Le club des pendus de Tony Parsons

Editeur : La Martinière

Traducteur : Anne Renon

Quand j’ai découvert Tony Parsons au travers de son roman précédent, Les anges sans visages, je savais que j’allais suivre ses futures publications, car le personnage principal, Max Wolfe est un personnage qui me parle. Voici mon avis sur le petit dernier, Le club des pendus.

Mahmud est chauffeur de taxi. L’homme qu’il prend à bord veut aller à Newgate Street. Puis l’homme sort une lame de rasoir et le menace de lui couper l’œil. Ils arrivent dans un quartier glauque, se retrouve dans une cave, où l’attendent 3 personnes cagoulées. Il aperçoit une caméra. On le fait monter sur un escabeau, lui glisse une corde autour du cou. Et on lui pose une question : « Savez pourquoi vous êtes sur ce lieu d’exécution ? ». Des portraits de jeunes filles sont projetés sur le mur en face de lui. Il sait maintenant pourquoi il est là, ne regrette rien. Puis, l’escabeau bascule et Mahmud se retrouve pendu.

Max Wolfe est assis dans la première chambre d’Old Bailey, aux cotés d’Alice Goddard et ses deux enfants adolescents. Il attend le verdict dans un procès qui concerne 3 jeunes gens ayant battu à mort le mari d’Alice, Steve, qui ne demandait rien d’autre que de nourrir et protéger sa famille. Ils ont même poussé le vice jusqu’à filmer la scène avec leur téléphone portable et la poster sur Youtube. Bien qu’ils soient jugés coupables, ils ne sont condamnés qu’à 12 mois de prison. Max est fou de rage et est stoppé de justesse par l’huissier.

De retour au commissariat, Max assiste sur grand écran à la pendaison de Mahmud Irani. Le nom du compte qui a posté la vidéo est Albert Pierrepoint, le plus célèbre bourreau d’Angleterre. Mahmud a fait un séjour de 6 ans en prison pour avoir fait partie du gang des violeurs de Hackney, qui s’en prenait à des jeunes filles de 11 ans. Vengeance ou crime raciste ? Quand, le lendemain, la pendaison suivante se déroule en direct sur Youtube, il n’y a plus de doutes : un groupe a décidé de rendre sa propre justice.

Dérangeant nous dit le bandeau présent sur le livre. C’est bien le cas ici. Car on connait le sujet traité ici, parlant de groupes de gens voulant rendre eux-mêmes leur propre justice, que ce soit dans des polars ou bien dans des films. Je me rappelle en particulier d’un film mettant en scène l’inspecteur Harry (le deuxième ou le troisième, je ne sais plus) qui m’avait marqué. Et on peut trouver différentes façons de traiter ce sujet.

Sauf que le personnage principal de cette série se nomme Max Wolfe. Tony Parsons a créé un personnage qui essaie de séparer sa vie professionnelle de sa vie personnelle. Il essaie de protéger sa fille de 5 ans, Scout des violences dans laquelle la vie londonienne s’enfonce irrémédiablement. Max Wolfe est indéniablement un personnage fort, droit, honnête, qui doit faire son boulot en laissant de coté ses sentiments personnels. Et pourtant, il a toutes les raisons de craquer, quand par exemple les jeunes gens qui ont tué un père de famille ne s’en sorte qu’avec quelques mois de prison.

Si l’intrigue n’est pas basée sur des indices disséminés de ci de là, comme dans un roman policier, elle est plus proche d’un roman social où l’auteur construit un personnage à fleur de peau arrivant à garder son calme. Il n’en reste pas moins que ses nerfs vont être mis à rude épreuve, surtout quand l’un de ses proches va subir un passage à tabac aux conséquences dramatiques. De même, Max aux prises avec les journalistes lors des conférences de presse va laisser passer quelques mots qui, détournés de leur contexte vont faire scandale.

Indéniablement, Tony Parsons va une nouvelle fois se faire le témoin de notre société, en abordant plusieurs sujets sans pour autant n’en creuser qu’un seul. On y trouvera beaucoup de rebondissements, un style direct que j’ai déjà comparé aux meilleurs auteurs irlandais, et il évitera de prendre position pour laisser le lecteur face à ses propres convictions, sachant que sur la question de la justice, personne n’a raison, personne n’a tort, et chacun fait son boulot du mieux qu’il peut. En cela, ce roman est dérangeant, diablement bien fait, et je ne peux que vous encourager à le lire, car il est excellent.

11 réflexions sur « Le club des pendus de Tony Parsons »

  1. j’ai déjà noté le précédent quand il est sorti… celui ci me fait de l’oeil dès que je passe à la librairie… mais pour le moment c’est je suis plutôt dans les lectures sur la pédagogie…d’ailleurs je retourne à mon article de législation que je dois lire pour analyser pour décembre

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