Editeur : Atelier Akatombo
Traducteurs : Dominique et Frank Sylvain
Une toute nouvelle maison d’édition a vu le jour cet été. L’Atelier Akatombo nous propose de découvrir la littérature de genre japonaise. Le premier roman sorti cet été nous propose une plongée dans le monde des Yakuzas. J’ai oublié de vous dire, que ce roman fait partie des titres présélectionnés pour le Grand Prix des Balais d’Or 2019.
Le jeune lieutenant Hioka débarque au commissariat de Kurehara, située dans la banlieue de Hiroshima. Pour une première affectation, il va lui falloir apprendre les règles de base. Avec le commandant Ôgami, il va être servi. Dès les premières heures de cohabitation, Ôgami n’hésite pas à lui donner des tapes sur la tête comme on le ferait à un enfant qui ne veut pas comprendre. De même, il doit toujours avoir à disposition un briquet pour allumer les cigarettes du commandant, ou passer devant pour ouvrir les portes.
Il n’est pas que le commandant Ôgami soit content d’avoir un jeune collé à ses basques. Aussi commence-t-il par le mettre à l’épreuve, quitte à pousser un garde du corps yakuza à le provoquer en duel. Comme Hioka s’en sort bien, il peut envisager de lui en dire plus, un tout petit plus sur la réalité du terrain. Car si le commandant Ôgami est détesté par ses chefs, c’est parce qu’il est bien intégré dans la sphère Yakuza.
Et pour être bien intégré, le commandant Ôgami est bien intégré ! D’ailleurs, ils ont rendez vous dans un bar, qui n’est autre que le Quartier Général du clan yakuza Odani, l’un des trois gangs de Hiroshima. Pour Hioka, son chef est traité comme un hôte de marque. D’ailleurs, Moritaka, l’un des dirigeants Odani, le charge de retrouver Junko Uesawa, son comptable qui a disparu.
Ce roman est à la fois un roman d’éducation, d’initiation et un roman social. A travers cette histoire, Hioka va découvrir un nouveau monde, qui vit en parallèle du sien. L’auteure va, au travers de scènes simples, nous montrer la différence qui existe entre ces deux mondes et les différentes règles de bienséance. Il est amusant de voir par exemple que la majorité des règles de morale ou sociale sont exactement inversées. Et pour autant, le monde des yakuzas est loin d’être anarchique, car bien que violent et sans pitié, il y règne une loyauté et un respect des uns envers les autres.
Le déroulement de l’intrigue est relativement linéaire et classique. On y voit le commandant Ôgami passer d’un clan à l’autre avec la même facilité ; il utilise beaucoup les bras de levier qui sont à sa disposition, sous forme de chantage masqué. Il est clairement à l’aise comme un poisson dans l’eau, on sait qu’il sait beaucoup de choses, mais on ne sait jamais quoi ni comment il le sait. Et Hioka a un rôle majeur dans cette intrigue : écouter, voir, et apprendre. S’il est compétent, alors peut-être pourra-t-il grandir. Pour autant, on n’y sent aucune menace dans toutes ces relations entre les mafieux et la police. Quand quelqu’un va trop loin dans son attitude, alors il se met en danger de mort … et meurt, tout simplement.
J’ai trouvé le scénario très américanisé, dans sa façon de le conduire et aussi dans son final. Le style est détaillé, très agréable à lire et la traduction m’a paru par moments littérale. Par contre, chaque chapitre commence par les notes que prend Hioka pendant son séjour au commissariat. Ce qui permet de suivre ce qu’il retient. Certains passages sont raturés ; Allez savoir pourquoi ! Moi, je ne vous le dirai pas, il va vous falloir lire ce roman. Et franchement vous ne perdrez pas votre temps, car c’est un excellent polar.
Ne ratez pas l’avis de l’ami Claude
Une réflexion sur « Le Loup d’Hiroshima de Yuko Yusuki »