Oldies : Les effarés de Hervé Le Corre

Editeur : Gallimard Série Noire (1996) ; L’éveilleur (2019) ; Points (2020)

En cette année 2020, nous allons fêter les 50 années d’existence de la collection Points, et les 40 ans de Points Policier. C’est l’occasion de revenir sur un roman paru à l’origine à la Série Noire et réédité à juste titre, qui est le troisième de ce grand auteur français du Noir.

L’auteur :

Hervé Le Corre, né le 13 novembre 1955 à Bordeaux, est un auteur de roman policier.

Hervé Le Corre fréquente le lycée Michel-Montaigne, où il obtient son baccalauréat, série littéraire, en 1972. Il suit ensuite des études de Lettres à l’Université Bordeaux Montaigne.

Professeur de lettres dans un collège de Bègles, il est un lecteur passionné entre autres de littérature policière. Il commence à écrire sur le tard à l’âge de 30 ans des romans noirs et connaît un succès immédiat.

Son écriture, le choix de ses personnages, l’atmosphère assez sombre de ses livres le placent d’entrée parmi les auteurs français les plus noirs et les plus primés du roman policier hexagonal. Ses romans ont été primés à de nombreuses reprises.

(Source Wikipedia)

Quatrième de couverture :

Des jeunes désœuvrés qui matent des revues pornos, un trio de petites frappes qui commettent l’irréparable pendant le braquage d’un camion dont ils tuent le chauffeur, un commanditaire sans scrupule qui se fait confier une gamine tentant d’échapper aux griffes de son beau-père, une inspectrice de police lâchée au milieu de ce microcosme adipeux où règne la loi du plus fort ou du plus crapuleux…

Les figures de ce roman naviguent dans les eaux troubles d’un quartier à l’abandon en bord de Garonne, à l’ombre d’un immense immeuble voué à la démolition. Violent et réaliste, sans concession ni pathos, Hervé Le Corre déploie dans l’un de ses premiers romans, enfin réédité, sa vision d’une société corrompue où peut sourdre une lumière pas toujours si inquiétante qu’on le craindrait.

Mon avis :

Richard et Manuel sont deux petites frappes que l’ont charge d’un braquage : quand le chauffeur du Poids Lourd ira se chercher un sandwich, ils devront voler le camion empli de magnétoscopes. Mais en fait de braquage, cela se termine en tabassage à mort quand Richard perd le contrôle. Puis ils conduisent leur chargement jusqu’à un hangar où les attend leur commanditaire, François.

Bienvenue dans la cité Lumineuse du quartier de Bacalan, dans le Nord de Bordeaux. De ce fait divers violent, Hervé Le Corre va se faire le témoin de la vie des cités dans les années 90. Mais est-ce que cela a tant changé ? Avec son style direct, brut et violent, ne dépassant jamais les 10 pages, ce roman se lit d’une traite et parle de la société d’alors comme le ferait un reportage.

Car au-delà de ces voleurs, Hervé Le Corre y ajoute beaucoup de personnages, tant trafiquants que flics, simples habitants que femmes maltraitées ou violées, et nous assène des scènes d’une violence non pas démonstrative mais crue. Sans vouloir être trop explicite bien que certaines figures de style démonstratives soient bavardes, il nous plante le décor de cette société en transformation vers le pire, que ce soit vis-à-vis de la place de la femme dans la société, de la violence dont celle faite aux femmes ou de l’irrespect qui mène au crime.

C’est une société sans espoir, noire au possible que l’auteur nous décrit, comme une sorte de prémonition de ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Et l’écriture est parfois noire, parfois poétique, parfois rouge sang pour décrire ce contexte de déchéance. A ce titre, ce roman a sa place aux cotés des romans de Thierry Jonquet entre autres. Un roman effarant, comme son titre.

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7 réflexions sur « Oldies : Les effarés de Hervé Le Corre »

  1. Comme j’adore l’auteur, je pensais les avoir tous lu. Mais que nenni, celui-là je ne l’ai pas. Bacalan, une ancien cité de misère, aujourd’hui, soi-disant en pleine expansion. Oui, vu du point de vue du maire. De l’esthétique, il va falloir repasser. C’est honteux. Construction d’immeubles neufs certes à prix modérés pour certains, avec quelques mètres qui sépare le papa de la petite fille de mon mari, qui habite là seul, et en face, un autre immeuble neuf, une rue étroite pour laisser passer juste la place pour notre Fiat Panda; Je ne pense pas qu’un camion puisse y passer, ce ne serait pas assez large. Ah oui ! La Cité des Vins, elle est magnifique avant le pont tournant qui relie le nouveau pont Chaban-Delmas avec l’ancien vieux Bacalan. C’étaient des territoires marécageux, avec pas mal de pauvres. Chez les parents de mon mari, ils avaient bien souvent de l’eau dans leur sous-sol, à cause de la montée des eaux, et pour aller dormir, un escalier extérieur pour aller dans la chambre pour les trois enfants où pas de chauffage, rien du tout. Depuis lors il y eut la construction du Pont d’Aquitaine, où en-dessous, les enfants jouaient dans l’herbe, à attraper les grenouilles ou jouer au foot. De grands terrains vagues. Tout cela a bien changé au nom du profit et des quotas des logements à construire sur Bordeaux.
    Je lirai certainement le livre. Merci à toi. Bon lundi. 🙂

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  2. Bonsoir Pierre,
    Je l’ai reçu hier et n’ai pas pu m’empêcher de lire le début. J’ai trouvé fait wouaw pour l’écriture. Il n’y a que des phrases que je pourrais noter à l’infini tant les images et les textes sont hors des sentiers battus. C’est très « mec », cela ne me dérange pas. Nous plongeons rapidement dans l’action. Quel style. Il me bluffe encore dans un autre genre.
    Merci pour ta chronique. Je suis emballée 😀
    Bizz. Geneviève

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      1. Il va devoir un peu attendre, suis dans la lecture d’un policier pour le challenge du mois Anglais. Une enquête purement classique Le dernier vol du corbeau de Damien Boyd 😊 Bon samedi 😉 Bizzz

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