Editeur : Finitude
Conseillé par Stanislas Petrosky que j’ai rencontré lors du salon du Polar d’Osny, j’ai fait appel au Père Noël pour lire ce premier roman. Je préfère vous prévenir de suite, ce roman n’est pas un polar.
Sylvain Bragonard apporte les dernières touches au visage de Bernadette, qu’en tant que thanatopracteur, il doit embellir pour son dernier voyage. Ecartant ses narines, il apprécie cette douce couleur aux effluves de groseille. En pleine concentration, une question l’indispose : « ça vous dérange pas, les odeurs ? ».
La jeune femme qui a posé la question se nomme Alice Lanier. Elle l’a appelé la semaine précédente, se présentant comme une thésarde qui a choisi comme sujet la thanatopraxie. Loin d’être désagréable, son physique est compensé par un esprit ouvert et bavard. Sylvain garde son calme lui qui est d’une nature taiseuse.
Depuis que Ju, son amour, est partie, Sylvain s’est enfermé dans son monde peuplé de respect pour les morts et d’odeurs. Il redonne aux corps un semblant de vie par les effluves qu’il leur donne, les habille d’un halo qui les représente. Alice aimerait bien établir un contact autre que quelques borborygmes ne serait-ce que pour comprendre pour quoi il a choisi ce métier. Mais même quand elle l’invite boire un café au bar, elle n’en tire que quelques syllabes. Arrivera-t-elle à percer la carapace ?
Autant vous prévenir tout de suite, ce roman n’est pas un polar. On y trouve bien des morts mais aucun mystère, aucune intrigue, juste un jeu de relations sociales (peut-être amoureuses) entre un thanatopracteur et une étudiante. La seule question que l’on se pose réside sur la réussite d’Alice dans son entreprise, si elle va arriver à communiquer avec Sylvain, et découvrir le passé de celui-ci.
La construction est amusante, puisque ce jeu à deux est orchestré par chapitres alternés. On a droit ainsi à un chapitre mené par Alice qui parait contente de son avancement, puis on écoute Sylvain raconter la même scène en insistant sur le fait qu’elle l’ennuie fortement. Ce décalage, sorte de quiproquo, fonctionne parfaitement au début.
L’originalité de ce roman réside aussi dans les passages où l’auteure décrit le travail de Sylvain, et aborde les odeurs qu’il ressent. Dans ces moments-là, Marie Mangez arrive à mettre des mots sur un parfum indescriptible, elle arrive à donner corps à une sensation qui n’en a pas. Ce qui représente un défi impossible à relever est très réussi et même suffisamment rare pour le noter.
Puis plus le livre passe, plus l’absence d’intrigue se fait sentir, surtout pour un lecteur de polars comme moi ; la justesse du style se fait de plus en plus rare. La fin elle-même se révèle sans surprise bien que l’on tourne la dernière page heureux pour les personnages, ce qui prouve que l’on s’est attaché à eux. Je retiendrai donc ces passages magiques sur les odeurs tout en regrettant la baisse de ton au fur et à mesure du déroulement de l’histoire.
Une réflexion sur « Le parfum des cendres de Marie Mangez »