Ils ont voulu nous civiliser de Marin Ledun

Editeur : Flammarion

Marin Ledun fait partie des meilleurs auteurs français de polar social, du moins c’est mon avis, et ce n’est pas son dernier en date qui va me faire changer d’avis. Marin Ledun nous convie donc au pays basque pendant la tempête de 2009.

Thomas Ferrer est un escroc à la petite semaine, vivant de petits larcins. Il se contente de vols de volailles et les revend à Baxter pour quelques centaines d’euros. C’est sa façon à lui de survivre, surtout depuis qu’il est sorti de ses quelques mois de prison. Baxter est officiellement fournisseur de matériel de surf, sport pour lequel il voue une passion sans bornes. Ses activités de receleur lui permettent d’augmenter ses fonds. Ce jour-là, Ferrer rapporte des canards dérobés dans une ferme des environs. Baxter lui propose la moitié de l’argent qu’il avait promis. Ferrer devient furieux et laisse Baxter pour mort en emportant le contenu du tiroir de bureau de Baxter soit 112 000 euros dans une enveloppe.

Ferrer prend la fuite dans sa voiture pourrie, et a bien du mal à rester sur la route tant les vents sont violents. Il s’aperçoit un peu plus loin qu’il est suivi par Baxter, accompagné des deux frères Corral et Villeneuve, deux complices réputés pour être des tueurs sans pitié. La voiture de Ferrer finit dans le fossé quand celle de Baxter est écrasé par un arbre. Ferrer s’enfonce dans la forêt de pins et cherche refuge dans une maison isolée.

Cette maison perdue au fond des pinèdes est habitée par un vieil homme, bucheron de son état. Tout le monde l’appelle Alezan. Car il a fait la guerre d’Algérie, a connu l’horreur, la peur de tous les instants et en est venu à détester tout le monde. C’est pour cela qu’il ne sort jamais sans son pistolet et que son fusil est toujours à portée de main dans la cuisine. Ferrer et Alezan vont devoir s’allier pour faire face aux assauts de leurs poursuivants dans un décor d’apocalypse.

Ceux qui connaissent la plume de Marin Ledun ne seront pas surpris, tant le style s’avère sec et sans concession. Si je ne parlerai pas d’efficacité, il n’en reste pas moins qu’il y a une réelle volonté de n’écrire que ce qui est utile au propos. De ce coté là, on est en territoire connu et on retrouve le même plaisir à lire ce livre, puisque notre imagination remplit les vides que l’auteur ne veut pas remplir.

Par contre, là où d’habitude il place les personnages au devant de la scène, l’auteur prend son temps pour peindre son décor, un décor bien particulier puisque les forces de la nature se déchainent tout au long du livre. De ce point de vue là, le style minimaliste remplit son aoeuvre puisque l’on s’imagine les arbres tombés, les maisons transformées en ruine et un paysage dévasté.

Une nouvelle fois, les personnages sont très bien campés : outre Baxter et les frères qui sont les truands cinglés de l’histoire, il dessine Ferrer comme un marginal créé par la société et Alezan comme une victime collatérale de la guerre d’Algérie. De tout cela, on retrouve le thème cher à Marin Ledun qui est que la société maltraite les gens alors qu’elle devrait œuvrer pour leur bien. Pour autant, comme d’habitude, il ne prend pas position, laissant le lecteur se faire sa propre opinion.

Je pourrais conclure ce billet en vous disant que comme d’habitude, le nouveau Marin Ledun est formidable, s’il n’y avait cette thématique de fond, qui n’arrête pas de me hanter. Marin Ledun confronte ses personnages fous furieux à la folie de la nature. Il n’y aura pas de gagnant, que des perdants, mais il restera de cette lecture une question : Est-ce la nature qui rend les hommes fous ou les hommes qui la rendent folle ? Ils ont voulu nous civiliser est une nouvelle fois une grande réussite.

Ne ratez pas l’avis des amis Claude, Yan,  et Fred

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3 réflexions sur « Ils ont voulu nous civiliser de Marin Ledun »

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