Né d’aucune femme de Franck Bouysse

Editeur : Manufacture de livres

Attention coup de cœur !

Depuis quelques années maintenant, les amateurs de littérature dont je fais partie ont la chance de savourer un « nouveau Bouysse ». Avec Né d’aucune femme, j’ai eu l’impression qu’il allait encore plus haut, vers les sphères des auteurs classiques. Enorme !

Le Père Gabriel officie dans un petit village et voue son âme à aider les gens. Quand il reçoit une femme en confession, elle lui annonce qu’elle ne vient pas pour elle mais pour lui demander un service : Une femme vient de mourir au monastère voisin et il doit aller bénir le corps. Il doit surtout récupérer, caché dans sa robe, un manuscrit, un journal intime. Le Père Gabriel fait ce qu’on lui demande, et ne peut s’empêcher en revenant chez lui de lire ces pages : il va découvrir la vie de Rose.

Rose est une jeune fille de 14 ans. Elle habite dans la ferme de ses parents avec ses trois sœurs. Un jour, Onésime, le père, décide de vendre Rose au marché, comme on vend des bêtes. Un homme lui donne une bourse pleine d’argent ; ils vont pouvoir vivre une année avec cet argent, peut-être plus. Et voilà Rose emmenée dans une carriole sans réellement comprendre ce qui lui arrive.

Elle arrive aux Forges, emmenée par son nouveau « maître ». Elle va rencontrer une vieille dame, la Reine-Mère, qui va être extrêmement sévère. Elle va vite comprendre qu’elle est là pour faire le ménage, faire la cuisine, faire ce qu’on lui dit de faire. Elle est la nouvelle esclave de la maison. Mais son statut d’esclave va dépasser l’entendement …

Le seul terme qui me vient à l’esprit à l’idée d’évoquer le dernier roman de Franck Bouysse est : époustouflant ! On connaissait l’amour que porte cet auteur à la langue, à la puissance émotionnelle que peut évoquer une plume magique. Ce roman ressemble à un aboutissement de ce que peut nous offrir Franck Bouysse, de la création de personnages hors-norme jusqu’à un contexte hors du temps et de l’espace et hors du temps. Ce roman, c’est une formidable histoire, extraordinaire au sens où elle sort de l’ordinaire, qui vous emporte loin, en mettant en avant son intrigue ; il doit d’ores et déjà être considéré comme un classique de la narration, comme un grand roman littéraire.

Dès le début du roman, nous sommes plongés dans un nouveau lieu, une nouvelle époque, et l’immersion est totale. Les carrioles sont tirées par des chevaux, les outils sont d’un autre temps mais les tréfonds de l’âme humaine n’ont pas changé. Au premier plan, Rose, jeune adolescente de 14 ans, naïve et innocente, qui va se construire en guerrière, pour faire valoir son statut d’être humain. Voilà un personnage fantastique, qui va subir des horreurs mais qui va vouloir vivre, survivre, qui va nous faire passer par tous les sentiments, tous les espoirs, même ceux qui ne sont pas réalistes.

Autour d’elle, il n’y a que des personnages forts qui vont s’illustrer grâce aux chapitres qui leur sont consacrés. Du Maître à la Reine-Mère, qui représentent l’exécrable besoin de perpétrer une race forte et immonde par tous les moyens, il y a Edmond, l’homme à tout faire, jardinier qui voudrait tant sauver Rose mais qui n’ose pas. Il y a le Père Gabriel qui veut rendre un semblant de justice au nom des lois divines. Il y a aussi Onésime, le père de Rose, qui lutte pour faire vivre sa famille mais qui est pris de remords, et la mère, absente et qui n’a plus que le regret et la haine comme alliés.

Né d’aucune femme est le genre de roman qui vous emporte vers des contrées inexplorées, uniquement par la force des mots et du verbe. Les phrases ont la puissance d’un ouragan, vous transperçant d’émotions extrêmes. Et on se prend à regretter une fin un peu trop rapide tant on y trouve un pur plaisir de découverte, de se laisser emmener vers un autre monde, celui de la grande littérature. Je retiendrai aussi que les hommes ne changent pas avec le temps, ils sont et restent des animaux. Mais il ne faut pas forcément chercher un message, un combat, juste une histoire magnifique, racontée par une plume exceptionnelle, un grand, un énorme roman.

Coup de cœur, je vous dis !

8 réflexions sur « Né d’aucune femme de Franck Bouysse »

      1. Je dis comme vous dites !! J’ai été sur le cul après avoir été sur les genoux devant tant de noirceur humaine. Pourtant, je le sais que l’Homme est un salopard… Bouysse est un fournisseur d’émotions intenses !

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