Entre mes lectures estivales dont les billets sont publiés ce mois-ci et la chance dans mes choix, j’ai eu l’occasion de publier trois billets par semaine, donc carton plein de mon coté. Par contre le revers de la médaille, c’est que j’ai eu beaucoup de mal à choisir mon chouchou tant toutes ces lectures auront été marquantes.
Honneur au coup de cœur Black Novel, avec Demande à la poussière de John Fante (10/18), la biographie romancée sous le nom d’Arturo Bandini, qui nous montre le chemin de croix d’un jeune homme à Los Angles pour devenir un Artiste. Ce roman est juste un monument de la littérature américaine, injustement méconnu qui aura inspiré bon nombre d’auteurs et dont l’influence s’étend encore aujourd’hui.
Le reste des billets se partage entre la littérature française et la littérature américaine, à une exception près (deux en fait) : La face nord du cœur de Dolores Redondo (Gallimard Folio), thriller espagnol, fait suite à la trilogie de la vallée de Baztan. Avec ce prequel, on en apprend beaucoup sur Amaia Salazar ainsi que sur l’agent du FBI Dupree. Original dans sa construction, il nous plonge en plein ouragan Katrina dans des scènes hallucinantes où flotte un air de fantastique dans le bayou.
La sixième enquête d’Harry Bosch, L’envol des anges de Michael Connelly (Points), confirme le statut de cet auteur parmi les meilleurs dans la sphère du polar. Connelly nous parle de sa ville et situe son intrigue pendant les émeutes après l’affaire Rodney King. Cet opus est à classer dans les meilleures enquêtes de Bosch tant la pression ressentie à la lecture est intense et le final surprenant
Après Betty, j’attendais beaucoup de ce roman. L’été où tout a fondu de Tiffany McDaniel (Gallmeister) nous transporte dans une petite ville où le procureur, fils du narrateur, demande au Diable de se présenter à lui. Un enfant noir arrive et d’étranges drames apparaissent. Sur cette intrigue entre chronique familiale et fantastique, Tiffany McDaniel nous emporte grâce à son style poétique dans une vaste reflexion sur le Bien et le Mal.
Toujours aux Etats-Unis, Lady Chevy de John Woods (Albin Michel) est probablement le premier roman le plus impressionnant et le plus provoquant que j’aurais lu en 2022. John Woods a mis ses tripes dans cette histoire d’une adolescente obèse immergée dans un environnement rural qui s’est créée un mur pour se prémunir des moqueries des autres. Il en profite pour brosser une image de l’opposition ville / campagne tant d’un point de vue éducatif que politique. Et il termine son roman avec une fin juste formidable. A ne pas rater.
Du coté des français, commençons par Tant qu’il y a de l’amour de Sandrine Cohen (Editions du Caïman). Auréolée du Grand Prix de la Littérature Policière, elle nous offre un roman émotionnellement fort sur une famille pas comme les autres et proposent une vision du monde par les yeux des enfants. Sandrine Cohen conserve son style dans cette histoire attachante qui nous invite à raisonner différemment.
Darwyne de Colin Niel (Editions du Rouergue) permet à l’auteur de revenir en Guyane pour nous présenter deux personnages, Darwyne, jeune garçon vivant dans un bidonville malaimé par sa mère et Mathurine, assistante sociale qui reçoit un message d’alerte et est perturbée par son désir de devenir mère et ses échecs de fécondation in-vitro. L’immersion dans ce monde de désoeuvrement et de désamour maternel sont au centre de ce roman fortement émotionnel.
L’affaire de l’île Barbe de Stanislas Petroski (Afitt), en tant que premier tome d’une série, nous plonge à la fin du XIXème siècle et nous présente le professeur Lacassagne, l’un des fondateurs de la médecine légale moderne, et son apprenti Ange-Emmanuel Huin, apache au passé douteux. Les personnages sont formidablement croqués dans une intrigue inspirée d’un cas réel et on n’a qu’une envie, lire la prochaine enquête. Le livre est complété par une postface nous présentant le contexte de cette époque, de quoi se divertir intelligemment.
Le tableau du peintre juif de Benoit Severac (Manufacture de livres) aussi va nous en apprendre beaucoup sur les réseaux de résistance pour faire passer les soldats ou les juifs en Espagne. C’est aussi et surtout un portrait bluffant d’un homme qui veut faire reconnaitre son grand-père en tant que Juste des Nations et qui s’obstine tout en sachant qu’il a tort de sacrifier sa vie de famille. Impressionnant.
Comme je l’ai dit en introduction, tous les romans chroniqués auraient pu obtenir le titre de chouchou du mois, tant j’ai eu de la chance dans mes choix de lecture. Malgré cela, le titre revient à Black’s creek de Sam Millar (Le beau jardin), parce que je n’attendais pas Sam Millar sur le terrain d’un adolescent confronté au monde des adultes, parce que cette histoire est narrée de façon impeccable avec une fin surprenante, parce que les dialogues sont géniaux et parce que ce roman est publié par une petite maison d’édition et qu’il mérite d’être mis en avant.
J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez-vous pour un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !