Après un mois de septembre plus qu’enthousiasmant, nous voici à la fin d’un mois d’octobre du même tonneau. Et je ne peux m’empêcher de commencer par un coup de cœur, le meilleur roman que j’ai lu cette année parmi les 110 livres que j’ai à mon compteur.
Le soldat désaccordé de Gilles Marchand (Aux Forges de Vulcain) est en effet un roman incroyable, à tel point que je l’ai lu deux fois tant j’y ai pris du plaisir. Cette histoire d’amour dans un contexte d’après première guerre mondiale se révèle remarquable par la simplicité du style, par la magie qui découle de ces phrases parfaites, et nous transporte dans un autre monde. Outre le fait que ce soit un coup de cœur pour moi, ce roman représente pour moi toute la force d’évocation dont est capable la littérature. Epoustouflant.
Je suis lassé par la guerre entre la littérature dite blanche et la soi-disant noire. En refaisant la liste de mes billets, la moitié d’entre eux sont classés dans les rayons dits « fréquentables » alors qu’ils pourraient très bien intervertir leur position. Ainsi dans les rayons « blancs », vous trouverez :
L’Homme peuplé de Franck Bouysse (Albin Michel) donne l’impression que l’auteur écrit toujours la même histoire avec les mêmes personnages dans un même décor. Il n’empêche qu’en abordant le thème de l’inspiration d’un auteur, il faut bien avouer qu’il est aujourd’hui le seul poète contemporain à savoir nous emmener dans son monde et nous époustoufler par sa vision du monde.
On était des loups de Sandrine Collette (Jean-Claude Lattès) nous transporte dans un pays non nommé, dans une nature hostile, où un père doit voyager avec son jeune fils, qu’il voit comme un poids inutile. Revenant à plus de simplicité, prenant la voix du narrateur, ce roman de Sandrine Collette confirme son talent dans ce roman dur et prenant.
Dalva de Jim Harrisson (10/18) : mon oldies du mois consiste à lire un classique de la littérature américaine, une biographie d’une jeune amérindienne et de sa famille qui permet à l’auteur de visiter l’histoire des Etats-Unis. Un classique !
Les corps solides de Joseph Incardona (Finitude) nous épate encore avec cette mère élevant son fils adolescent qui va participer à un jeu télévisé débile. Joseph Incardona profite de l’occasion donnée par son histoire pour aborder les magouilles politiques et établit un constat navrant sur le petit écran. Une grande réussite.
Au rayon « noir », commençons par du pur divertissement avec La maison de la pieuvre de Serge Brussolo (H&O éditions). Outre qu’il est un auteur prolifique, Serge Brussolo est aussi un formidable conteur qui nous concocte de belles intrigues qui nous réservent plein de surprises. Dans ce roman, on ne peut pas prévoir ce qui va se passer et c’est tant mieux !
Le tailleur gris d’Andrea Camilleri (Points), roman orphelin du créateur du commissaire Montabalno, nous parle toute en finesse et subtilité d’un retraité en proie à la jalousie envers sa femme plus jeune que lui. Du pur plaisir !
Une vérité changeante de Gianrico Carofiglio (Slatkine & Cie) est sorti après L’été froid alors qu’il s’agit du premier tome de cette nouvelle série mettant en valeur le maréchal Pietro Fenoglio. Nous avons donc droit à une enquête simple, qui nous présente les différents intervenants futurs, où l’on ne peut que louer l’efficacité de l’auteur.
L’inspecteur Dalil à Beyrouth de Soufiane Chakkouche (Jigal), la deuxième enquête de Dalil confirme tout le bien que je pense de cet auteur, capable de conserver un recul en toute situation et de parsemer son intrigue de pointes d’humour bienvenues.
Le rouge et le vert de Jean-Bernard Pouy (Gallimard Folio) peut se compter parmi ces romans étranges mais remarquables. Ici, le narrateur doit lui-même chercher l’objet de son enquête et Jean-Bernard Pouy en profite pour égratigner la société et ses travers.
Le coup tordu de Bill Pronzini (Gallimard Série noire) est la première enquête du détective sans nom, Nameless. Si celle-ci est classique, j’ai été surpris et séduit par la grande qualité littéraire de ce roman.
Le titre du chouchou du mois revient donc à La femme du deuxième étage de Jurica Pavicic (Agullo). Après le formidable L’eau rouge, Jurica Pavicic nous présente de formidables portraits de femmes, une galerie de différentes générations, et un témoignage de l’évolution de la Croatie. Le roman se clôt sur une scène magnifique et laisse un goût amer, même si on ne ressent aucune sympathie envers le personnage principal.
J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lecture. Je vous donne rendez vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !