Déjà amorcé en 2020, le virage vers la littérature française, ou francophone se fait plus marqué ce mois-ci. Ceci est dû en partie aux sorties de romans étrangers qui ont marqué le pas mais aussi à certaines lectures que j’ai trouvées moyennes.
A part ma lecture Oldies, Sukkwan Island de David Vann (Gallmeister), roman américain bardé de prix, nous présentant un homme en plein désarroi qui se lance un défi de vivre en Alaska accompagné de son fils adolescent, et qui ne m’a pas emporté comme il l’aurait dû, tous les autres romans que j’aurais chroniqués sont français.
Enfin, presque … disons francophones … Jugez donc :
FrasseMikardsson : franco-suédois
Joseph Incardona : Suisse
Dominique Forma : Franco-américain
Parmi les lieux visités, on y trouvera la Suède, la Suisse, L’Amérique du Sud, la République Tchèque, l’Algérie, les Etats-Unis et la France bien sûr. De quoi voyager en restant confiné. En faisant ce bilan, le nombre de romans non estampillés « polar » m’a étonné, dû probablement au fait que j’aie eu besoin de faire une incursion hors de mon domaine de prédilection.
C’est le cas de Presqu’îles de Yan Lespoux (Agullo), premier écrit de notre collègue blogueur, et premier recueil de nouvelles qui nous présente des histoires parfois touchantes, parfois plus dures, avec toujours des personnages habitant les Landes que l’auteur nous présente avec tendresse et avec une plume remarquable.
Le silence des carpes de Jerôme Bonnetto (Inculte) n’est pas non plus à proprement parler un polar, même si le personnage principal part à la recherche d’une femme suite à la découverte d’une vieille photographie. Il nous donne l’occasion de découvrir la République Tchèque, ses habitants, leur mode de vie et surtout leur humour décalé. Ce deuxième roman de l’auteur est une vraie réussite, originale par son ton.
Origine Paradis de Thierry Brun (Hors d’Atteinte) est le nouveau roman de cet auteur que j’aime beaucoup par les thèmes qu’il aborde. Il nous parle comment les micro-partis lèvent de l’argent pour l’extrême droite et nous assène son message défenseur de l’amour mais aussi sur la lucidité des femmes.
Autopsie pastorale de Frasse Mikardsson (Editions de l’Aube) représente aussi pour moi une belle découverte puisque c’est un premier roman. L’originalité est au rendez-vous une nouvelle fois, les enquêteurs étant par des médecins anatomopathologistes. L’auteur nous fait part de sa passion pour son métier et aussi pour le mode de vie des Suédois.
Manaus de Dominique Forma (Manufacture de livres) nous propose un voyage en Amérique du Sud, dans les années 60. Ce court roman nous montre la mission d’un barbouze et le style efficace emporte l’adhésion.
Pour finir, deux auteurs viennent compléter cette liste de chroniques, deux auteurs que je lis systématiquement et que j’adore. Nous sommes bien pires que ça de Guillaume Audru (Editions du Caïman) nous parle des bagnes au sortir de la première guerre mondiale, en plein désert algérien où tout est permis puisque rien ne fuite vers la métropole ; une nouvelle réussite de Guillaume Audru.
Sous ce titre alléchant, Dehors les chiens de Michael Mention (10/18) est le dernier roman de cet auteur surprenant. A chaque roman, le contexte change, le genre change, le message change mais le style reste toujours aussi personnel. Cette plongée dans le western comporte des scènes visuelles incroyables, et cette lecture nous amène un plaisir jouissif, bien que ce ne soit pas ma tasse de thé. Michael Mention a dû beaucoup s’amuser à créer cette intrigue et le plaisir se ressent et est largement partagé.
Le titre du chouchou du mois revient à La soustraction des possibles de Joseph Incardona (Finitude) par son sujet (la finance des années 80 et les évasions fiscales vers la Suisse), par ses personnages mais aussi par son style et sa construction, tout à tour provocant, innovant, choquant, tendre, éblouissant.
J’espère que ces avis vous auront été utiles dans le choix de vos lectures. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, protégez-vous, protégez les autres et n’oubliez pas le principal, lisez !