il va nous montrer comment les Américains ont récupéré des scientifiques nazis pour profiter de leurs avancées technologiques. Il va nous montrer comment ces recherches financées par l’état mais officiellement commandées par des boites privées ont pour but la lutte contre les Rouges et l’obsession d’augmenter son armement. Et enfin, et surtout, il va nous montrer comment les Etats-Unis ont fait eux aussi des essais en grandeur réelle, sur leur sol et ailleurs, testant soit de nouvelles drogues synthétiques soit carrément des armes bactériologiques.

Et Maurice Gouiran nous assène ça en quelques chapitres à partir du chapitre 20. Et là, c’est l’horreur … c’est révoltant. On pourrait accuser les scientifiques de s’aveugler quant à leurs trouvailles, de ne pas chercher à savoir, de privilégier leur gloire. Mais tout est suffisamment cloisonné pour que très peu de personnes soient au courant. On pourrait dire que Maurice Gouiran affabule. C’est pour défendre son roman (et non sa thèse, qu’il met à la fin deux pages entières de références sur des rapports, des articles et des études. Après tout ça, je suis KO. Ce nouveau roman de Maurice Gouiran est indispensable parce qu’il est révoltant. Et une nouvelle fois, je dis : Merci M.Gouiran.

14 réflexions sur « Le Diable n’est pas mort à Dachau de Maurice Gouiran »

    1. A la fin du roman, il cite deux pleines pages de références, des articles, des enquêtes, des blogs, des sites internet … L’auteur prévient au début que si les faits sont réels, les personnages sont inventés. Connaissant la rigueur de l’auteur, je pense que ça l’est. En tous cas c’est à lire. Pour éviter de continuer à se faire hypnotiser par la télévision et les informations qu’on veut bien nous donner …

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  1. Mon cher Pierre,
    Un bouquin que je prends dans mes valises mais qui ne fait peut-être pas fort « vacances ». Un livre choc si je t’en crois et je te crois bien sûr. Bonnes vacances à toi aussi, je pense que c’est pour bientôt. Amitiés. Jean Le Belge. 😉

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  2. J’ai profité de mes vacances en France pour mettre la main dessus. Pour une fois, la tentation venait d’ailleurs 😉 Bon, je dois trouver du temps, maintenant…

    PS : si on savait tout ce qu’il se passe dans les « coulisses », on tomberait raide mort d’indignation.

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  3. Bon futur w.e. Pierre. Oui oui je me fais rire. Je continue à lire 🙂 Voyant l’auteur, je me précipite. Et en lisant ta présentation, je vais me précipiter pour l’acheter. Y a plus qu’à. Je sais que l’auteur fait des recherches d’après les références écrites en fin de livre. Ce qui veut dire et cela n’engage que moi, qu’il nous raconte une histoire sur base de faits réels avec énormément d’art littéraire. Un niveau d’écriture dont je suis fan. En conclusion, je ne puis qu’adhérer à ce thème qui va aussi certainement me révolter.
    Amitiés.
    Geneviève

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      1. Ok et merci m’en vais aller voir cela de plus près. J’avais aimé L’hiver des Enfants Volés de Gouiran. Quant à Gendron, un Bordelais comme auteur, c’est sympa. 🙂

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  4. Tu as raison. J’avais aimé le printemps des corbeaux. Mais là on est encore un cran au dessus. Il a ce truc d’appuyer où ça fait mal avec un style ciselé et j’adore. Je vais continuer mon exploration de son univers.
    En plus, cela m’a permis de découvrir d’autres oeuvres de la maison d’édition Jigal, qui regorge de vraies pépites.

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    1. Alors un conseil : ils viennent de sortir en format poche Franco est mort jeudi du Maitre Gouiran, qui est d’après les afficionados son meilleur. Je vais le lire bientôt aussi. En ce qui concerne Jigal, tu as raison, on n’est jamais déçu. Bonnes lectures.

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