Editeur : Delcourt
Traducteur : Denis Michelis
Voilà un roman conseillé par mon ami Richard le Concierge Masqué, que j’avais l’intention de lire … mais pas tout de suite. Il faut dire que la couverture me faisait penser à un thriller et j’avais peur que cela soit sanglant … mais pas du tout. C’est un pur roman psychologique.
Randolf Tiefenthaler va rendre visite à son père en prison, qui a dépassé les soixante dix ans. Il vient d’en prendre pour 7 ans, pour avoir tué Dieter Tiberius, le voisin de Randolf. Randolf va le voir avec toute la famille, sa mère, sa femme, ses enfants. Ils ne se disent pas grand-chose, ils ne se sont jamais beaucoup parlé. Randolf considère qu’il a eu une enfance heureuse, mais il a toujours eu peur.
Son père était fan d’armes à feu. Il les collectionnait, s’entrainait dans un centre de tir, et apprenait à ses enfants à tirer. Randolf en a conçu une peur, celle que son père puisse le tuer. Sa réaction a été de se construire une vie confortable à l’abri des dangers. Il est devenu architecte, a épousé une femme belle et intelligente, a de beaux enfants, a acheté l’appartement de ses rêves. Mais ses rêves deviennent bientôt un cauchemar quand son voisin du dessous commence à les menacer par lettre interposée d’actes ignobles qu’ils n’ont pas fait.
Comme je le disais plus haut, il s’agit d’un pur roman psychologique, voire d’un roman entre littérature blanche et littérature noire. C’est le genre de roman qui peur réconcilier les lecteurs de tout bord, à condition d’aimer le genre en question. Car le sujet s’avère être bien dérangeant, poussant les limites de la morale grâce à un scénario bigrement bien fait et surtout bigrement vicieux. Ce qui est sur, c’est qu’il nous met dans une position bien inconfortable, et que cela ne peut que marquer les responsables de famille que nous sommes.
Si le roman commence par une visite en prison, le narrateur va vite tenter d’expliquer au lecteur comment sa vie de famille a pu arriver à un tel désastre. Il va revenir sur sa jeunesse, sur la passion de son père pour les armes à feu, et sa peur de la figure paternelle. Cette absence de vraie relation paternelle va engendrer une peur de la vie, des autres. Il va donc consacrer sa vie à se créer une zone de confort.
Son confort, il le trouve dans son métier d’architecte et dans son appartement cossu. Il se marie avec une femme belle et intelligente, a deux beaux enfants et trouve dans sa vie de famille la sphère de repos à laquelle il a toujours rêvé. Jusqu’à ce que son voisin de dessous en vienne à exercer un chantage affectif, un harcèlement moral à base de lettre de dénonciation, à propos desquels il ne peut rien.
Autant vous le dire, l’histoire est racontée par le narrateur et il n’y a aucun dialogue ou presque. Mais le narrateur fait preuve d’une justesse et d’une lucidité rares quand il se décrit, à base de retours vers le passé. A force de nous raconter ses souvenirs, à chercher les causes de son malheur, il arrive à nous mettre dans sa position, celle d’un homme aux prises à un problème où tous les choix qui s’offrent à lui ne sont des bonnes solutions.
Et cette position est bigrement inconfortable, voire insupportable. Il n’y pas vraiment de suspense, même si nous avons accès à la vérité à la fin du roman, mais il y a une vraie mise en position, d’un mari qui veut protéger sa famille et ne sait pas quoi faire. En tant que légaliste, c’est révoltant, mais en tant qu’homme, c’est marquant. Parce qu’on se retrouve pris entre deux feux, ne sachant finalement pas quoi faire … comme le narrateur. Vous l’avez compris, ce roman est dérangeant, et m’a bien marqué.
intéressant!! et intriguant!!!
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Très intéressant, très intrigant, très marquant, très dérangeant. Bref, à lire ! A bientôt
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« cette position est bigrement inconfortable, voire insupportable » ? Mais change de canapé ! 😀
Bon, je serais tentée, mais je vais passer, vu l’ampleur de ma PAL, ce serait plus raisonnable 😉
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Et pourtant … bon, je sais que tu ne peux pas tout lire ! Et puis, tu vas en entendre parler, de ce roman !
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Pierre, tu me tues ! Tu seras ma pierre tombale à toi tout seul. Les autres seront mes clous de cercueil 🙂
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