D’après une idée originale de Gérard Lecas et Jean-Pierre Pozzi
Editeur : Jigal
Je ne me rappelle pas avoir lu un roman de Gérard Lecas, donc ce sera une découverte d’un nouvel auteur. Deux balles, c’est le genre de polar coup de poing, qui va droit aux tripes, efficace à souhait.
Afghanistan, Vallée de la Kapisa, janvier 2013. Vincent Castillo et Willy se sont tous les deux engagés et sont devenus amis, inséparables pour la vie. Willy est réunionnais et sa compagne Marion l’attend là-bas. Leur rêve est d’ouvrir une cantine ambulante, c’est tellement simple, il faut juste acheter et aménager une camionnette. Mais ce jour est maudit et la troupe tombe dans un traquenard. Willy se prend deux balles, qui vont le laisser paralysé du bas du corps. Deux balles qui vont changer deux vies.
Après deux engagements de quatre ans, Vincent décide de ne pas rempiler. Il rend visite à Willy, pensionnaire d’une clinique où il doit apprendre à marcher avec des jambes mécaniques. Mais Vincent n’a pas oublié leur rêve et il va faire tout ce qui en son pouvoir pour remonter le moral en berne de son ami.
Et puis, c’est le retour dans la famille. Le père de Vincent tient un hôtel, dans lequel logent des migrants. Cela ramène plus d’argent. Il retrouve aussi ses deux frères, Denis et Jordan, qui subsistent de petits trafics. Tout est bon pour ramener du beurre dans les épinards. Vincent va les aider jusqu’à ce qu’il soit impliqué trop loin, dans une situation qu’il n’a pas voulu. Le retour à la vraie vie s’apparente à une spirale descendant vers les enfers.
Une fois le décor et les personnages plantés, Gérard Lecas déroule son intrigue avec une assurance digne des meilleurs auteurs de polar noir. Cette lecture est d’ailleurs étonnante devient l’économie des mots aussi bien dans les descriptions que dans les dialogues, ce qui en fait une lecture rapide et efficace. Et au fur et à mesure que l’intrigue avance, la spirale nous enfonce vers une conclusion noire et dramatique.
Outre les magouilles et petits trafics que sont obligés de faire pour survivre, Gérard Lecas va surtout insister sur le sort des migrants, que le gouvernement accueille, que les services gouvernementaux contrôlent, que les associations aident mais dont personne ne se soucie. A partir de ce moment-là, il n’est pas étonnant d’inventer le fond de cette histoire totalement révoltante de façon à dénoncer les contradictions et les injustices qui en découlent.
Si le parti-pris de l’auteur est d’aller au fond du sujet, son style est à réserver à ceux (dont moi) qui apprécient les styles efficaces que l’on trouve souvent chez les Américains et parfois chez les auteurs français. Ce style froid et clinique, distant et direct est d’autant plus frappant quand arrive la conclusion comme un chapitre qui se referme, une boucle que l’on termine de dessiner. Personnellement, j’ai pris deux balles dans le corps, et ça fait mal.
Ne ratez pas le formidable avis de Jean le Belge
Une réflexion sur « Deux balles de Gérard Lecas »