La cité en flammes de Don Winslow

Editeur : Harper & Collins

Traducteur : Jean Esch

Don Winslow se lance dans un nouveau projet, une nouvelle trilogie mettant en scène deux clans de mafia, l’une irlandaise, l’autre italienne dans l’état de Rhode Island. Ce roman doit faire partie de vos lectures estivales, du Don Winslow en grande forme.

Danny Ryan est le fils du parrain de la mafia irlandaise de Providence. Ce dernier ayant laissé sa place à Murphy, Danny est relayé au rôle de recouvreur de dettes. S’il connait tous les membres depuis l’école, on l’accepte surtout parce qu’il a épousé la fille de Murphy, Terri. Murphy détient les docks et les syndicats. En face, la mafia italienne, les Moretti, a le monopole des jeux et de la prostitution.

Le marché est bien partagé entre les deux clans, le calme est même accepté du côté des parrains de Boston et New-York. Tous les jeunes des deux clans se connaissent depuis longtemps, boivent des coups ensemble dans les bars, font des barbecues ensemble, en toute cordialité. Mais le calme n’est qu’apparence et il suffit d’une étincelle pour que ce coin paisible en bord de mer se transforme en champ de guerre ?

Quand Danny voit sortir une superbe femme en bikini de l’eau, il sent que les problèmes vont survenir. Sa femme Terri le charrie mais sait bien que son mari l’aime à la folie. Plus tard, lors d’un barbecue fortement arrosé avec les Murphy et les Ryan, Paulie Moretti présente au groupe sa nouvelle compagne, Pamela, la femme de la plage. Plus tard, Liam Murphy emmène Pamela et la pelote. En guise de représailles, Paulie et ses copains tabassent Liam et le laissent pour mort. C’est le début d’une escalade infernale.

Fascinant. Don Winslow lui-même le dit et le martèle depuis toujours : le polar vient des tragédiens grecs et de William Shakespeare. Dans cette histoire, on ne peut qu’y voir un hommage et une volonté de retranscrire les grandes histoires de la littérature dans le monde d’aujourd’hui (même si l’action se situe en 1986). On y retrouve l’affrontement de deux clans qui n’attendent qu’une étincelle pour jeter aveuglément dans une guerre fratricide et meurtrière sans limites.

Fascinant. Don Winslow est un conteur hors pair, probablement l’un des meilleurs actuellement dans le monde du polar. On ne peut qu’être pris dans cette histoire, dès le début avec ce cliché de la femme qui sort de l’eau en bikini. On est emporté par ces personnages qu’il se permet de ne pas présenter dans le détail, nous laissant le soin de les placer sur l’échiquier. On suit avec avidité la tornade qui va balayer ces deux familles, les thèmes de la loyauté, de l’amitié, les non-dits, les décisions difficiles, l’amour plus que tout, la famille, les sacrifices au nom des règles ancestrales, les chocs des générations …

Fascinant. L’enchainement des événements est parfait, presque logique, mécanique, et Don Winslow nous montre les raisonnements des uns et des autres, les raisons de l’escalade, mais aussi le respect (on appelle ça un cessez le feu), en particulier quand il y a un enterrement. Il aborde aussi le thème qui lui est cher, l’arrivée du trafic de drogue qui pourrit tout et fait croire à de l’argent facile, sans risques et qui autorise toutes les horreurs. Il introduit l’implication des politiques, de la police, des services fédéraux, ce qui offre un roman moderne et complet.

Fascinant. Le style de Don Winslow s’est adapté au thème de son livre, et à l’ambition qu’il veut afficher. Il s’avère moins haché que d’habitude, même si à la fin, il se laisse aller, ce qui donne une impression de rapidité. Il adopte une fluidité remarquable, se rapprochent de la grande littérature, ce qui ajoute un plaisir supplémentaire à la lecture, aidé en cela par une traduction impeccable de Jean Esch.

Vous l’avez compris, ce nouveau roman de Don Winslow est juste fascinant, et on attend avec impatience le deuxième tome. S’il est un ton en dessous de sa trilogie La Griffe du Chien, Cartel et La Frontière, il fait partie de ses meilleurs romans.

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10 réflexions sur « La cité en flammes de Don Winslow »

  1. Salut François, j’avais lu ton article mais ce n’est pas ce qui m’a poussé à le lire. fan de Don Winslow, je ne rate aucun de ses livres. J’ai particulièrement apprécié qu’il adapte son style à son histoire. Il est beaucoup plus littéraire dans celui-ci. Et le travail de Jean Esch est impeccable, comme d’habitude. Amitiés

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