Tout le plaisir est pour moi de San-Antonio – Frédéric Dard

Editeur : Fleuve Noir (1959) – Pocket (2015)

J’aime bien cette phrase : Il n’y a pas de mal à se faire du bien. Cela faisait un petit moment que j’avais envie de lire un San-Antonio, l’ayant abandonné depuis les années 90. Le hasard veut que, lors d’une descente dans une grande surface de culture (je ne vous dis pas le nom, l’enseigne est bleue), j’avais rempli mon panier de livres pour ma femme, mes enfants et moi. Par hasard, au moment de payer, je me retourne et vois qu’ils offrent 1 roman de poche pour 2 achetés. Comme j’en avais beaucoup plus que deux, je demande gentiment à la gentille caissière si je peux en prendre un. Elle me répond non moins gentiment, que vu le nombre de livres que j’achète, je peux même en prendre 2 ou 3. Résultat : Je mets la main sur ce roman de San-Antonio et un Babel Noir (L’énigme de Saint Olav de Indrek Hargla ; et d’ailleurs, si vous avez des avis, n’hésitez pas !). Bref, Tout le plaisir est pour moi fut l’occasion de revenir à mes amours de jeunesse.

San-Antonio et Béru viennent de clore une affaire compliquée, se terminant par un interrogatoire musclé d’un suspect, avant de se rendre compte que celui-ci avait deux défauts : celui de ne pas répondre aux questions (forcément, il est muet) et celui d’être le voisin de palier du coupable. San-Antonio espère passer une soirée tranquille avec une donzelle quand la standardiste lui annonce qu’une jeune femme veut lui parler. Mais San-Antonio refuse car il a rendez vous avec une jeune espagnole.

Alors qu’il rejoint sa voiture, la jeune femme le poursuit. Devant une telle beauté, il accepte de l’écouter. Elle s’appelle Geneviève Coras, et son mari Denis Coras fut tué il y a deux ans, en compagnie de son beau père. Denis Coras était négociant en pierres précieuses et le vol est le mobile retenu pour le meurtre. Le coupable fut vite arrêté : Gilbert Messonier, un ami de Coras qui venait lui demander de l’argent. D’ailleurs, Messonier avait avoué.

Gilbert Messonier doit bientôt passer chez le coiffeur pour ratiboiser sa chevelure, avant qu’on lui ratiboise la tête entière. L’exécution doit avoir lieu le lendemain matin. Mais Geneviève Coras annonce à San-Antonio que Messonier est innocent puisqu’au moment du meurtre, ils étaient ensemble au lit. Alors qu’il essuie un refus formel de sa hiérarchie, San-Antonio rend visite au condamné qui confirme qu’il est bien le meurtrier. Il va falloir toute la sagacité de San-Antonio pour résoudre cette affaire.

Ce roman est à classer dans les enquêtes policières par rapport aux 175 volumes que comporte cette célèbre série. Si l’intrigue peut sembler retorse, elle est menée de main de maitre et on ne peut être qu’ébahi devant l’imagination de l’auteur, surtout quand on se rappelle qu’il écrivait un roman par trimestre !

J’ai retrouvé toutes les (bonnes) raisons qui font que j’aime San-Antonio. Il est drôle, on y trouve des bons mots, des jeux de mots, des calembours et quelques digressions. Surtout, on a un grand plaisir à le suivre à la fois dans son enquête et dans ses délires. San-Antonio va mener cette enquête seul ou presque en une nuit ou presque, et résoudre cette intrigue contre l’avis de son chef. Béru est toujours aussi dégueulasse, mais apparait à la fois loyal et un peu moins bête.

C’est donc un épisode classique, pas le meilleur certes, mais quel plaisir on prend à lire ces romans dits de gare, qui nous font passer un bon moment. Moi qui aime ses enfants naturels (Nadine Monfils, Samuel Sutra, Stanislas Petroski), j’ai fait un petit voyage avec leur père.

Il est à noter que l’on trouve en début de livre, la liste exhaustive des livres écrits par Frédéric Dard, et en fin de livre un guide de lecture inédit élaboré par Raymond Milesi qui nous informe et classe les aventures de San-Antonio par genre. C’est très intéressant.

3 réflexions sur « Tout le plaisir est pour moi de San-Antonio – Frédéric Dard »

  1. Très bon papier, Pierre. Ravi de te sentir passionné comme je peux l’être. N’hésite pas, pour le contraste, à ligoter le premier, « Réglez-lui son compte ». On y apprend de San Antonio s’est tiré sans tiret chez les Outremanchos, n’est pas encore le premier flic de France, mais travaille pour Sa Majesté à l’Intelligence Service. (Pétain coup, ça ira mieux, sûrement). Et les « souris » qu’il dragouille sont carrossées sévère, mais se prénomment Henriette ou Nicole. Bref, un grand dépaysement, un sacré voyage dans le temps, et une plume indémodable qui aura enfin ses entrées à l’Université le jour où saura reconnaître le génie où il se trouve vraiment !

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