Pour cette nouvelle année, et les fidèles l’auront remarqué, des nouveautés ont fait leur apparition sur Black Novel. Mais avant tout, je vous souhaite une année pleine de riches découvertes et de lectures réjouissantes.
En premier lieu, je me suis limité à deux billets par semaine ; non pas parce que je lis moins, ce serait plutôt le contraire. C’est lié au fait que j’ai moins de temps à consacrer à l’écriture de mes avis et aux relectures. Ensuite, comme je l’avais dit, une nouvelle rubrique appelée Déstockage a vu le jour avec un polar datant de 1972 : L’écorché vif de Pierre Latour (Fleuve Noir – Spécial Police). C’est un très bon polar avec un excellent scénario qui peut rivaliser avec des thrillers actuels, amis en 220 pages seulement !
Restons dans les romans anciens avec une petite pépite noire : La bête de miséricorde de Fredric Brown (Points). Auteur plus connu pour ses nouvelles ou ses romans de science-fiction, il a concocté un roman choral remarquable par son acuité psychologique et la parfaite analyse de la vie des protagonistes.
En ce début d’année, on aura fait la part belle aux premiers romans, avec de nouveaux auteurs prometteurs voire plus. Maître des eaux de Patrick Coudreau (Manufacture de livres) propose une intrigue simple, celle d’un retour au village natal d’un jeune homme, après un drame familial. Les habitants veulent s’en débarrasser mais ont peur de ses supposés pouvoirs. Entre croyance, surnaturel et bêtise humaine, ce roman au style épuré m’a procuré le même plaisir que quand j’ai découvert Franck Bouysse : Prometteur.
Si on reste dans le thème de la Nature, Dans la gueule de l’ours de James McLaughlin (Rue de l’Echiquier) est un roman auréolé du Prix Edgar Allan Poe du meilleur premier roman 2019. Ecrit avec passion, montrant toute la beauté d’une nature sauvage, mystérieuse et dangereuse, servi par une plume détaillée et magnifique, ce roman est un fantastique plaidoyer contre les hommes qui ne méritent pas ce que la nature leur offre.
Passion, il en sera aussi question dans La prière du Maure d’Adlène Meddi (Jigal). Passion pour Alger la Blanche, qui devient Alger la noire suite à la disparition d’un jeune homme. Le monde devient fou, hors de contrôle, ultra-violent. L’auteur écrit avec son sang son amour pour cette ville formidable, aux prises d’hommes sanguinaires sans scrupules. C’est un roman puissant et rare.
En termes de romans courts (ou novellas), on peut compter sur les éditions In8 et leur collection Polaroïds. Je n’avais pas eu le temps de vous parler de ceux qui sont sortis fin 2019 ; c’est maintenant chose faite. Rose Royal de Nicolas Mathieu et Donneur de Mouloud Akkouche proposent tous les deux des personnages féminins, et deux histoires fortes mais deux thèmes différents et deux styles différents. Quoi qu’il en soit, quand vous voyez chez votre libraire Polaroïds, achetez les, les yeux fermés.
Toujours dans les romans courts, Portraits cannibales de Dominique Forma (Marest) n’est pas un recueil de nouvelles comme les autres. L’auteur est parti de photos de stars de cinéma pour imaginer un pan de leur vie. Un bel exercice de style.
A coté de toutes ces découvertes, je reste fidèle à des auteurs que je suis. Chien de guerre de Jérémy Bouquin (Editions du Caïman) est le dernier opus en date de cet auteur prolifique au style si direct et brutal que j’adore. Il nous montre ici le retour à la vraie vie d’un soldat qui a connu les guerres modernes, et le retour s’avère plus violent qu’un jour sur le front. C’est à nouveau une belle réussite.
Que tombe le silence de Christophe Guillaumot (Liana Levi) est déjà la troisième enquête du Kanak. J’apprécie particulièrement cet auteur pour la méticulosité qu’il met dans ses intrigues. Il y ajoute ici une forte dose d’émotions en nous décrivant la nouvelle façon de traiter la criminalité et le mal-être des policiers. Cela donne un roman aux accents de véracité à tel point que l’on ressent tous les événements de plein fouet.
Le titre du Chouchou du mois revient donc à Dans la gueule de l’ours de James McLaughlin (Rue de l’Echiquier), parce que c’est un premier roman impressionnant et qu’il rend hommage à la Nature, que nous maltraitons tant. Agrémenté d’une intrigue noire, il nous dévoile un auteur à suivre de près, tant il a mis dans son roman sa passion, et qu’il nous la transmet de façon lumineuse.
J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !