Je vous propose un petit coup de projecteur sur deux polars sortis chez de petits éditeurs, qui n’ont pas la chance d’avoir de la visibilité. Voici donc mes avis sur Haine à la personne de Roland Sadaune (Le Lys Bleu) et Noir de Marc Falvo (Faute de frappe)
Haine à la personne de Roland Sadaune
Editeur : Le Lys Bleu
Omar Ling a rendez-vous avec un de ses indics ce matin-là, à la gare de Cergy. Malheureusement, Maxime Morgon, un SDF, n’est pas là. Il apprend par un autre SDF Paulo que Max a été amené par deux hommes sur une civière, en sale état. Il a probablement été tabassé et laissé pour mort. C’est le troisième SDF à être assassiné dans le département. Le commissaire Santi, son chef, charge donc Omar Ling des trois meurtres. Il sera aidé pour cela d’un nouvel équipier, le brigadier-chef Duroy.
A première vue, on peut penser avoir affaire à un roman policier classique, porté par son personnage principal Omar Ling. Le personnage est un flic solitaire, indépendant et plutôt taiseux, faisant le tour des lieux en discutant avec les passants, les SDF. Il s’attire donc les foudres de sa hiérarchie à force de d’être absent du bureau. Et puis, il se permet de pénétrer sur des scènes liées aux crimes en dépit des règles élémentaires.
Et il y a dans ce roman, outre la visite du département du Val d’Oise, une description de la vie des gens sans logis, de ceux que l’on ne voit même plus, comme s’ils faisaient partie du décor. Et puis, petit à petit, Omar Ling franchit de plus en plus la ligne blanche et le roman débouche sur une fin totalement inattendue. Je vous laisse méditer cette phrase présente en quatrième de couverture :
« On combat pas la précarité en supprimant les pauvres… Pour moi, c’est quelqu’un qui hait les exclus ».
Ce roman est à rapprocher d’autres romans traitant de ce sujet :
Après les chiens de Michèle Pedinielli (Editions de l’Aube)
Les chemins de la haine d’Eva Dolan (Liana Levi)
Dans la dèche à Los Angeles de Larry Fondation (Fayard)
Le crépuscule des gueux d’Hervé Sard (La Gidouille)
Putain de pauvres de Maurice Gouiran (Jigal) qu’il faut que je lise …
Noir de Marc Falvo
Editeur : Faute de frappe
Franck Rigetti se prépare, met au point son scénario et roule sa voiture sans aucun remords. Il ne s’intéresse que peu au monde qui l’entoure, refuse même l’invitation à manger qu’on lui fait. Il est hors de question que quoi que ce soit ou qui que ce soit ne le détourne de son objectif.
Leonard Krieg va sortir de prison après quatre années de souffrance. En sortant, son ami de toujours Vince lui prévoit une soirée avec Lucie, suivi d’une nuit mémorable. Mais quand elle rappelle Leonard, il ne lui répond.
Franck et Léonard vont se rencontrer … pour le pire.
Ce roman est divisé en trois parties toutes très différentes les unes des autres. Et la quatrième de couverture ne va pas vous aider dans ce sens. Dans la première partie, les chapitres vont alterner entre Franck et Leonard, entre avant et après la libération de Léonard. Cette partie est assez déconcertante, non pas pour le déroulement de l’intrigue, mais parce qu’on se demande où l’auteur veut en venir.
A partir de la deuxième partie, on comprend que Franck a enlevé Leonard pour se venger. Si tout est écrit en forme de duel entre les deux personnes, l’accent est tout de mis sur le passé de Franck et pourquoi il en est arrivé là. C’est donc un aspect psychologique que nous propose l’auteur, qui est plus passionnant que la première partie, car cela m’a semblé moins bavard. Mais à la fin de la deuxième partie, on ne sait toujours pas pourquoi Franck a fait cela.
Il faudra attendre la troisième partie,pour entrer réellement dans le duel, à distance puisque la structure narrative va évoluer. Chaque personnage a droit à un chapitre par alternance écrit à la première personne. C’est rapide, efficace et passionnant après le renversement de situation en fin de deuxième partie. Et en termes de duels, c’est plutôt une course poursuite, qui aboutit à une conclusion tout à fait originale.
Encore une fois, Marc Salvo nous offre un polar à l’intrigue simple, abordant le thème de la vengeance et la justice, avec une construction toute personnelle. Et si on peut être surpris au fur et à mesure de la lecture, il n’en reste pas moins que l’originalité du roman l’emporte dans cette histoire terrible et noire … comme son titre.