Ne prononcez jamais leurs noms de Jacques Saussey

Editeur : Toucan

A la fin de La Pieuvre, sorti en 2015, nous avions laissé le couple Lisa Heslin et Daniel Magne en instance de rupture, tant cette enquête avait laissé des traces indélébiles. Cette histoire se veut la suite directe de La Pieuvre, un polar noir, très noir.

24 février 2015. Karine Monteil s’apprête à rejoindre son train avec son fils Jérémie. Depuis que Sylvain est parti, elle a du mal à gérer l’impulsivité de son fils. Elle doit se résoudre à quitter le pays basque pour rejoindre la grisaille et les galères de la vie parisienne. Au moment de monter dans son wagon, un jeune homme d’une beauté irréelle lui propose de l’aider. En plus, il est assis juste en face d’elle. Peu de temps après, Damian s’aperçoit qu’il a oublié sa carte bleue dans le distributeur et lui demande de garder son bagage. Alors que le train va partir, Damian n’est toujours pas revenu et Karine demande au contrôleur de l’attendre. Mais le train doit partir à l’heure, et quand il part, Karine aperçoit Damian sur le quai qui lui sourit, avant de taper un code sur son portable. Soudain, le train explose !

Non loin de là, Daniel Magne est en train de boire sa quatrième bière, pour fêter sa mise à pied d’une semaine, pour alcoolisme. Quand l’explosion a lieu, il n’écoute que son instinct et voit un seul homme qui s’en va calmement de la gare. La course poursuite s’engage en moto, jusqu’à ce que Damian s’arrête et tire sur le flic. Alors qu’il va l’achever, il décide de le garder en captivité et le charge à l’arrière de la camionnette qu’il avait préparé pour fuir.

Lisa Heslin n’a aucun remords d’avoir quitté Daniel Magne. Elle s’est exilée en Suisse pour élever seule leur enfant dont elle est enceinte de six mois. Henri, son chef à la police criminelle, l’appelle pour lui annoncer que Daniel a été kidnappé et qu’il est probablement blessé puisque l’on a retrouvé des traces de son sang sur une place proche de la gare de Biarritz. Lisa ne peut laisser tomber le père de son enfant, et décide de laisser de coté sa mise en disponibilité provisoire.

Sur la couverture de ce roman, il y a une citation de Gérard Collard qui dit : « Un des meilleurs auteurs de polars français ! ». Et il a probablement raison. Malgré ses 480 pages et ses 99 chapitres, on ne voit pas le temps passer tant la tension est permanente de la première à la dernière page. Tout tient dans son style à la simple et fluide, riche et évident. Mais ce la tient aussi à ses personnages, surtout si on a la bonne idée de les suivre dans leurs différentes enquêtes. Enfin Jacques Saussey a l’art de trouver la forme qui sied à chacun de ses polars, et de mener ses intrigues à sa façon envers et contre tous. Cela fait de tout cela un polar costaud et surtout extrêmement noir.

Noir dans le ton, noir dans le propos, noir dans les situations, noir dans sa conclusion, ce roman est d’une violence incroyable et d’une noirceur rare. Tout cela est expliqué dans la Note au lecteur, que l’auteur et l’éditeur ont décidé de placer en fin de roman et que j’aurais aimé voir au début. L’auteur explique qu’il a écrit ce roman en pleine période d’attentats qui ont ensanglanté les pays européens. Il en ressort une rage, une vision pessimiste de cette intrigue qui frappe le lecteur, tant tout y est décrit avec punch et sans fioritures.

Les personnages sont éloquents, puisqu’ils vont chacun prendre place en tête du roman, au fur et à mesure des pages. Chaque chapitre va concerner Daniel Magne, Lisa Heslin ou Damian en alternance. Daniel, blessé, va avoir la rage au ventre de s’en sortir. Lisa va aller au bout de ses forces pour retrouver le père de son enfant. Enfin, Damian est un meurtrier que l’auteur a construit de façon remarquable, incroyable de véracité, incroyable dans sa folie sanglante.

Je ne crois pas me tromper en disant que ce livre doit compter pour son auteur, tant il y a mis son cœur, sa passion, sa rage dans cette intrigue qui montre l’impuissance face à des assassins anonymes. Je regretterai juste que dans cette rage, il se soit laissé aller à quelques scènes irréalistes, faisant par exemple réaliser des exploits à Daniel alors qu’il est gravement blessé et déshydraté. Par contre, la fin est énorme, noire, injuste, cruelle, et elle nous laisse en plan, si bien que nous nous demandons comment cette série va bien pouvoir continuer.

Ce nouveau polar de Jacques Saussey s’avère une nouvelle fois un roman costaud qui n’est pas démenti par les collègues Claude, Le Cygne Noir ou Sandra.

Avis de Claude : http://www.action-suspense.com/2017/01/jacques-saussey-ne-prononcez-jamais-leurs-noms-ed.du-toucan-2017.html

Avis du cygne noir : https://lecygnenoirblog.wordpress.com/2017/01/28/ne-prononcez-jamais-leurs-noms-jacques-saussey/

L’avis de Sandra : http://passionthrillers.blogspot.fr/2017/01/ne-prononcez-jamais-leurs-noms-jacques.html

16 réflexions sur « Ne prononcez jamais leurs noms de Jacques Saussey »

  1. Je suis justement en train de le lire, et j’avoue avoir du mal à le lâcher le soir! Je ne l’avais encore jamais lu, je me suis plongée dans ce roman car il est sélectionné pour un prix du festival Polars du Sud. Je trouve qu’il y a sa place!

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  2. Je ne connaissais pas du tout cette série de livre, le titre déjà me donnait bien envie et ça s’est accentué avec la lecture de l’article. Merci pour cette découverte!

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  3. quoi les deux inspecteurs veulent se séparer ??? non!!!!!!!!!!Je n’ai pas encore lu la pieuvre ni celui ci mais je sais que je le ferai, tant je suis devenue accro à cet auteur .. .et avec en plus votre article…
    grrr mais pourquoi n’ai pas le temps en ce moment de lire!!!

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    1. Effectivement, il te manque les 2 derniers épisodes à lire dans l’ordre bien sur ! et désolé d’avoir défloré une partie de l’intrigue de la Pieuvre. Mais il t’en reste encore beaucoup à découvrir tant c’est génialement construit. A bientôt

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