Editeur : Jean-Claude Lattès
Depuis Des nœuds d’acier, son premier roman, Sandrine Collette fait partie des auteures dont je lis tous les romans. Même si les histoires sont différentes les unes des autres, on retrouve des thématiques communes, ici la famille et l’errance, dans un roman fortement émotionnel.
Depuis qu’il est parti de chez ses parents, Liam habite aux abords d’une forêt, loin de toute civilisation. Il vit de sa chasse, de sa culture et se fait ravitailler une fois par mois par Mike, un ami qui a un hydravion. Il a rencontré Ava à la ville lors d’un de ses voyages et elle a accepté de le suivre. Puis Ava a voulu un enfant et Aru est né dans cette nature sauvage, peuplée d’ours et de loups.
Alors qu’il revient de la chasse, il sent que l’atmosphère a changé. Même s’il ne ressent pas de sentiments particuliers pour Aru, ce dernier ne court pas le rejoindre comme d’habitude. En faisant le tour de la maison, il voit Ava allongée. Il se rend vite compte qu’elle a été attaquée par un ours et rend son dernier soupir dans ses bras, dès que Liam a trouvé Aru caché sous sa femme.
Liam ne peut se résoudre de vivre dans ces conditions extrêmes avec un enfant de cinq ans. Il décide donc de se rendre à dos de chevaux chez son oncle et sa tante pour leur confier l’enfant. Le père et le fils vont entamer un long voyage dans un nature hostile, lui donnant l’occasion de se pencher sur les liens qui les unissent.
On peut avoir l’impression d’avoir lu ce genre d’histoire, et on peut penser chez Sandrine Collette à Juste après la vague ou chez Cormac McCarthy avec La Route (D’ailleurs, où est-ce que j’ai bien pu le ranger, celui-là ?). Elle choisit donc de s’approprier un thème connu, voire rabâché et y applique sa patte, de façon impressionnante tant l’immersion et l émotion transpirent de chaque page.
Que l’on soit homme ou femme, père ou mère, on se retrouve immergé dans l’esprit de Liam. Narrateur de cette histoire, il nous partage, avec ses propres mots, ses actes, ses pensées et ses décisions même si elles vont nous surprendre, nous choquer, et heurter la morale qu’on nous a inculquée. Sauf que cette histoire se situe dans un monde dur, brutal, celui de la nature sauvage où la moindre faiblesse se termine bien souvent par la mort.
On ne trouvera donc pas de dialogue, ou très peu, Liam étant un taiseux et Aru un tout jeune enfant qui suit son père comme un poids mort. Attendez vous à être surpris, tant par ce que fait Liam que par les scènes d’une dureté impitoyable. Et si je réagis comme cela, cela prouve que j’ai totalement adhéré à cette histoire, et qu’à la fin, j’ai mouillé mes yeux, non pas parce que j’ai accepté cet homme, mais parce que je me suis retrouvé à sa place.
En tout juste deux cents pages, Sandrine Collette nous fait voyager dans un monde inconnu, dans une nature sans pitié, peuplée d’êtres perdus, isolés, survivants. Il n’en faut pas plus pour qu’une auteure au talent immense nous fasse croire à une histoire incroyable, à deux personnages incroyables. Et le fait d’avoir sorti ce roman au moment de la rentrée littéraire d’automne laisse augurer une pluie de récompenses à venir, ce qui ne serait que justice.
Je n’ai pas apprécié le dernier Sandrine Collette que j’ai lu (« Ces orages-là »), c’était ma première déception avec elle et avec une telle chronique, tu me donnes envie de retenter l’aventure.
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Salut Sandrine, pour les avoir tous lus, je n’en ai pas chroniqué deux que je n’ai pas apprécié. Celui-ci est terrible par sa façon de nous plonger dans la psychologie du père. A lire à mon avis. J’attends ton avis
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Ça semble très fort comme l’auteur sait si bien faire !
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Tout à fait, un très bon opus de cette auteure que j’adore
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