Editeur : Ex-Aequo éditions
On connaissait Sylvain Audet-Gainar pour ses traductions des polars de George Arion, publiés chez genèse éditions. Il a décidé de sauter le pas, et de nous proposer son premier roman, qui a des liens de parenté avec ceux de l’auteur roumain.
Arthur Weber débarque à Bucarest pour régler la succession de son oncle, Mircea Dumitrache, qu’il a très peu connu et dont il ne garde aucun souvenir. Il a en effet grandi à Strasbourg. En arrivant dans l’immeuble de son oncle, il tombe sur la voisine, vieille, bavarde mais aussi curieuse, que sa mère lui a déconseillé de fréquenter. On ne sait jamais ! Quand il entre dans l’appartement, quelqu’un déjà sur place l’assomme avec une poêle à frire. On a vu mieux comme accueil !
Voyons les choses du bon côté, cela permet à Arthur de faire la rencontre de Iulia Gregorescu, le docteur qui va lui diagnostiquer son nez cassé. Puis, c’est le passage obligé chez Maître Gruia, le notaire pour la lecture du testament qui finit par cette phrase énigmatique : « Je te souhaite donc de connaitre toi aussi un jour la vertigineuse question des sources de la vie ». Doutant d’être le seul descendant, Arthur fait appel à un généalogiste successoral.
De retour à l’appartement, il prend une douche et entend du bruit. Le temps de sortir, il voit une silhouette s’enfuir. Il lui court après, en cassant un vase au passage, mais il est trop tard. Par contre se rendant compte qu’il est nu, il rentre et tombe sur sa charmante voisine, qui le regarde d’un air douteux. En enfonçant sa porte, qui s’est malencontreusement fermée, il trébuche et s’enfonce les débris du vase dans le postérieur. Ce sera sa deuxième rencontre chez le docteur Iulia Gregorescu.
Définitivement, il va falloir qu’il comprenne pourquoi on visite l’appartement de son oncle.
Vous n’allez pas y croire : le résumé que je viens de faire ne couvre que les 6 premiers chapitres de ce roman. C’est dire si le rythme est soutenu, et si l’on s’amuse beaucoup des malheurs de notre cher Arthur Weber. D’ailleurs, j’ai été époustouflé par la maîtrise que montre Sylvain Audet-Gainar dans le déroulement de son intrigue. En effet, il a décidé d’y mettre du rythme, de l’action, et une bonne humeur, autant dans les scènes que dans les dialogues, ce qui fait que l’on s’amuse beaucoup à la lecture de ce roman et qu’on ne voit pas le temps passer.
Le ton y est donc volontairement léger et simple, ce qui en fait un excellent divertissement. Cela me rapproche et me rappelle des polars que j’aimais tant il y a quelques dizaines d’années, quand je cherchais une lecture où un personnage était mis dans des situations extraordinaires, sans qu’il n’ait rien demandé. Et le fait de prendre un personnage immédiatement sympathique, nous contant son histoire à la première personne du singulier, c’est un moyen simple mais éminemment efficace.
On retrouve dans ce roman une filiation avec George Arion. Il y a cette volonté d’être proche des gens, de ne pas s’encombrer de descriptions des décors, mais de pointer la psychologie des Roumains ayant subi plusieurs dizaines d’années de dictature. Et puis, l’auteur va aborder tout le mécanisme politique mis en place pour surveiller la population, ainsi que les recherches médicales, concernant entre autres l’interruption volontaire de grossesse, mise en place et soutenue par le pouvoir pour des raisons que vous découvrirez.
Enfin, il y a tous ces personnages secondaires si réels, si présents, arrivant toujours quand on ne s’y attend pas, et donnant lieu à des scènes d’un comique certain voire irrésistible. Alors, certes, c’est un roman de divertissement, mais cela m’a permis de voyager en restant dans mon canapé, car, l’air de rien, l’auteur a réussi à nous emmener dans un pays à la fois si proche et si lointain. Une bien belle découverte que ce premier roman. A suivre …
3 réflexions sur « Du rififi à Bucarest de Sylvain Audet-Gainar »