Editeur : Gallmeister
Traducteur : Anatole Pons-Reumaux
Je vous en avais parlé il y a quelque temps : les éditions Gallmeister, après avoir arpenté les routes étasuniennes, se tournent vers l’Italie d’abord, et probablement d’autres lieux dans le monde à venir. Ce roman s’annonce comme le début d’une série. Prenons donc la direction de la Sardaigne.
« Quand on arrive en fin de carrière, les affaires non résolues continuent de vous hanter jusqu’à votre mort ». Cette pensée lamine l’esprit de Moreno Barrali, inspecteur en chef proche de la retraite. Depuis que son docteur lui a annoncé qu’il ne lui restait que quelques mois à vivre, il rumine deux affaires qui pour lui furent intimement liées, les meurtres de deux jeunes femmes, orchestrés comme un sacrifice.
Les autorités de Cagliari ont décidé de créer un service « Cold case », principalement pour des raisons d’amélioration des statistiques de résolutions d’affaires. Mara Rais qui vient d’être déboutée dans le cas d’un harcèlement sexuel est décriée dans le département de police, malgré ses grandes qualités d’inspectrice. Le commissaire Farci, son chef lui propose de rejoindre ce nouveau service.
La mauvaise nouvelle concerne l’organisation du service. Mara devra faire équipe avec Eva Croce, qui vient de débarquer de Milan avec une réputation sulfureuse. Quand Mara rencontre Eva pour la première fois, elle se retrouve face à une jeune femme au look punk, très éloigné de ce qu’elle a l’habitude de voir. Barrali est heureux de partager les informations qu’il a collecté pendant plusieurs dizaines d’années, alors qu’une jeune fille vient de disparaitre.
L’auteur n’est pas connu chez nous, mais il n’en est pas à son coup d’essai. Ceci explique la grande maitrise dans l’intrigue, construite avec beaucoup d’application. Le roman commence par présenter dans le détail le contexte et les personnages, ce qui fait que l’enquête met un peu de temps à démarrer. Et l’auteur se permet d’introduire des notions de fantastique liées aux croyances de cette région de Sardaigne.
La lecture est grandement facilitée par une fluidité du style et par la volonté de l’auteur d’être explicite sur le contexte. Dans ce cadre, les paysages sont magnifiquement décrits, incluant des zones mystérieuses ; les pratiques ancestrales sont bien expliquées. On a vraiment l’impression d’être plongé dans la vie de ces petits villages, émerveillés dans ces paysages inconnus pour nous. On apprend beaucoup de choses sans forcément avoir l’impression de subir un cours universitaire.
Les deux personnages principaux, Eva et Mara, sont des femmes fortes, sans concession, pour lesquels j’ai craqué. Ayant des caractères forts, leur relation est plus que houleuse, et elles devront faire avec, pour faire avancer leur enquête. A ce titre, les dialogues, « rentre-dedans », francs, directs, à la limite de l’agressivité, sont remarquablement bien faits. Ces parties de ping-pong ajoutent à notre plaisir de lecture une touche de réalisme. Et l’évolution de leur relation est remarquablement construite.
L’air de rien, ce roman dépasse les 500 pages, et on ne s’ennuie jamais, même si certains passages ont tendance à être bavards. Surtout, ce roman fait naitre une attente quant à une future enquête, surtout avec une fin telle qu’elle est présentée, ouverte aussi bien sur ses conséquences que sur les relations entre Mara et Eva. Alors, dites-moi, quand est prévue la prochaine enquête ?
La Sardaigne ? Mais oui que je suis d’accord d’y aller 😉
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Let’s go
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Attends, je prends mon pass 😆
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