Après avoir subi des mois et des mois de grisaille, le soleil fait enfin son retour. Forcément, cela a un impact sur le moral et par voie de conséquence, sur l’envie de lire encore et toujours des romans. A cette boulimie livresque vient s’ajouter les vacances scolaires du mois de février qui expliquent le grand nombre d’avis publiés ce mois-ci, à tel point que je me suis permis de choisir les romans dont je voulais parler, et que cela m’a permis de lire plus de polars anciens. Faites votre marché :
Le Oldies du mois s’appelle Morvern Callar d’Alan Warner (10/18) et nous présente une jeune fille qui préfère faire la fête plutôt que de vivre sa vie. Outre son esprit égoïste, l’auteur nous offre une virée Sex, Drugs and Rock’n’roll qui peut représenter une œuvre culte pour certains … mais pas pour moi.
Adieu Poulet de Raf Vallet (Gallimard – Série Noire) fait partie des deux romans réédités en fin d’année dernière. En lisant ce polar, on s’aperçoit que si le style fleure bon les années 70, l’intrigue n’a pas vieilli et nous rappelle le film avec Lino Ventura et Patrick Dewaere. Je vous conseille de le (re) découvrir.
La cinquième enquête de Harry Bosch, Le cadavre dans la Rolls de Michael Connelly (Points) démontre tout le talent de l’auteur pour à la fois élargir le cercle autour de l’inspecteur mais aussi de construire une intrigue costauds et surprenante jusqu’à la dernière ligne.
Le premier tome des enquêtes du détective éponyme, Sois zen et tue-le de Ciceron Angledroit (Palémon) se présente comme un livre humoristique. Pari difficile à relever, que de faire rire le lecteur, mais pari réussi tant on se marre et on apprécie les digressions et les jeux de mots.
Parmi les nouveautés, je commence par Les disparus des Argonnes de Julie Peyr (Equateurs) qui m’a enchanté, moins par son sujet (la disparition inexpliquée des appelés de Mourmelon) que la façon dont il est traité. Cette auteure a un vrai talent pour doser son intrigue et nous montrer le désarroi des familles devant le désintérêt des autorités pour ce mystère. Excellent !
Because the night de Gilles Vidal (La Déviation) est le dernier roman de cet auteur que j’affectionne pour son originalité. Il nous propose l’itinéraire d’un homme dans un monde dévasté à la recherche de son passé, des autres et de soi-même. Ce roman qui m’a paru parfois hermétique comporte des pages d’une beauté foudroyante.
Ce sera le seul premier roman de ce mois et il se présente comme un roman totalement personnel. Histoire universelle des Hommes-Chats de Josu Arteaga (Nouveau Monde) nous raconte par la voix du narrateur l’histoire d’un village basque espagnol, retiré du reste du monde, avec ses secrets, ses règles, ses lois et ses horreurs. Dans le dernier chapitre, l’auteur le compare au monde actuel et rien que pour ça, ce roman vaut le détour.
Jeannette et le crocodile de Séverine Chevalier (Manufacture de livres) raconte l’histoire d’une petite fille qui rêve de voir un crocodile récupéré par un zoo. Mais d’année en année, sa mère va trahir cette promesse. De la trahison des adultes à l’apprentissage d’une adolescente, Séverine Chevalier nous présente une histoire tout en douceur et en tendresse au milieu d’un monde toujours plus dur et sans pitié.
A sang et à mort de Sandrine Durochat (Jigal) ressemble plus à une course folle dans le monde d’aujourd’hui en abordant les thèmes chers au polar, la drogue, les trafics, la police corrompue. Construit avec de nombreux personnages et de nombreuses scènes, l’auteure a choisi un style moderne, comme une série policière et nous livre un roman décoiffant, rapide, sec, bigrement addictif.
On ne présente plus Pouy, on le savoure. En attendant Dogo de Jean-Bernard Pouy (Gallimard – La Noire), son dernier opus, ne ressemble à rien de connu, donne son avis sur la société d’aujourd’hui, mâtiné de culture et d’humour, les deux atouts pour supporter le quotidien. Un excellent cru !
Le titre du chouchou du mois revient donc à Nos vies en flammes de David Joy (Sonatine), tant cet auteur à mi chemin entre la littérature blanche et la littérature noire, sait nous parler des campagnes américaines, la beauté des paysages et les travers de ses habitants. Dans ce roman, il dénonce l’industrie pharmaceutique qui créé les drogués de demain en fournissant des médicaments addictifs dès le plus jeune âge.
J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !