Le dernier thriller norvégien de Luc Chomarat

Editeur : Manufacture de livres (Grand format) ; Points (Format poche)

Sur ce mois de décembre, afin de finir en beauté pour fêter l’anniversaire des éditions Points, je vais vous proposer un certain nombre d’avis sur des polars sortis chez Points. Et on commence par ce roman vraiment pas comme les autres.

Alors qu’il est confortablement installé dans l’avion qui le mène à Copenhague, l’éditeur free-lance Delafeuille sait qu’il doit décrocher ce contrat s’il ne veut pas perdre son emploi. Les lois du marché du livre étant impitoyable, il vient pour négocier les droits du dernier thriller de l’auteur en vogue : Olaf Grundozwkzson. Il s’attend à ne pas être le seul sur le coup, vu le nombre de ventes qu’il réalise à chaque sortie de ses pavés de 600 pages.

Arrivé à l’hôtel, il s’isole dans un coin sombre, et distingue Murnau et Gorki, ses concurrents, déguster une Carlsberg, boisson qu’il boit aussi à défaut de pastis. Un homme habillé de vêtements d’un autre âge s’installe en face de lui et se présente : Sherlock Holmes. Ce dernier a deviné son identité et la raison de sa présence. Holmes est là pour trouver le tueur en série qui sévit en ce moment en découpant ses victimes de sexe féminin et que la presse a surnommé L’esquimau.

De retour dans sa chambre, l’accueil lui signale qu’on a laissé pour lui un paquet. On lui apporte et il l’ouvre : il s’agit du roman de Olaf Grundozwkzson, Le dernier thriller norvégien. Quand il en commence la lecture, il tombe sur un personnage qui rejoint Copenhague par avion. Ce personnage se nomme Delafeuille et dit les mêmes mots que lui a prononcé quelques heures auparavant. Delafeuille est-il dans la réalité ou dans la fiction ?

Rencontré auparavant dans L’espion qui venait du livre (Rivages Noir) que je n’ai pas (encore) lu, Delafeuille ne devait probablement pas devenir un personnage récurrent à l’époque. Mais depuis 2014, le monde de l’édition a connu nombre d’évolutions, dont le nombre de ventes de thrillers sanglants, la vague de polars nordistes, ou la guerre que se livrent les éditeurs dans ce marché au chiffre d’affaires alléchant.

Dès les premiers chapitres, le ton se veut décalé, œuvrant dans l’absurde et le surréalisme. Le début du livre s’avère même angoissant, et je n’ai pu m’empêcher de penser à Franz Kafka, si ce n’est que Luc Chomarat manœuvre l’humour pour décompresser les situations tendues. Fort drôle au début, et il faut dire que cette idée est tout bonnement géniale, on alterne entre la réalité et la fiction, jusqu’à ce qu’elles ne se fondent en un seul récit.

Il n’est pas étonnant, dès lors, de passer en quelques lignes de Copenhague (au Danemark, donc) et son climat rigoureux (les protagonistes devront même subir une tempête de neige) à l’Afrique et son climat chaud et sec. Il ne faut pas chercher de logique dans ce récit, juste apprécier les messages qui parsèment ce livre et les références aux grands auteurs de ce genre (Nesbo, Mankell, Larsson …).

Car l’auteur en profite pour donner son avis sur la guerre entre les éditeurs, se pliant aux desideratas des lecteurs à tout prix, au livre électronique bien qu’il en loue les possibilités infinies pour les intrigues, les facilités que prennent certains auteurs dans leurs descriptions sanguinolentes et gratuites, l’oubli volontaire des grands auteurs du passé que l’on préfère passer à la trappe pour éditer des pavés inintéressants.

On rit beaucoup dans ce livre, pour peu que l’on se laisse charmer, envoûter dans cette situation absurde et que l’on laisse l’inventivité de l’auteur nous emmener dans des contrées jamais rencontrées jusque-là. Car ce roman est avant tout un hymne à la littérature, seul art capable de nous emmener dans un endroit impossible à visiter : notre imagination (pourvu que l’on veuille réfléchir). D’ailleurs, l’auteur le dit bien mieux que moi : « L’écriture est un lieu à part, où tout peut arriver. »

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4 réflexions sur « Le dernier thriller norvégien de Luc Chomarat »

  1. Coucou Pierre. Déjà que le nom de l’auteur hihi 🤪
    L’idée me paraît bien sortir des sentiers battus. Fort tentant. Si tu voyais les deux étagères devant moi avec la série complète de La Compagnie des Glaces et maintenant le début des Enfants de la Terre en pleine préhistoire…et les polars à lire. 😅😅😅
    Merci pour ta peine de présentation, qui donne envie….et que j’ajoute dans ma liste. Depuis tout ce temps, le fond a dû céder 😂
    Bisous et bonne semaine. Geneviève

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    1. Salut Geneviève, il va falloir aussi que je revienne à La compagnie des glaces ! Mais je n’ai pas trop de temps en ce moment. Enfin, les vacances approchent à grands pas ! Je te réserve un coup de coeur avant la fin de l’année, mais chut ! BIZ

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