Le chouchou du mois de mars 2023

Parlons Coups de cœur en ce mois de mars avant de voir déferler sur les étals de nos libraires favoris la première fournée des romans que vous vous devez de lire pendant vos congés estivaux.

Je me dois de mettre en avant mes coups de cœurs et ce mois-ci, nous parlerons de deux romans exceptionnels. Le parfum de Patrick Suskind (Livre de Poche), lu dans le cadre de l’hommage aux éditions Livre de Poche, fait partie des 20 meilleures lectures des Français, à la suite de l’initiative de France Télévisions. Effectivement, ce roman nous plonge dans le XVIIIème siècle, en faisant appel à tous nos sens. Rarement, je me suis trouvé dans un environnement historique de façon aussi prégnante.

Black flies de Shannon Burke (Sonatine) est une réédition de 911 sous un nouveau titre, suite à la sortie du film du même nom. J’en ai profité pour vous rappeler cette lecture, cette pression de tous les instants, cette tension que ressentent les ambulanciers dans des quartiers déshérités tels que ceux de Harlem. Un roman à lire en apnée que l’on ne peut oublier, indubitablement marquant.

Je l’avais annoncé, 2023 sera pour moi l’année des découvertes de nouveaux auteurs. Rien que pour le mois de mars, je compte six nouveaux auteurs, tous dans des genres fort différents et tous très intéressants.

Pourquoi tu pleures ? d’Amélie Antoine (Muscadier Noir) nous narre une jeune mère qui découvre la disparition de son mari et de sa fille de 4 mois. Enlèvement, fuite de son mari, assassinat, les options ne manquent, les questions s’accumulent. Comme la narration est faite par Lilas, l’auteure joue à fond la carte de la subjectivité et nous réverve son lot de surprises dans ce roman psychologique passionnant.

Duel à Beyrouth de Mishka Ben-David (Nouveau Monde) se rangera parmi les romans d’espionnage, nous proposant une relation élève / mentor dans un groupe d’intervention du Mossad. Les fans de John Le Carré apprécieront la volonté de créer une intrigue au plus proche du terrain et la méticulosité apportée dans les descriptions.

Le club des mamans mortes de Paul Hurling (Alibi) nous propose un club d’adolescents ayant pour point commun d’avoir perdu leur mère. Dans une ambiance grunge, bourré de références (Nirvana, Hole …) ce club sous l’impulsion de l’une d’entre eux va les entrainer dans une spirale criminelle. Ce roman est une bien belle découverte et agréable à lire.

Le livre de l’Una de Faruk Sehic (Agullo) n’est pas forcément le livre le plus facile à aborder, et nous parle d’un vétéran de la guerre serbo-croate qui préfère parler de sa jeunesse, de la nature plutôt que des horreurs qu’il a connues. Ce roman ressemble plus à un gigantesque poème, une ode à la vie, à la nature, à la paix, à l’humanisme, un roman pas comme les autres, à découvrir.

La dernière maison avant les bois de Catriona Ward (Sonatine) est aussi un roman particulier qui, dès les premières pages, va intriguer. Une jeune enfant disparait, un homme reclus dans sa maison, un chat qui parle, tout est fait pour nous désarçonner, nous intriguer. Pendant 300 pages, on se demande où l’auteure veut en venir, et les 100 dernières pages vont juste nous époustoufler. Ëtes vous prêts à tenter l’aventure ?

Le vol du boomerang de Laurent Whale (Au diable Vauvert) nous propose une course de véhicules à énergie solaire à travers l’Australie. Utilisant cette intrigue, l’auteur aborde de nombreux thèmes parmi lesquels le massacre des aborigènes, l’écologie, le harcèlement sexuel, et se pose en défenseur des grandes causes humanistes, ce qui a suffi pour emporter mon adhésion.

Je n’avais pas publié mon avis sur Respire de Niko Tackian (Calmann-Levy / Livre de Poche), et je profite de sa sortie au format poche pour rappeler cette intrigue à l’ambiance particulière d’un homme qui se retrouve sur une île après avoir avalé une pilule lui faisant oublier son passé. J’adore cet auteur même si dans ce roman, j’ai trouvé la fin un peu trop facile.

Harlem Shuffle de Colson Whitehead (Albin Michel) est annoncé comme le premier tome d’une trilogie mettant en valeur le quartier de Harlem. Nous sommes plongés dans les années 60, suivons un receleur harcelé entre sa volonté d’être honnête, de faire vivre sa famille, et une affaire dans laquelle il est entrainé par son cousin. Colson Whitehead est un conteur hors pair, et nous fait revivre le Harlem de cette époque en convoquant nos sens. On attend al suite avec grande impatience.

Le titre du chouchou du mois revient donc à Rétiaire (s) de DOA (Gallimard – Série Noire) parce que c’est grand, c’est fort, c’est violent, et c’est inlâchable. Avec ce roman construit comme un entrelacement de spirales, DOA nous offre ici un des meilleurs livres de 2023 à la rythmique infernale.

J’espère que ces avis vous auront été utiles dans vos choix de lectures. Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant, n’oubliez pas le principal, protégez-vous, protégez les autres et surtout lisez !

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Le vol du boomerang de Laurent Whale

Editeur : Au Diable Vauvert

L’Oncle Paul m’avait conseillé la trilogie des Rats de Poussière, que je n’ai toujours pas commencée. La sortie du dernier roman de Laurent Whale est l’occasion de découvrir cet auteur et son univers.

2019, Australie. De gigantesques incendies dévastent l’ouest du pays, dans les territoires réservés aux Aborigènes. Eux qui ont été décimé avec l’invasion des Blancs, sont obligés de migrer dans des camps sans confort. Jimmy Stonefire, ingénieur universitaire, veut porter la voix de son peuple lors de la Bridgestone World Solar Challenge, une course de véhicules solaires consistant à traverser l’Australie du Nord au Sud, 3300 kilomètres entre Darwin et Adélaïde.

Jimmy Stonefire a développé une technologie de batteries qui lui permet d’envisager de rouler une nuit entière sans charge, un avantage que ses concurrents ne doivent pas avoir. Il a trouvé refuge dans un hangar, à l’abri des regards, pendant que son amie Nancy essaie d’obtenir de son université une bourse permettant de payer les droits d’entrée à cette célèbre course.Jimmy peut ainsi se concentrer sur l’assemblage de sa machine, et les tests « grandeur nature ». En hommage à son peuple, il lui a donné un nom, Ngiyari, un petit lézard symbole de détermination. Lors de ses essais, il rencontre un dingo, un chien sauvage australien

A cause des incendies qui ravagent l’Australie, Andy Sweeger emmène sa famille après avoir fermé son restaurant, pour essayer de trouver un endroit sécurisé. De son côté, Tony Mulatier, chauffeur de poids lourds français accumule les heures de conduite de façon à pouvoir s’acheter son propre camion et se mettre à son compte. Ces deux personnages vont croiser la route de Jimmy.

Bien qu’il s’agisse d’un roman d’aventures, il adopte le format du thriller avec des chapitres courts ne dépassant que rarement six pages et des phrases finales lançant le suspense. Cela en fait une lecture rapide et addictive dont le personnage principal nous est présenté comme éminemment sympathique. Le traitement ressemble beaucoup à une autre vision de la lutte de David contre Goliath tout en laissant le suspense jusqu’à la fin.

La plus grande partie du roman concerne la mise au point du véhicule, qui sans entrer dans des détails techniques, en dit suffisamment pour rester cohérent (et je suis bien placer pour en parler). Le sujet permet surtout d’aborder un grand nombre de thèmes dont la façon dont sont traités les aborigènes et le mépris des Blancs vis-à-vis de ces tribus. Laurent Whale parle forcément d’écologie, de la nécessité de protéger la Terre contre le gâchis des Hommes. Il se permet aussi d’aborder succinctement le harcèlement sexuel et la mainmise des grandes industries sur les innovations révolutionnaires.

On peut reprocher à ce roman l’aspect calibré des chapitres, le fait d’utiliser les personnages secondaires comme des faire-valoir, mais on ne peut négliger la passion qui anime l’auteur autour des thèmes abordés et sa volonté de réveiller les mentalités autour de la sauvegarde de la Terre et l’importance de retrouver une démarche humaniste dans la gestion du Monde. Cette passion a emporté mon adhésion, ce message me parle.

Black flies de Shannon Burke

Editeur : Sonatine

Traducteur : Diniz Galhos

Paru en 2012 sous le titre 911, les éditions Sonatine ressortent le roman sous le titre utilisé lors de son adaptation en film réalisé par Jean-Christophe Sauvaire (Johnny Mad Dog) avec Sean Penn, Mike Tyson et Michael Pitt. Ayant adoré ce roman, j’en profite pour recycler mon avis sous ce nouveau titre, puisque c’était un coup de cœur pour moi !

Attention, coup de cœur !

Voilà un roman qui va vous secouer, et à propos duquel j’aurais pu décerner un coup de cœur … Il n’est pas passé loin, je vous l’assure, au sens où ce roman est comme une pince chauffée à blanc, qui va prendre vos tripes une à une et les torturer en bonne et due forme. Quand vous allez lire le sujet, vous allez naturellement que cela a déjà été vu ou lu. Il y a même des séries télévisées à propos de services urgentistes. Sauf qu’ici, on affaire à quelqu’un qui connait le milieu, puisqu’il a été lui-même ambulancier urgentiste.

Le but de ce roman n’est pas de faire un roman reportage, où on s’attarde comme dans des reportages « réalité » à la dure réalité des urgentistes dans les quartiers défavorisés. Ce n’est pas non plus un roman gore où on étale sur chaque page des litres en des litres d’hémoglobine, pour le plaisir de lecteurs en mal de sang coulant en rigoles. Le but de ce roman, je pense, est de s’intéresser à ces personnages dont la vocation est de sauver les gens. Et si, avant d’attaquer ce roman, je me posais vraiment la question sur ce qui peut motiver ces soldats de la vie (l’expression est de moi),  je dois dire qu’après avoir tourné la dernière page, j’ai éprouvé un sentiment de satisfaction car j’y ai trouvé les réponses que je cherchais. Et pour cela, il va vous falloir plonger dans la tête de cette équipe d’ambulanciers urgentistes en charge du quartier de Harlem.

L’histoire tient en deux lignes : au début des années 90, Oliver Cross vient de rater le concours d’entrée pour devenir médecin. Alors qu’il est sur de sa vocation, il postule à un poste d’ambulancier urgentiste, poste qu’il envisage d’occuper pendant une année en attendant le prochain concours. Il choisit même le quartier de Harlem de façon à être confronté à ce qu’on peut trouver de pire. Mais il est loin d’imaginer ce qu’il va rencontrer …

Alors, oui, on y rencontre des scènes crues, des descriptions succinctes difficiles à supporter, mais le but n’est pas de faire dans l’outrance : cela est fait de façon très directe, avec un style que l’on peut qualifier de froid, mais aussi de médical, factuel. Lors des différentes interventions, ces scènes ne font l’objet d’aucune émotion, les urgentistes se contentant de réaliser le premier diagnostic, les premiers soins avant l’arrivée de la cavalerie, que ce soient les pompiers ou les ambulanciers.

C’est bien la psychologie des ambulanciers que l’auteur nous montre, de la même façon qu’il nous peint ses scènes. Cela est fait par petites touches, par des dialogues courts, par des réactions brutales. Pour un roman américain, c’est bigrement subtil ! Je vous avouerai que le début est brutal, mais l’auteur a décidé de nous mettre la tête dans le seau rempli de merde. On y trouve des gens drogués, des victimes par balles, ou juste des personnes âgées tombées dans leur escalier ou des suicidés.

C’est dur pour ces personnages de supporter cela et chacun le fait à sa manière. TOUS les portraits sont d’une justesse incroyable. TOUS nous font vibrer à leur niveau. TOUS ont des réactions vraisemblables. Et TOUS vont vous émouvoir. Car au fur et à mesure de cette lecture, aussi dure soit-elle, on finit par les connaitre, par les apprécier, par les comprendre surtout ; et c’est là une des grandes réussites de ce roman. Ce n’est plus Oliver Cross qui nous raconte son histoire, c’est nous, lecteur, qui courons avec lui, c’est nous qui posons les perfursions, c’est nous qui faisons les diagnostics. Et quand il s’agit de prendre une décision qui peut remettre en cause une vie humaine, l’auteur nous réveille en nous assénant de belles claques dans la gueule, en nous rappelant que c’est ça la vraie vie !

Vous l’aurez compris, il faut du courage pour lire ce livre, mais on est récompensé au bout du compte. Car devant la pauvreté, devant le sort des drogués, nous finissons par ne plus les juger mais par devenir aussi analytique que ces ambulanciers doivent être pour bien faire leur travail. A la fin du bouquin, on en ressort autant horrifié que satisfait d’avoir fait son travail, et on en sort comme d’un cauchemar, soulagé d’avoir échappé à l’horreur et conscient d’avoir parcouru un grand moment de littérature.

Et même si la dernière page veut laisser une once d’espoir, je l’ai plutôt interprété comme un happy-end malheureux, comme une autoanalyse de l’auteur lui-même pour ne pas péter un plomb. Ce qui est sur, c’est que ce livre est de ceux que l’on n’oublie pas, comme on n’en lit peu dans une année. Coup de cœur !

Harlem Shuffle de Colson Whitehead

Editeur : Albin Michel

Traducteur : Charles Recoursé

Je n’ai pas encore entamé Underground Railroad que le nouveau roman de Colson Whitehead est déjà sorti. Après deux Prix Pulitzer, Harlem Shuffle est annoncé comme le premier tome d’une trilogie, dont le deuxième tome sortira aux Etats-Unis dès cet été.

Raymond Carney ne veut pas faire comme son père, un truand alcoolique et violent travaillant pour la pègre de Harlem. Il érige en règle de vie une volonté de rester honnête, et de faire vivre sa famille composée de sa femme Elisabeth et de sa fille May. A la mort de sa mère, il a été élevé par sa tante et ressent une responsabilité envers son cousin Freddy, qui cultive l’art de se retrouver dans des embrouilles à cause de ses petits larcins.

Ray Carney a acheté une petite boutique de vente de meubles, son objectif étant de développer son commerce et de proposer à sa clientèle des produits de meilleure qualité. Pour cela, il faut forcément de l’argent, et il lui arrive d’accepter des produits « tombés du camion » qui lui permettent de survivre. Pour lui, tout l’argent mis de côté doit lui permettre d’acheter un appartement plus grand pour sa famille.

Ray aurait dû refuser la proposition de Freddy de faire le receleur pour sa prochaine affaire. Surtout qu’il s’agit du casse de l’hôtel Theresa, une résidence de luxe qui compte comme clientèle toutes les stars de Harlem, mais aussi les membres de la mafia. Mais Freddie va l’entrainer bien malgré lui dans cette (més) aventure, le désignant auprès de ses comparses comme son receleur officiel.

Colson Whitehead nous présente son roman en trois parties, trois facettes d’un seul homme, trois époques mais une seule facette de Harlem, personnage à part entière de cette fresque sur l’évolution de la cause noire aux Etats-Unis. Harlem Shuffle se veut le portrait d’un quartier, et il va balayer la période allant de 1959 à 1964. Et à travers le personnage de Ray, nous allons assister à la vie de ce quartier noir, parallèle remarquablement bien fait.

Colson Whitehead arrive à nous immerger dans ce quartier exclusivement noir dans les années 60, et nous montre sa vie, ses couleurs, ses ambiances, ses bruits, par l’évocation des décors et des personnages. Si Ray est au centre de cette histoire, Harlem en ressort clairement comme son comparse, bien au-delà d’un simple faire valoir.

Ray, justement, personnage complexe, attire à lui la sympathie du lecteur. Simple père de famille dont la seule ambition est d’améliorer le quotidien de sa femme, veut développer son commerce en toute légalité ; mais en toute hypocrisie aussi quand il s’agit de revendre des équipements « tombés du camion ». Au-delà du refus de tomber dans la délinquance comme son père, il se retrouve obligé de suivre son cousin par loyauté familiale.

De 1959 à 1964, en trois parties, nous allons suivre trois facettes de Ray, la première qui concerne la présentation du personnage et de son environnement, la deuxième où Ray montre son coté sombre, pour conclure sur la troisième et la conclusion finale des deux cousins. Des petits trafics à la grande délinquance, la trajectoire de Ray va suivre celle du quartier de Harlem.

Si ce roman apparait plus comme une gigantesque fresque de Harlem, contrairement à ses deux précédents plus engagés pour la cause noire, on retrouve ici quelques remarques acerbes non dénuées d’humour cynique, tels ces pontes de la mafia qui réservent les drogues dures pour les Noirs. On trouvera aussi l’assassinat d’un jeune noir par la police, entrainant une émeute, comme quoi rien ne change, ni là-bas, ni ici. Pour tout vous dire, je piaffe d’impatience de lire la suite …

La dernière maison avant les bois de Catriona Ward

Editeur : Sonatine

Traducteur : Pierre Szczeciner

Accompagné de nombreux éloges mais aussi d’avis contraires, il semblerait que ce roman attise les avis du Net. Je le confirme, il faut se laisser mener par Catriona Ward pour atteindre, cent pages avant la fin, le dénouement et le Nirvana Littéraire.

Ted habite en solitaire une petite maison au fond de Needless Street. Onze années auparavant, une fillette de six ans, surnommée la petite fille à la glace au sirop a disparu proche du lac. La police a interrogé tous les habitants alentour, suivie par les journalistes. Ted fut le seul à être pris en photo, contre son opinion, et fut donc le seul à apparaitre à la Une des journaux. Les gens lui ont jeté des pierres, cassant ses fenêtres, alors il a décidé de cloitrer sa maison avec de grandes planches en bois.

Ce matin-là, sinistre anniversaire de la disparition de la fillette, Ted trouve des oiseaux collés sur le rebord de l’abreuvoir. Quelqu’un a dû apposer de la glu pour les tuer. Tout le monde sait qu’il aime les oiseaux ; les gens ont voulu l’atteindre par l’intermédiaire des oiseaux. Il ne peut rien faire pour les sauver. Par un trou percé dans une planche, il voit la dame au chihuahua ; il est sûr qu’elle le surveille. Il préfère jouer avec sa fille Lauren.

Olivia, son chat, saute sur ses genoux pour avoir son lot de caresses. Olivia confie ses pensées, en léchant sa patte qui lui fait mal. Pour elle, tous les hommes sont des teds. Elle se rappelle comment Ted l’a sauvée en la trouvant dans un fossé. Depuis, elle habite dans un congélateur où Ted a percé des trous pour respirer. Elle regarde dehors en espérant voir un chat passer dans la rue.

Onze ans auparavant, Dee passait de belles vacances au bord du lac avec ses parents et sa jeune sœur Lulu. Jeune adolescente, ça l’énervait d’être suivie par Lulu ; elle aurait préféré rencontrer des garçons ! Alors qu’elle doit aller aux toilettes, elle en oublie sa sœur. En sortant, il faut bien se rendre à l’évidence qu’elle a disparu. Depuis ce jour-là, Dee cherche sa sœur, jusqu’à venir louer une maison dans Needless Street.

Ma foi, je pense que ce roman est et restera le roman le plus étrange que j’aurais lu cette année. Dès le début, on a droit à des fautes de conjugaison avant que Ted explique qu’il a toujours eu du mal avec les verbes. Quand il explique la mésentente qu’il subit, le harcèlement des voisins, il en devient poignant, puis on trouve des éléments perturbants qui ne « collent » pas avec ce qu’il disait.

Le principe est expliqué dans ces premiers chapitres : tout ce que vous croyez lire, ce que vous croyez voir n’est que le prisme de votre interprétation. Car après Ted, Olivia, un chat qui parle, va nous expliquer sa vie, et sa vision de son environnement. Puis entrent en jeu Dee la seule personne saine et Lauren qui nous décrit ses peurs.

La construction, basée sur celle d’un roman choral, fait tout pour nous déstabiliser. La trame est plus ou moins linéaire, avec quelques retours sur le passé, mais les faits décrits ne nous aident pas à comprendre où l’auteure veut en venir. Je me suis demandé si je devais continuer ou arrêter ma lecture, mais j’ai persévéré car je ne pouvais pas comprendre que des blogueurs que je suis (dont Yvan) aient encensé ce roman s’il ne présentait pas un quelconque intérêt.

Il faudra arriver aux cent dernières pages (sur quatre cents) pour avoir un gigantesque chamboulement qui va faire voler en éclat tout ce que nous avions cru comprendre de cette situation. Et du coup, comme dirait mon fils, nos croyances vont exploser ; ce que j’avais pris pour des longueurs se révèlent justifiées par les indices parsemés de-ci de-là. Et la postface de l’auteure nous éclaire à la fois sur ce qu’elle a voulu montrer et sur ce qu’elle a voulu construire. Alors, vous voilà prévenus, si vous voulez un roman surprenant, extraordinaire et que vous êtes patients, La dernière maison avant les bois est fait pour vous. Je peux juste ajouter que la fin en vaut le coup !

Duel à Beyrouth de Mishka Ben-David

Editeur : Nouveau Monde

Traducteur : Eric Moreau

Une fois n’est pas coutume, nous allons nous pencher sur un roman d’espionnage, qui plus est situé à Beyrouth. J’en lis peu mais la référence à John Le Carré sur la quatrième de couverture a fini de me décider.

Gadi revient à Beyrouth, au cœur de Dahieh Janoubyé, dans le fief du Hezbollah. Cela fait déjà un an qu’en tant que chef d’unité, il était venu repérer Abou Khaled, en vue d’une opération d’élimination. Abou Khaled avait commandité un nouvel attentat sanglant et la décision a été prise de l’éliminer. Accompagné de son équipe, Gadi avait chargé Ronen de réaliser cette tâche. Tout était prévu, du transport jusqu’à l’assassinat en passant par l’extraction. Sauf qu’au moment de tirer, Ronen n’avait pas pressé la détente et deux hommes ont été blessés lors de la fusillade qui a suivi.

Il aura donc fallu une année pour que la commission d’enquête donne ses conclusions. Gadi s’en sort, non s’en être désigné responsable et Ronen est écarté de toute mission opérationnelle. Ce dernier ressent une bouffée d’amertume, en même temps qu’une forte injustice. Dans le groupe, tous pensent Ronen coupable. Malgré le fait qu’il reconnaisse Gadi comme son mentor, contre l’avis de sa femme Naamah, l’ancienne petite amie de gadi, Ronen décide de retourner à Beyrouth réaliser sa mission envers et contre tous. Gadi se sentant responsable, va suivre ses traces pour l’empêcher de faire une nouvelle erreur.

Ce roman ne cache pas sa volonté de construire un roman d’espionnage costaud. L’auteur, ancien du Mossad, met beaucoup d’application, à la fois dans la réalisation d’une mission mais aussi dans la hiérarchie et les arcanes de décision. Il met un soin tout particulier pour décrire à la fois les réactions des personnages mais aussi leur motivation, en insistant sur l’extrême méticulosité dans la préparation, l’interdiction de toute improvisation, et le respect et l’obéissance qui y règne.

Plus on monte dans la hiérarchie, plus les décisions se font au plus haut sommet de l’état, et personne ne doit aller contre la voix suprême. On y voit aussi les communications faites officiellement à la presse et aux journalistes, des versions édulcorées de la réalité. Tout ceci donne un ton de vérité, de réalité dans cette intrigue dont le suspense va surtout résider dans la réussite de Gadi à arrêter Ronen.

Enfin, on y trouve une belle relation, presque filiale, entre les deux hommes. Qui va l’emporter entre la mentor Gadi et ce qu’il faut bien considérer comme un fils naturel ? On aura droit à plusieurs rencontres, mâtinées de suspense avec des scènes d’action fort réussies pour aboutir à une conclusion que j’ai trouvée sans surprise. Pour toute cette application que l’auteur a mise dans ses descriptions et sa construction des personnages, Mishka Ben-David ravira les fans de John Le Carré dont il ne cache pas sa filiation.

Pourquoi tu pleures ? d’Amélie Antoine

Editeur : Le Muscadier

Après L’insurrection impériale de Christophe Léon, Pourquoi tu pleures ? d’Amélie Antoine est le deuxième roman publié dans la nouvelle collection de romans noirs du Muscadier. C’est pour moi la découverte de cette auteure prolifique.

Depuis quatre mois que sa fille Zélie est née, Lilas Colombel n’a pas connu une seule nuit complète. Ce matin-là, elle s’aperçoit que la maison est silencieuse, et la place à côté d’elle est vide. Où est Maxime, son mari ? Le réveil affiche 2H17. Elle se rappelle que la veille, Maxime devait aller à la pendaison de la crémaillère d’un collègue, Nicolas, et avait proposé d’emmener Zélie pour qu’elle puisse se reposer. Elle se rappelle qu’il avait apporté des fleurs pour son anniversaire et depuis, rien …

Lilas envoie des SMS, appelle Maxime, laisse des messages en l’absence de réponses. Vers 8h00, elle doit se rendre à l’évidence, son mari a disparu avec sa fille. Elle doit se résoudre à appeler la police. Après moultes insistances, ils trouvent les coordonnées de Nicolas qui leur annonce que Maxime ne s’est pas rendu à leur fête.

La policière Myriam Solokoff rend visite à Lilas. Elle lui annonce que Maxime a disparu et lui demande de vérifier si des affaires ont disparu de la maison. Lilas vérifie et constate que des affaires ne sont plus dans les armoires. Lilas se retrouve sans soutien : quand elle appelle sa mère, celle-ci, comme à son habitude, rejette la faute sur Lilas, car elle ne sait pas s’occuper ni de son bébé ni de son mari. Un long calvaire commence.

Bien que l’on se retrouve devant une histoire maintes fois racontée, Amélie Antoine choisit Lilas en tant que narratrice pour détailler le drame qu’elle subit et pour mieux nous réserver des rebondissements inattendus. La narration se situe ainsi à deux niveaux : le déroulement de ses journées après la disparition de son mari et de sa fille, et des lettres qu’elle écrit à son père, pourtant disparu plusieurs années auparavant.

Petit à petit va se lever le voile sur la vie de Lilas, ses traumatismes dans sa vie familiale, avec une mère autoritaire, rabaissant sans cesse sa cadette de trois enfants, avec son frère et sa sœur qui ont pris leur distance, avec son père toujours bienveillant mais subissant la loi de la mère, figure toute puissante. Puis Lilas va raconter la rencontre avec Maxime, ces moments de tendresse et la libération quand il lui a proposé une vie commune.

Lilas s’est toujours considérée comme la dernière roue du carrosse, s’est discréditée vis-à-vis des autres. Elle a entendu les autres se demander ce que Maxime lui trouvait. Et pourtant, ils ont vécu un rêve jusqu’à l’arrivée de Zélie qui, dès sa naissance, pleurait sans cesse. La fatigue, la pression, l’impression d’être délaissée ont engendré une fatigue insurmontable.

Même si un énorme rebondissement intervient au tiers du roman, l’auteure va nous réserver de belles surprises par la suite, en conservant le seul point de vue de Lilas. En cela, ce roman est un bel exemple de narration subjective, qui permet de se laisser mener par une seule vision des événements. Et même si toutes les motivations ne sont pas explicitées (ce qui est un point fort pour moi), la psychologie des personnages et la façon dont est racontée cette histoire se révèlent passionnantes.

Rétiaire (s) de DOA

Editeur : Gallimard – Série Noire

Sorti en tout début d’année, ce roman que j’attendais avec grande impatience a enfin vu le jour. Initialement prévu pour être une série télévisée (pour France Télévisions pour ne pas les nommer), il en reprend les personnages et la trame mais il s’agit bien d’un roman, en forme de déflagration, tant ça décoiffe !

Alors que sa femme et sa fille ont été tuées par des trafiquants de drogue, Théo Lasbleiz de la brigade des stupéfiants se rend armé au sous-sol du 36 du rue du Bastion. Il se précipite sur Nourredine Hadjaj, l’interpelle, dégaine son arme et lui tire une balle dans la tête. Amélie Vasseur, bras droit de Théo n’a pas récupéré sa place, mais elle va leur montrer ce qu’une femme peut faire.

Lors de son élection à la tête de la Bolivie, Juan Evo Morales Ayma a supprimé le titre de république avant de faciliter la production et le commerce de la coca dont il est un cultivateur. Augmentant les surfaces cultivables, il autorise aussi le Pérou à transiter sa marchandise par son pays. La communauté croate a vite profité de cette plateforme et Ibro Kuzmic, petit fils des premiers immigrants veut élargir son panel de clients en Europe via l’Argentine, en envoyant fin 2020 plusieurs tonnes de cocaïne.

Léonard Serdachuk a commencé à franciser son nom quand il a immigré d’Ukraine, avant de monter une affaire de ferrailleur. Momo son petit fils a hérité du courage et de l’intelligence de son grand-père et développé son empire dans des domaines moins légaux, en particulier de shit. Pour avoir été surpris en revenant de la Costa Del Sol alors qu’il avait interdiction de quitter le territoire, il s’est fait arrêter. Il se retrouve voisin de Théo.

Ce maigre résumé peut paraitre bien pauvre par rapport à tout ce que nous raconte DOA dans les cinquante premières pages de son roman. Dès le départ, on se retrouve dans une histoire complexe avec de nombreux personnages, divers itinéraires et tout l’historique des différentes parties qui vont prendre part à ces intrigues.

Contrairement à beaucoup de ses confrères, DOA commence son roman comme un feu d’artifice, nous détaillant le contexte comme on le ferait d’un reportage. Il n’est pas étonnant d’ailleurs de lire en fin de roman la genèse de ce livre, d’abord conçu comme une série pour finir par 420 pages jubilatoires. Jamais je n’aurais lu un roman aussi proche de la réalité, avec une volonté de dire les choses comme elles sont, aussi proche qu’un The Wire.

Jamais DOA ne se montre pédant, il applique son style, parfaitement clair et descriptif, passant à des phrases hachées pour mieux rendre l’ambiance, le stress ; jamais démonstratif quand il aborde la psychologie des personnages. La lecture en devient passionnante mais surtout jouissive avec des scènes extraordinaires, impressionnantes, inoubliables.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agit pas de course-poursuite, ni d’un jeu d’échecs, mais plutôt d’un jeu de cache-cache où chacun avance ses pions sans se montrer vis-à-vis des autres. La construction basée sur des spirales entrelacées et la force des personnages féminins apportent un intérêt supplémentaire, surtout quand il détaille sans vraiment les dévoiler les stratégies pour la conquête du pouvoir et de l’argent.

C’est grand, c’est fort, c’est violent, et c’est inlâchable. De la trajectoire (inattendue pour certains, il faut bien le dire) des protagonistes, DOA nous montre aussi le gigantisme de la pieuvre, de ces organisations du trafic de drogue qui sont tellement implantées partout et à tous niveaux qu’elles sont impossibles à combattre. Avec Rétiaire (s) (et quel titre !), DOA nous offre ici un des meilleurs livres de 2023 ; et l’année ne fait que commencer !

Respire de Niko Tackian

Editeur : Calmann-Levy (Grand Format) ; Livre de Poche (Format Poche)

Niko Tackian est un auteur que j’affectionne particulièrement, pour la qualité de ses scénarii et son talent à nous plonger dans des intrigues prenantes. Ce nouveau roman est un roman orphelin, qui mélange les genres entre polar et fantastique.

Désirant tourner le dos à sa précédente vie d’auteur de romans, après avoir connu de cuisants échecs après le succès de son premier opus, Yohan a pris contact avec Blue Skye. Cette société lui propose moyennant finances de gommer sa vie antérieure et de s’exiler sur une île, et de tout démarrer. Il avale donc la pilule noire qu’on lui fournit, s’évanouit et se retrouve donc dans une chambre d’hôpital, 48 heures plus tard.

Yohan découvre son nouveau nom Achab, et son nouveau métier, détective ; Achab comme le nom du capitaine du roman de Melville « Moby Dick. », dont il trouve un exemplaire dans son bureau. La maison dans laquelle il se réveille est fonctionnelle, rangée et la cuisine pleine de vivres. Le docteur Temple lui souhaite la bienvenue dans un monde où chacun a un nouveau nom.

Rapidement, Flint lui présente l’île, et son rôle sur l’île, épicier. Cette île est ravitaillée toutes les semaines, mais on n’y trouve aucun port. De même, en tant que détective, il n’a aucun mystère à résoudre, si ce n’est de découvrir ce paysage paradisiaque, qui présente des faces cachées. Son esprit curieux va le pousser à en savoir plus. Bientôt, il apprend que son prédécesseur s’est suicidé.

Le savoir-faire de Niko Tackian n’est plus à démontrer, quand il s’agit de dérouler une intrigue mystérieuse. Prenant comme point de départ un exil, il nous concocte un huis-clos en introduisant petit à petit les questions que Yohan se pose. Et nous, en tant que lecteurs, nous ne pouvons que le suivre dans sa recherche, d’autant plus que les habitants laissent planer des doutes qui sèment des troubles dans ce paysage.

Bien que le rythme soit lent, on ne peut qu’être attrapé par ces descriptions, ces rencontres, et ces questionnements. En tant qu’auteur de thrillers, il termine chaque chapitre sur un suspens qui vous oblige à continuer la lecture. Psychologiquement, c’est bien fait, c’est prenant, mais il faut dire que l’on a affaire avec un auteur qui maitrise son sujet et sait passionner son lectorat.

Ce roman m’inspire deux ou trois réflexions. La première est qu’il a été écrit pendant le confinement et que le thème de l’enfermement et de l’isolement ressort très nettement de cette intrigue. La deuxième vient de l’insertion dans l’intrigue d’un aspect surnaturel, fantastique (un mur invisible) qui n’était pas forcément nécessaire pour l’histoire. Enfin, la fin m’a laissé dubitatif. Sans critiquer l’imagination de Niko Tackian, cette conclusion donne l’impression que l’auteur ne savait pas comment mettre le pont final à son roman. Il faudra d’ailleurs que je lui demande quand je le verrai dans un salon, pour savoir s’il avait prévu cette fin dès qu’il a commencé son écriture.

Le livre de l’Una de Faruk Šehić

Editeur : Agullo

Traducteur :

Sur Facebook, Sébastien Wespiser avait annoncé son énorme coup de cœur pour ce roman qu’il a publié en annonçant être persuadé de son échec commercial. Je l’ai donc acheté et lu, dévoré, et j’en parle.

Un vétéran de la guerre ayant combattu dans l’armée de Bosnie-Herzégovine se réveille dans une ville inconnue et calme, loin du tumulte des combats. Il perd ses repères dans ce monde, dans son présent, dans son passé. Alors qu’il déambule à proximité d’une fête foraine, il rencontre un fakir qui lui propose une séance d’hypnose. Comme s’il se retrouvait séparé de son corps, il plonge dans son passé.

Il se rappelle son enfance, sur les bords de l’Una, une rivière de Croatie, à l’ouest de la Bosnie. Il se rappelle la nature calme, accueillante, la flore cotonneuse, la faune passionnante, et le bruit apaisant de l’eau qui s’écoule. Il se rappelle la maison de sa grand-mère, en bordure de l’Una, et cette aura magique qu’il a conservée dans ses souvenirs. Il se rappelle tout ce qu’elle lui a appris, tout ce que la nature lui a apporté.

Et puis, vers la fin du roman, bien qu’il s’en défende, il aborde la guerre, dans ce qu’elle a de plus cruel, de plus violent, de plus horrible. Il doute même qu’il y ait participé, il pense qu’il s’agit de Gargan, son autre moi, son double maléfique, son ennemi, celui qui a perpétré tant de meurtres, pour se défendre certes, mais ces actes restent des horreurs, qui font tant de bruit dans sa tête.

Pour paraphraser certains collègues qui parlent de romans « différents », ce roman se mérite, nécessite qu’on lui consacre un peu de temps pour bien profiter de l’ambiance qu’il évoque. Le premier chapitre à cet égard brouille les pistes et nous montre un narrateur perdu dans le brouillard ne sachant ni où il est ni qui il est. Jusqu’à ce qu’il rencontre cette roulotte et ce fakir étrangement pénétrant.

L’auteur étant avant tout un poète, ce roman s’approche plus d’une poésie en prose que d’un roman introspectif. Le narrateur va immédiatement revenir dans un environnement lui apportant calme et réconfort. Il va nous décrire la faune et la flore qu’il a examinées et appris en utilisant des images d’une beauté rare. Les passages nous narrant sa vie avec sa grand-mère jouent la carte de la tendresse et de l’humour, voire le fantastique quand la maison est emmenée par les eaux de la crue.

Puis arrive l’horreur, même s’il recule sans arrêt le moment de l’aborder. Et pourtant, la guerre déboule et un jeune homme comme lui, élevé dans la douceur de la nature. Même l’Una, si pure, immaculée, va être touchée et le narrateur profondément choqué dans ses valeurs. Obligé de subir des horreurs, d’en commettre aussi, il va nous livrer ses fractures et l’impact sur sa vie.

Opposant la Nature à l’Humanité, la Vie à la Mort, ce roman joue sur toutes les partitions, entre poésie et philosophie, entre roman sur la nature et roman de guerre. Ce roman regorge de passage d’une beauté irrésistible, atteignant des sommets que l’on accoste rarement, même si certains passages sont difficilement appréhendables et nécessitent une lecture plus attentive. Assurément, ce roman de Faruk Šehić est un roman à part à apprécier au calme.