Editeur : Denoël – Sueurs Froides
Traducteur : Samuel Sfez
Un homme seul est la quatrième enquête du sous-préfet Schiavone. Quand on a lu Piste noire, on tombe obligatoirement amoureux de ce personnage citadin, ancien policier romain exilé à Aoste en plein milieu des montagnes. On ne sait pas grand-chose de son passé, si ce n’est qu’une de ses enquêtes a gêné des personnages haut placé. C’est surtout Schiavone qui tient à bout de bras toute l’intrigue, avec son cynisme et sa méchanceté, et probablement son amertume aussi d’avoir été muté en province.
Froid comme la mort venait confirmer mon impression, et Maudit printemps se présentait comme un roman policier plus classique, avec une course poursuite sur la fin pour retrouver une jeune femme enlevée. Un homme seul est la suite immédiate de Maudit printemps, puisque les toutes dernières pages nous plongeait devant un événement dramatique et émotionnellement très fort. Si vous n’avez pas lu Maudit printemps, arrêtez votre lecture … maintenant.
Depuis l’assassinat de la fiancée de son meilleur ami chez lui, le sous-préfet Rocco Schiavone a quitté son domicile et se cache. Il n’a pas démissionné mais se terre dans un hôtel et ne se rend plus à son travail. Il faut dire qu’il était la cible du ou des tueurs et qu’Adèle Talamonti a été abattue de 8 balles de revolver à sa place. Mais ce n’est pas le genre à se laisser abattre (!). Le sous préfet Rocco Schiavone va donc rameuter tous ses contacts à Rome pour faire la liste de ceux qu’il aurait enfermé dans son poste précédent. Il va donc avoir une liste de coupables potentiels pour cet assassinat.
A la prison de Varallo, une rixe se déclenche entre prisonniers, pour une question de commerce à l’intérieur de la prison. Quand les gardiens écartent les protagonistes, ils découvrent un homme mort, assassiné : Mimmo Cuntrera. C’est justement l’homme que Rocco Schiavone vient de faire arrêter dans une gigantesque affaire de corruption par la mafia calabraise pour l’obtention du marché de construction du nouvel hôpital. Le juge Baldi va donc faire rechercher Schiavone car il a besoin de lui.
A jouer avec le feu, on se brûle; à flirter avec le diable, on franchit la ligne jaune. Schiavone est l’homme à abattre et s’il se terre, ce n’est pas tant pour sauver sa peau que pour trouver le ou les coupables. Il va donc être obligé de revenir pour trouver les coupables du meurtre de Mimmo Cuntrera et cela va lui permettre de poursuivre son enquête sur la mort d’Adèle.
Mais c’est un homme seul que l’on retrouve, comme l’indique le titre, qui va se refermer sur lui-même. N’ayant plus confiance en personne, ne voulant pas impliquer ses proches par risque de représailles, il va éviter tout contact. Et pour ceux qui ont lu les précédentes enquêtes, c’est amusant que la seule personne avec qui il travaille soit le juge Baldi, alors que Schiavone lui-même n’est pas bien propre !
Si on retrouve les qualités d’enquêteur de Schiavone, en particulier pour résoudre le meurtre de la prison, le ton est plutôt morose voire désespéré. L’auteur va s’intéresser à la psychologie de son personnage et en profiter pour nous faire visiter les rues d’Aoste. Mais il va aussi continuer à creuser la moelle de la société italienne, atteinte d’un cancer, celui de la ‘ndranguetta, la mafia calabraise.
Il y a donc moins de raisons de rire des réparties cinglantes de Schiavone envers ses subordonnés, même si on a droit à un beau couple de cons au commissariat. Le ton devient tout de même plus sérieux avec un final qui appelle une suite. Pour ma part, c’est un épisode moins passionnant, un ton en dessous des précédents, mais, pour autant je continuerai à suivre les enquêtes de Schiavone.
2 réflexions sur « Un homme seul d’Antonio Manzini »